La passation de pouvoir entre Bernard Gomou et le nouveau Premier ministre Amadou Oury Bah a été officialisée ce jeudi 29 janvier 2024 en présence des officiels de la junte militaire guinéenne.
L’ancien occupant du poste de Premier ministre a légué officiellement son service au nouveau premier ministre.
La cérémonie s’est déroulée sous la présidence des membres influents de la junte militaire guinéenne et clan autour de Mamady Doumbouya.
Un nouveau départ pour la Guinée ?
Les responsabilités d’un Premier ministre de surcroît d’un gouvernement de transition sont délicates et porteuses d’espoir.
Dans le cas guinéen, la situation semble être beaucoup plus complexe, car le pays est depuis quelques mois au ralenti.
Et l’une des raisons de ce ralentissement est dû entre autres au laxisme et aux scandales financiers constatés dans la gestion de la chose publique.
Pourtant la junte militaire guinéenne s’était au départ prétendument engagée à faire de la récupération des biens de l’État détournés par les hauts cadres de l’ancien régime, la moralisation du service public son champ de bataille.
Un engagement qui a conduit à l’arrestation de plusieurs anciens dignitaires du régime déchu.
Mais avec le temps la lutte anti-corruption de la junte s’est effritée puisque non seulement la corruption organisée, le blanchiment d’argent, les détournements des deniers publics sont aussi érigés en norme par la junte militaire guinéenne.
Mais la spoliation du patrimoine foncier de l’État par les agents continue et chacun prend comme bon lui semble.
Le nouveau Premier ministre va-t-il enclencher la rupture?
Cependant, il reste à savoir si le nouveau Premier ministre Amadou Oury Bah va enclencher une rupture en exigeant des membres de son son futur gouvernement la déclaration de leur patrimoine pour ainsi amorcer une nouvelle rupture.
En effet, s’il s’agit d’un nouveau départ dans le but de rectifier le tir, il serait donc judicieux qu’avant et après l’exercice des fonctions nominatives ou électives pendant cette période de transition, que chaque membre de ce gouvernement déclare ses biens.
Le premier ministre et les membres du gouvernement doivent être tenus obligés de faire la déclaration écrite de leur patrimoine familial énumérant leurs biens meubles, y compris actions, parts sociales, obligations, autres valeurs, comptes en banque, leurs biens immeubles y compris terrains non bâtis, forêts, plantations et terres agricoles, minières, et tous autres immeubles, avec indication des titres.
Car nous savons que la plupart des ministres sortant trimballent des casseroles et font partie d’un réseau de corruption mafieuse d’une envergure internationale.
Au cas où vous refuseriez de procéder à la déclaration de votre patrimoine ou que cette déclaration se heurte néanmoins à des résistances, qu’on ne nous parle plus de lutte contre la corruption ou de nouveau départ.
Car lorsqu’on veut faire de la lutte contre la corruption, son cheval de bataille.
Lorsqu’on veut moraliser la gestion de la chose publique sur fond de transparence, de probité; il serait d’une impérieuse nécessité de commencer d’abord par faire de la déclaration de son patrimoine une obligation constitutionnelle à défaut une obligation morale.
Cela exige que Bah Oury et les membres du gouvernement soient tenus, lors de leur entrée en fonction et à la fin de celles-ci, de faire sur l’honneur une déclaration écrite de tous leurs biens et patrimoine qu’ils adresseront à la cour suprême par exemple.
Cette déclaration devrait d’ailleurs en temps réel se faire avant leur prise de fonction.
Et par une telle audience solennelle, les membres du gouvernement vont témoigner de leur humilité, leur sincérité et de leur probité au peuple de Guinée. Et par fini les autres autorités élues ou nommées feront de même.
Sans cela, vous vous inscrivez tout simplement dans la continuité.
Et vous encouragez ainsi les pratiques éhontées qui ont toujours permis aux agents de l’État de s’enrichir outrageusement dans ce pays.
Une situation qui fait malheureusement de la Guinée l’un des pays les plus corrompus au monde.
La déclaration du patrimoine vise à lutter contre la corruption
Pourtant, la déclaration du patrimoine vise à lutter contre la corruption, un fléau qui touche tous les échelons de l’administration guinéenne.
Et le tout nouveau premier ministre étant économiste sait pertinemment que pour lutter contre la corruption et infractions assimilées dans la fonction publique, il faut rompre avec les anciennes pratiques malsaines, obscènes qui ont fait de l’État guinéen, un État déficitaire, défaillant.
En commençant par exiger que tous les agents publics ou ceux qui sont désignés par les lois nationales déclarent leurs biens lors de leur prise de fonctions, ainsi pendant et à la fin de leur mandat.
C’est seulement à travers de tels actes que vous pourrez convaincre même les plus sceptiques de votre détermination à enclencher la rupture voulue par le peuple notamment à lutter contre la corruption des agents publics devenue un phénomène complexe et dont les effets sont dévastateurs sur la stabilité politique, économique, sociale et culturelle du pays.
Aïssatou Chérif Baldé.