Guinée: Réajustement du gouvernement de transition ou le triomphe du changement dans la continuité. 

« Le changement dans la continuité signifie demander à un chauffeur de bus de conduire tout droit sans tourner à gauche ».

La liste de la nouvelle équipe gouvernementale rendue publique ce soir n’est rien d’autre qu’un changement dans la continuité. 

Après la nomination de Amadou Oury Bah au poste de Premier ministre il y a de cela quelques semaines, les membres de son équipe gouvernementale composée de 28 ministres ont été dévoilés au public guinéen aujourd’hui via un décret signé par le chef de la junte militaire guinéenne Mamadi Doumbouya. 

Les rumeurs et supputations qui faisaient état de la reconduite d’une grande majorité de l’ancienne équipe gouvernementale se sont confirmées. 

Car à la surprise générale de ceux qui ont naïvement cru à la volonté de la junte militaire d’offrir au peuple de Guinée, une nouvelle équipe capable de répondre aux attentes du peuple, de stabiliser le pays et de le préparer pour le retour rapide du pouvoir des civils avec des institutions fortes et indépendantes sont restés sur leur faim. 

Le CNRD a travers cette nouvelle équipe gouvernementale a plutôt opté pour le changement dans la continuité. 

La junte militaire guinéenne a tout simplement reconduit la plupart des ministres sortants, influents mais surtout corrompus, médiocres, népotistes, ethnicistes et affairistes tels que: Sidiki Camara, Bachir Diallo, Mori Condé, Morissanda Kouyaté. Des ministres qui sont incontestablement des personnalités clivantes, qui ne peuvent pas travailler à fédérer les opinions dans le pays. 

La nomination d’un nouveau Premier ministre, chef du gouvernement de transition n’a été que du  dilatoire, de la distraction. 

Pire,  la voix du premier ministre Amadou Oury Bah ne pèse vraiment pas. 

Nous faisons face à un réajustement sans débauchage et ni grande surprise des putschistes qui ne cherchent plus à inscrire leur volonté de changement dans une logique de continuité et de stabilité. 

La junte militaire guinéenne a perdu les repères, elle n’a ni l’audace ni le courage  de se ressourcer du discours du 5 septembre 2021, car tout n’était qu’un faux-semblant. 

Au centre de ce jeu sinistre se trouve Mamadi Doumbouya, soutenu par la communauté internationale, ce prétendu libérateur, porteur d’espoir qui a trahi son discours du 5 septembre 21. 

Et l’ancien légionnaire français et son clan imposent des vérités dogmatiques, la pensée unique, la dictature dissimulée du prêt-à-penser aux guinéens et  encourage ainsi tous les médiocres, imposteurs de la République à porter le costume d’agents opportunistes d’une nouvelle caste de jouisseurs.  

Ce réajustement demeure sans surprise le triomphe du camp de la médiocrité, du clanisme, de l’imposture, de l’inefficacité. 

C’est donc une déception pour ceux qui aspirent à voir ce pays ayant perdu son cap démocratique revenir vers une certaine normalité, un certain degré de «fonctionnement ». 

Pour l’heure aucune lueur d’espoir possible 

Déjà chaque lueur d’espoir brouille les perceptions dans un pays où depuis plusieurs années des événements « au ralenti » se déroulent à une vitesse presque imperceptible pour le citoyen conscient: le passage d’une démocratie (imparfaite) et d’un État moyennement fonctionnel à un système autoritaire dans le contexte d’un État fragile. 

La junte a refusé donc un remaniement en profondeur qui privilégie la rupture, c’est-à-dire en refusant d’accepter dans le contexte actuel de fragilité institutionnelle du pays l’option la plus réaliste et moins violente, en continuant donc de  renoncer aux aspirations démocratiques et à la liberté pour trouver un socle commun pour construire une sortie viable à la crise actuelle. 

Déjà hier mardi, deux adolescents sont tombés sous les cribles des balles haineuses de la junte à Kindia, parce qu’ils ont réclamé l’accès à l’électricité. 

Les choses sont désormais très claires 

Et avec ce réajustement, les choses sont en effet très claires

Car derrière ce remaniement partiel se dissimule mieux le déchaînement des luttes factionnelles, qui parasitent non seulement les institutions politiques mais aussi les administrations publiques, les syndicats, les organisations de la société civile, les entreprises du pays. 

C’est donc un problème de société amplifié par une médiocrité collective. 

Il n’est pas donc étonnant que la Guinée ait pu en une année  basculé d’un coup d’état militaire  soutenu par les guinéens vers un autre régime autoritaire sans onction populaire mais fort du soutien de la presque totalité de tous les pilleurs, imposteurs et profiteurs d’occasions qui ont d’importantes implications sur les stratégies nécessaires pour freiner la démocratisation, l’unité et inverser la tendance. 

Et ce coup d’état militaire devenu depuis un tas de coups, ses auteurs vont sans doute s’activer à faire triompher, la fatalité au sein de la société guinéenne, pour ainsi faire triompher leur luxe et privilège sur le peuple de Guinée qu’ils ont rendu pauvre, inassouvis, arriéré, impuissant, malade.

Le pays est tenu par des individus fanatiques

Le pays est en effet tenu par des fanatiques aux allures despotiques prêts à faire le sacrifice de tous les guinéens pourvu qu’ils puissent garder le pouvoir. 

Et c’est seulement en tournant dos à ce clan factionnel qui tient ce pays d’une main de fer. 

C’est seulement en faisant preuve d’union, de bonté, de bon sens, d’humanisme et de solidarité, en obtenant des leaders patriotes qui ne surfent pas sur la carte ethniciste qu’il sera possible de triompher sur leur conspiration et manipulation. 

Cet homme ou femme politique doit donc être ce leader avec lequel la Guinée ne sera pas la risée des puissances impérialistes, et qui de par ses actes mérite son statut de leadership. 

Le costume du nouveau premier ministre est déjà froissé 

Le nouveau premier ministre et chef du gouvernement Amadou Oury Bah, ne peut pas avec cette équipe provoquer un «sursaut». 

La réussite de sa mission se trouve désormais dans les nuages. Car avec cette nomination qui est loin d’être son choix mais qu’il a tout de même accepté, il ne peut presque réussir aucune de ses missions. 

Celle qui consiste à jouer au « dépassement » des clivages cher au peuple de Guinée ou encore celle qui porte au retour rapide à l’ordre constitutionnel. Car il a aussi accepté d’être dans cet espace central, il se déporte avec fatalité sur le chemin de l’ancien gouvernement de transition guinéen.

Et il a désormais le profil de « supercollaborateur » effacé, souffrant d’un béni-oui-ouisme  se contentant assez bien d’être dans l’ombre du général président Mamady Doumbouya. 

Dans ce contexte, il lui est donc impossible de répondre à la demande des guinéens tout en incarnant la ligne demandée qui porte sur la restauration des fondamentaux : respect des droits humains, unité, solidarité, sécurité, retour à l’ordre constitutionnel. 

Et son costume a commencé dès aujourd’hui à se froisser

Bientôt, il ne sert juste qu’une bulle qui n’a pas de fond. Et c’est bien dommage. 

Aissatou Chérif Baldé. 

2 commentaires

  1. C’était que pour s’en débarrasser de la grève des forces vives qu’il avait dissout ce gouvernement enfin de désorienter l’esprit du peuple car toutes ces cartes de glissements transitoire était épuisé

  2. Je très optimiste malgré l reconduite de certains anciens ministres.
    J’ai confiance au choix de. Bah Oury comme premier ministre, connaissant l’homme je suis sûre qu’il pourra si on lui lâche les mains libre à défaut de tout ce Dieu fera est bo’n.
    En attendant essayons de le suivre et l’appuyer car chacun peut un peut. Bonne chance dans le changement prôné dans l continuité. Que Dieu veille sur nous tous et acceptés nos requêtes en ce mois béni du Ramadan Mubarak

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