La Guinée ne peut pas avoir que cinq Oustazs!

Nous assistons depuis quelques jours à une polémique autour du terme «Oustaz» sur les réseaux sociaux en Guinée. 

Et nous avons jugé nécessaire d’aller faire des recherches sur ce terme employé tous azimuts en Guinée et surtout dans le milieu des wahabites et salafistes en Guinée. 

Les origines du terme  «Oustaz». 

Selon nos recherches «le terme Oustaz  « Ustād (persan استاد,-ustād, également arabe أُستاذ, DMG ustāḏ ‘maître; pluriel اساتيد,- asātīd ou اساتيذ,-asātīḏ) » utilisé aujourd’hui dans beaucoup de pays musulmans provient de la langue perse qui signifie maître d’école»

En Iran ce terme était utilisé à titre honorifique pour désigner une personne habile dans son métier. 

Au fil des années, le terme a été exporté dans de nombreux autres pays et est utilisé dans plusieurs langues orientales,  « comme l’hindi (Devangari : उस्ताद / ustād), le bengali (ওস্তাদ / ostād), l’indonésien (ustadz) et le turc (usta)»

Mais il faut noter que dans plusieurs pays où sont parlées les langues indo-persane, ce titre honore des personnes ayant en leur compte des décennies d’expérience dans leur métier artistique c’est-à-dire avec au moins 30 ans d’expériences. 

C’est un terme qui désigne des grands maîtres artistiques, habiles dans leur métier, des enseignants ou des artisans. 

Et en Indonésie, il est surtout utilisé pour désigner les professeurs de religion islamique, c’est-à-dire ceux qui ont étudié les sciences islamiques. 

En Turquie, ce terme est employé par certains pour désigner des chefs religieux. Et en Égypte comme en Iran, le terme Ustāḏ/Ostād est employé pour désigner un professeur d’université. 

Et dans le reste du Maghreb, ce terme désigne un enseignant ordinaire. 

Aussi dans le langage courant arabe et persan moderne, le terme est également utilisé comme formule de politesse pour les personnes instruites.

Le terme est employé dans plusieurs sociétés de façon diverse et variée. 

Une question d’interprétation du terme Oustaz

Partant donc de là, on ne peut pas prétendre que la Guinée n’a que cinq oustazs et qu’aucun halpoular ne figure parmi ces cinq personnes. 

Car les halpoulars utilisent depuis toujours le terme  « Karamoko » pour désigner les enseignants ordinaires, les maîtres coraniques. Ils utilisent le terme «Thierno » pour désigner les grands maîtres du savoir et les  « Waaliyu » pour désigner les savants. 

Nous manquons peut-être de docteur, de professeur agrégés en sciences islamiques, une filière que l’on peut étudier d’ailleurs dans beaucoup d’universités de ce monde, sans doute par manque d’intérêt. Mais nous manquons dans toutes les filières enseignées dans nos universités en Guinée des professeurs agrégés et des docteurs. 

La question de doctorat et agrégation est une question de volonté politique, de programmation politique, gouvernementale d’un État. 

Mieux, comment un État incapable de construire des écoles, d’offrir l’eau l’électricité à ses citoyens peut offrir des places de doctorat et d’agrégation à ces citoyens ? 

Nous ne manquons pas donc d’« Oustaz» en Guinée et au Fouta Djallon. Tout est une question d’interprétation et de compréhension du terme Oustaz. 

Et nous ne manquons pas non plus des diplômés en filière Sciences Religieuses Musulmanes dont les cours portent en principe sur les bases premières sur l’Islam et sa pratique, sur des ouvrages de grands savants, des cours sur le Coran, la croyance musulmane, les hadiths, le droit musulman.. 

Car beaucoup de jeunes guinéens de surcroît des halpoulars partent après l’obtention du Bac dans les écoles franco-arabes étudier les sciences islamiques au Maroc, en Égypte, en Malaisie etc… 

Ceci dit, apprenons à mettre les choses dans leur contexte même si nous sommes sous l’emprise des réseaux sociaux. 

La Guinée a toujours eu des grands hommes et femmes qui ont la maîtrise de l’enseignement islamique. 

Et Elhadj Badrou Bah, premier imam de la mosquée de Labé peut-être cité à titre d’exemple. 

Pour le reste, il revient à l’État guinéen, aux parents de comprendre que l’éducation, le savoir sont des puissants facteurs de changement, de développement.

Et que l’ Éducation est essentielle à la réalisation de chacun des objectifs de développement.

Nous obtiendrons sans doute des docteurs dans toutes les filières. 

Aïssatou Chérif Baldé 

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