Guinée: la transition des nihilistes volontairement destructeurs. 

Dans ce pays où l’on n’est jamais d’accord sur rien, on peut tout de même admettre que si l’État guinéen est défaillant c’est principalement à cause d’une classe dirigeante largement immature et irresponsable.

L’État guinéen est depuis l’indépendance géré par plusieurs clans adeptes du nihilisme ravageur, dont les membres rivalisent de nuisance et sont insensibles aux terribles dommages qu’ils font subir à cette nation depuis plus de six décennies. 

L’actuel président de la transition Mamady Doumbouya, ses sous-dictateurs va-t-en-guerres tels que le président de la Haute Cour de Communication Boubacar Yacine Diallo, le ministre de la Défense nationale Sidiki Camara, le Colonel Amara Camara sont le portrait craché d’une élite nihiliste. 

Ce sont des personnages sans courage politique, sans vision stratégique, sans mission pédagogique. 

Dépourvus de toutes ces valeurs, ils ne peuvent pas construire une nation progressiste, démocratique au service du peuple. 

Avec cette junte militaire, c’est le retour, au rien, au degré zéro de tension, et en même temps à la destructivité la plus bruyante, à la violence la plus désintriquée.

On fait face à une élite oligarchique, zérocrate qui  impose au  peuple une transition politique biaisée qui signifie nivellement par le bas, perte des valeurs, perte de revenus, démission des élites, dictature, tyrannie des communautés et des individualismes, pouvoir clanique, ethniciste hégémonique, déculturation progressive, le rejet de l’autre, le déni des différences dans une société pourtant multiforme. 

Une transition politique creuse,vide de sens 

En effet, la transition politique enclenchée le 05 septembre 2021 par une junte militaire sous tutelle de l’impérialisme mélanophobe occidental n’est plus qu’un concept creux, vide de sens. 

Ce n’est qu’une transition démocratie qui revêt des formes perverses et dévoyées de l’action «politique». 

Alors, qu’une forme de chienlit s’installe, parasitant ainsi les aspirations à la démocratie, au progrès et à la consolidation des droits de l’Homme et de l’Etat de droit, la liberté d’expression et d’opinion ne doit pas nous surprendre.

Et que les composantes essentielles de l’espace public national (société civile, partis politiques, syndicats, classe intellectuelle) qui ont pour vocation d’encadrer les citoyens, les aider à comprendre les enjeux de cette transition, les former à l’école de la citoyenneté déclarent forfait n’est qu’une normalité. 

Car les dérapages du libérateur Mamady Doumbouya et son clan devenus oppresseurs sont de plus en plus obstinés, de façon systématique et surtout organisée. 

C’est pourquoi la censure, la restriction d’internet et des médias privés, les arrestations arbitraires des journalistes et opposants politiques constituent la norme pour ce régime militaire. 

Et on qualifie cela de nihilisme: une action volontairement négative dont la légitimité suprême est la négation, elle-même. 

Elle touche surtout, dans un spectre infini, tout ce qui existe ou tout ce qui peut advenir. 

Il leur faut recourir donc à la logique du chaos et de l’autodestruction. 

Le chaos, une aubaine 

Cette junte militaire ne peut pas employer son énergie plus utilement et intelligemment pour la mettre au service de la lutte contre la pauvreté de leur pays et de la misère de leurs compatriotes. 

Tout tourne autour du contrôle des ressources de l’État et des richesses du pays qu’ils dilapident sans cesse. 

Et pour cela, ils sont prêts à tout pour offrir au monde entier le spectacle dont ils ont besoin pour faire de la Guinée la risée du monde.

Sinon, dans un pays au passif si lourd et au retard si abyssal que la Guinée, il n’y aurait aucune raison que des putschistes s’écharpent comme c’est le cas aujourd’hui.

Les turbulences y en aura 

Nous sommes loin de sortir de ces turbulences nihilistes d’une classe dirigeante décérébrée. 

Les raisons de cette sombre spécificité qui met la nation guinéenne à terre depuis plus de six décennies se trouvent dans l’indigence de la classe politique, l’opportunisme, la pauvreté intellectuelle d’une société civile émiettée essoufflée, incohérente, à l’inconscience, l’insouciance, l’indifférence de l’élite intellectuelle. Et surtout l’incapacité d’une grande partie des médias à accompagner sérieusement le changement voulu par le peuple, le manque de confiance de l’opinion publique, qui manque d’encadrement, pendant ce processus de transition. 

Et que fait-on pour inverser la donne ? 

On se livre à des guerres d’égos et de leadership démesuré. Et on s’oppose de façon stérile sur fond d’un dialogue de sourd inter-guinéen dans un pays où l’on marche pour ne pas avancer et on parle pour ne rien dire. 

Or avec une telle stratégie, nous sortirons tous, autant que nous sommes, laminés par ce faux processus de transition politique dont nous assumons lâchement les dérapages, les excès et les conséquences désastreuses de certains dévoiements. 

Il est donc d’une impérieuse nécessité que nous ayons maintenant le sursaut patriotique nécessaire pour mettre à nu les contorsions et les agitations des fossoyeurs de la république, afin que ce pays ne se laisse plus abuser des pyromanes de tout bord qui se réfugient derrière des visages de samaritains à la place de leurs tronches hideuses, pour que vive la Guinée éternelle.

Aïssatou Chérif Baldé 

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