Jusqu’où la surdité sociale et politique de la junte militaire vont elles mener la Guinée?

Après la condamnation à la prison ferme, ce vendredi 23 février 2024, de Sékou Djamal Pendessa, Secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG), le mouvement syndical guinéen a durcit le ton. 

Le contexte dans lequel se trouve le pays est très alarmant.  Car après la dissolution du gouvernement de transition cette semaine, le flou sur la nomination d’un nouveau gouvernement continue. 

Pendant ce temps, le régime militaire continue sur sa voie du muselage de la presse guinéenne. 

Sa justice aux ordres vient de condamner notre confrère à six mois de prison dont trois assortis de sursis. 

Les syndicats décident d’aller en grève 

Amadou Diallo, coordinateur national du mouvement syndical guinéen a annoncé que les travailleurs guinéens iront en grève illimitée à partir du 26 février prochain.

Et selon lui cette grève se poursuivra jusqu’à la libération du journaliste.

Et le secrétaire général du SLECG Aboubacar Soumah aborde dans le même sens.  Il indique que le mouvement syndical a épuisé toutes les voies de recours avant de décider d’aller en grève.

Leurs revendications portent sur la libération des ondes, la levée des restrictions sur l’internet et la libération du journaliste et syndicaliste Pendessa. 

Ils estiment que leurs revendications ne sont pas satisfaites, la grève sera donc maintenue. 

Car selon M Soumah, ils ont donné assez de temps au gouvernement et ont surtout épuisé toutes les voies de recours avant de décider d’aller en grève.

La junte opte pour la surdité sociale et politique 

La junte militaire guinéenne décide de fermer la porte du dialogue social et politique inclusif. 

Elle refuse de prendre la voie de la solution de bon sens et de mesure pour sortir la Guinée de cette situation crisogène. 

Mais pourquoi tourner le dos à la contestation du mouvement syndical en imposant une politique envers tout et contre tout en lieu et place de la solution de bon sens? 

En choisissant l’inverse du dialogue social et politique: cliver et affronter et en bout de course payer plus cher l’adoption d’une mesure et solution consensuelle, qui aurait pu initialement être pourtant bénéficiaire pour tous ? 

Et pour quel objectif ? 

Du moment où le coup politique de cet entêtement sera probablement très élevé. 

C’est absurde et incompréhensible cette attitude du régime militaire guinéen.

C’est  évident, que la classe politique guinéenne n’aime pas le dialogue social et politique. 

Elle n’a vécu que dans un système arbitraire, donc habitué à invectiver, affronter, réprimer. Et c’est pourquoi elle est antidémocratique et refuse de prôner la culture démocratique, l’alternance politique, la contradiction. 

Nonobstant cet état de fait, cette stratégie du régime militaire guinéen, basée sur la voie d’un affrontement sans compromis disqualifie par principe la notion du dialogue social et politique et expose la Guinée à toute sorte d’eventualité. 

On comprend que cette stratégie flatte les membres extrémistes du CNRD, et les parrains du pouvoir militaire tapis dans l’ombre, perçue sans doute comme payante, puisqu’elle joue au pourrissement de la situation socio-économique et politique du pays, creusant ainsi davantage le fossé au sein de la société guinéenne. 

Mais une chose est certaine, si le pouvoir exécutif guinéen décide de camper sur sa position malgré les blocages, et contestation, il risque d’exposer le pays avec cette stratégie de l’extrême à toute sorte d’éventualité. 

Ce sera le prix à payer pour cette rigidité où le pouvoir exécutif assume de passer en force malgré les contestations qui durent déjà depuis des mois avec une perte de vie humaine insensée. 

Il est évident qu’on a tous bien compris que le pouvoir militaire avec sa stratégie qui passe ou qui casse; ne peut pas abandonner la partie sans dommage politique majeur après plusieurs mois passés dans cette seringue de conflit social qu’il a absurdement choisi, soldé de tueries et d’emprisonnement. 

Et à force de tirer sur la corde sociale, finira-t-il  (ce que je pense être inévitable dans les  mois à venir sans pouvoir le prouver) par casser?

Il faut que nous ayons bien conscience que cette rupture  risque d’avoir des conséquences désastreuses, voire cataclysmiques sur la Guinée. 

Donc apprenez à mettre l’intérêt de la nation au dessus de l’intérêt d’un groupe clanique, égoïste, affairiste et népotiste. 

Éviter de cautionner que cette transition politique en Guinée soit un échec et que la surdité sociale et politique, la violence, l’arbitraire deviennent la seule réponse de l’État aux multiples problèmes guinéens. 

Aïssatou Chérif Baldé 

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