Après une visite rendue au tout nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, Paul Kagame a déposé ses valises à Conakry, en République de Guinée, ce lundi 13 mai 2024.
Le président rwandais rend ainsi visite pour la deuxième fois à son homologue guinéen, Mamadi Doumbouya, président de la transition guinéenne depuis bientôt trois ans.
Quelques mois auparavant, notamment au mois de janvier 2024 ce fut au tour du chef de la junte militaire guinéenne d’effectuer une visite à son homologue rwandais.
Le Chef de la junte militaire guinéenne y était présent entre autres pour inaugurer une nouvelle ambassade guinéenne à Kigali, signe supplémentaire du renforcement des relations diplomatiques avec le Rwanda.
Cette deuxième visite du très controversé président rwandais à cause de sa politique de déstabilisation du Congo voisin, est elle un signe de rapprochement entre les deux pays ?
Il faut noter que rien que sur la dernière année écoulée, les deux hommes se sont vus deux fois.
Et Paul Kagamé fut d’ailleurs lors de sa toute première visite à l’ancien légionnaire français Mamadi Doumbouya, le premier chef d’État a y poser pieds, après le coup d’état militaire perpétré le 05 septembre 2024 par Mamadi Doumbouya contre son bienfaiteur Alpha Condé qui entretenait aussi de très bonnes relations avec Kagamé.
Lors de cette première visite du président rwandais, Doumbouya avait décidé que l’ouvrage de franchissement situé à Kagbelen, quartier périphérique de Conakry, inauguré en sa présence allait porter le nom Paul Kagamé.
Kagame-Doumbouya: un rapprochement dangereux pour la transition politique en Guinée.
Tout porte à croire que cette deuxième visite du président rwandais à Conakry illustre un rapprochement entre les deux hommes, même si pour l’heure des zones d’ombres demeurent quant à la véritable nature de ce rapprochement.
Cependant, compte tenu de la multiplication des sorties de l’actuel premier ministre, Amadou Oury Bah sur un éventuel glissement de la transition politique. Et manifestant ainsi une volonté politique de la junte militaire et du gouvernement de transition de ne pas faciliter le retour à l’ordre constitutionnel de façon apaisante, ce rapprochement peut se révéler dangereux pour la transition politique guinéenne.
Car Paul Kagame est peu regardant sur ce que la démocratie veut dire. Et il est parvenu en plus de deux décennies à tripatouiller la Constitution, à user des manœuvres antidémocratiques pour diriger le Rwanda d’une main de fer.
S’il a pu stabiliser son pays après le génocide de 1994, redresser son économie malgré l’absence de matières premières. Il est aujourd’hui considéré par les autorités congolaises et beaucoup de d’opinion publique africaine, avec son implication dans le conflit armé à l’Est du Congo-Kinshasa, comme un déstabilisateur, un seigneur de guerre qui met tout en œuvre pour déstabiliser ce pays voisin.
En bon seigneur de guerre en République Démocratique du Congo, il ne veut pas que les armes se taisent dans ce pays immensément riche et grand.
Car la stabilité économique de son pays révèle aussi de sa mainmise sur les ressources minières congolaises qu’il exploite sans scrupules.
Face à ce rapprochement, il y a vraiment lieu de s’inquiéter, pour l’avenir de la démocratie en Guinée.
Car Paul Kagame est plus que jamais opposé à l’Afrique des libertés, il est antidémocratique et autoritaire.
Par conséquent, il ne peut plus faire preuve d’exemplarité en Afrique.
Et Mamadi Doumbouya veut sans doute suivre ses pas, dont le régime est devenu de plus en plus insupportable et irrespirable pour le peuple de Guinée avec des incendies tous azimuts, dont ils sont incapables de déterminer les causes, transformant le pays en une sorte de brasier.
Plus inquiétant encore est le fait que Mamadi Doumbouya, à l’image de Paul Kagame, soit atteint de la mégalomanie et de la maladie du pouvoir.
En effet, « La mégalomanie est la surestimation de ses capacités, elle se traduit par un désir immodéré de puissance et un amour exclusif de soi. En psychologie, la mégalomanie est classée dans la famille des psychoses délirantes chroniques. On la nomme couramment folie des grandeurs ou délire des grandeurs ».
Mais une chose est certaine, le contexte sociopolitique des deux pays reste très différent.
Mieux compte tenu du passé douloureux du Rwanda et des performances économiques réalisées par Paul Kagamé, il continue de bénéficier du soutien sans faille de la communauté internationale.
Il serait donc difficile, voire impossible pour l’ancien légionnaire français Mamadi Doumbouya de s’inspirer du cas rwandais pour faire de la transition politique en cours, lettre morte.
Car le Rwanda et la Guinée sont opposés comme le jour et la nuit.
Et Mamadi Doumbouya contrairement à Paul Kagamé n’a pas la carrure d’un homme d’État, c’est plutôt un «populiste, un démagogue, un ethno-facho outrancier», qui fait fi des principes démocratiques pour jouer l’opinion les uns contre les autres.
N’est pas Kagamé qui veut !
Aïssatou Chérif Baldé