Guinée: Bah Oury, le premier ministre du« glissement » de la transition. 

Les déclarations de l’actuel Premier ministre Amadou Oury Bah sur le glissement de la transition politique enclenchée en septembre 2021 après le coup d’État militaire contre Alpha Condé sont sans ambiguïtés. 

Depuis sa nomination au poste de Premier ministre il y a de cela quelques semaines, Bah Oury ne cesse de multiplier ses sorties médiatiques pour faire comprendre aux guinéens que la tenue des élections présidentielles prévues en cette fin d’année n’est pas possible.

Il s’est exprimé cette semaine de façon tranchante sur la chaîne de télévision française (TV5 ) en ses termes:“le calendrier pour le retour à l’ordre constitutionnel, tel qu’il a été défini ne le sera pas, il était prévu la fin de la transition à la fin de cette année. Mais à la fin de cette année, ce qui pourrait être organisé, ce sera le référendum constitutionnel”. 

Et lorsqu’on analyse cette déclaration du Premier ministre Bah Oury, on se rend compte que même la tenue du référendum constitutionnel n’est pas une chose sûre à la fin de cette année. Car l’organisation du référendum constitutionnel est bel et bien mise au conditionnel par le premier ministre du  « glissement».

Et le conditionnel est principalement utilisé entre autres pour exprimer une hypothèse, un souhait, une condition. 

On voit donc que l’organisation du référendum constitutionnel n’est qu’un souhait conditionné et très loin d’être une évidence. 

De l’autre côté, le premier ministre aux ordres de la junte joue la montre et la stratégie du pourrissement, dans l’espoir de maintenir le pays dans une transition politique trompe l’œil et sans fin. 

Tous les éléments semblent réunis pour mener au retour de la violence et des conflits.

Vu l’insistance de l’actuel premier ministre et la multiplication de ses sorties sur le non-respect du programme des élections générales d’ici la fin de cette année, on comprend que Bah Oury a été nommé pour jouer ce rôle de porte-voix de l’enterrement de l’alternance démocratique en Guinée. 

Il a donc accepté son poste de Premier ministre dans le but de jouer ce rôle qu’il assume sans gêne. 

Bah Oury ancien politique et droit-de-l’hommiste s’est accommodé, adapté et à fait le choix de se mouvoir au milieu des médiocres et sous-dictateurs de la République. 

Donc il lui faut tâtonner aussi. Car on vit dans un État inachevé, néopatrimonialiste où ce ne sont que les entrepreneurs politiques, les acteurs politiques qui vivent dans le faux-semblant, des imposteurs et serials-menteurs qui ont la voix au chapitre. 

À cause de ses intérêts égoïstes et égotiques, Bah Oury décide que la vie du Guinéen peut donc continuer à être consubstantielle à l’indignité, à la misère, à l’immobilisme.

Le nouveau clan factionnel, népotiste, corrompu, autoritaire auquel appartient Bah Oury déteste la cohérence, la transparence, la rigueur, la droiture. C’est un clan qui préfère systématiquement le bricolage, l’amateurisme, l’improvisation, le hasard, le contournement des lois.

Alors la transition politique en cours peut bien tourner à l’aigre. 

On ne parlera plus de retour à l’ordre constitutionnel

Tout indique que le premier ministre et son chef Mamady Doumbouya vont multiplier les mesures dilatoires, puisqu’ils ont opté pour la stratégie du pourrissement en vue de se maintenir le plus longtemps possible au pouvoir. 

A cette allure, le coup d’État militaire du 05 septembre 2021 qui avait toutes les chances d’être salvateur tend vers un « glissement » c’est-à-dire vers un enterrement de la transition politique avec un risque élevé de déboucher sur la confrontation et les blocages politiques. 

Tous les éléments semblent réunis pour mener au retour de la violence et des conflits politiques. 

Les indicateurs économiques et sociaux se dégradent au même rythme que l’exaspération du peuple liée au manque d’électricité, d’eau, aux incendies, à la cherté de la vie, à la misère, à la course à l’enrichissement illicite des membres du gouvernement et des militaires. 

Dans un tel contexte, l’avenir de la Guinée semble bien sombre. 

Les mesures dilatoires auxquelles se prêtent le premier ministre Bah Oury et la junte militaire guinéenne prouvent qu’ils n’ont nullement l’intention que le retour à l’ordre constitutionnel aboutisse. Un retour à l’ordre constitutionnel qui leur permettrait pourtant d’entrer dans l’histoire du pays en tant que premier président putschiste à avoir accepté l’alternance démocratique. 

Désormais, il en résulte que le « glissement » voulu par Mamady Doumbouya, pion de la françafrique porté par l’actuel premier ministre Amadou Oury Bah, devenu porte-voix du pourrissement en vue, a toutes les chances d’aboutir non pas à l’alternance démocratique, mais à la confrontation.

Et le coup d’Etat de septembre 2021 a plongé la Guinée dans l’instabilité, dans l’incertitude . 

Malgré un bilan jusqu’ici décevant, les autorités de la transition guinéenne ne veulent pas concrétiser l’aspiration au changement et organiser des élections générales transparentes en 2024

Aissatou Cherif Balde

Un commentaire

  1. À l’instant où cette junte à consommer 1 an avant de nous livrer un chronogramme j’avais sans doute cru qu’elle ne tiendra pas leur parole pour un retour à l’ordre constitutionnel en janvier 2025.
    Ce PM n’est qu’un porte parole de ce légionnaire françafricain dilapider les ressources du pays à Paris et à Pékin avec ce système néopaternaliste qui s’exerce à la classe dirigeante et la dans la société guinéenne pour s’accrocher.

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