Le Président Macky Sall vient de franchir le rubicon en décidant de faire le putsch constitutionnel. 

Mais ce n’est point une surprise pour ceux qui  l’ont côtoyé ou connu de près.

Dès son accession à la Présidence de la République (exactement 15 jours après  sa prestation de serment), il avait sollicité en off  le Conseil  constitutionnel pour lui demander, en vain, de trouver un moyen de revenir sur sa promesse électorale consistant à  ramener son mandat à  5 ans.

Il a néanmoins pu obtenir ce qu’il souhaitait en 2016 à  la suite  de l’avis -décision du Conseil constitutionnel. 

En décidant samedi passé d’annuler les dates du calendrier électoral, il repousse par là  même la date des élections et proroge en même temps  la durée de son mandat. 

Or cela reste totalement contraire  à la Constitution sénégalaise dans son ( article 27 et 103 ) qui a érigé  en clause d’éternité et d’intangibilité, aussi bien la durée du mandat présidentiel que son unique renouvellement. 

Cette forteresse constitutionnelle a été  consolidée par la fameuse décision-avis de 2016.

Ainsi ,quel que soit l’aspect sous lequel on l’analyse la situation, le Président Macky Sall ne peut juridiquement opérer la plus petite once de modification concernant la durée du mandat présidentiel. 

En réalité c’est une véritable forfaiture constitutionnelle qu’il s’agit, ou pour dire vrai, un coup d’état constitutionnel. 

Il n’en avait ni le droit ni le pouvoir.

Et il est par ailleurs suffisamment significatif qu’il se soit coalisé avec le Pds de Karim Wade pour faire aboutir la procédure de commission parlementaire devant ouvrir une enquête  à  propos de la supposée corruption de magistrats du Conseil constitutionnel  incriminé. 

Sans cette alliance, la procédure n’aurait jamais abouti avec les seuls députés du Pds d’Abdoulaye Wade .

Selon de nombreux observateurs confirmé par des sources même de l’APR(PARTI du président Macky Sall),il  se susurre que Amadou Ba n’entre plus dans les grâce  de Macky Sall qui aurait découvert, après  coup,  que celui-ci n’était point étranger à  l’activisme de la diaspora qui lui était favorable, et aussi et surtout, les réelles accointances  qui existeraient  avec le leader du Pastef (Ousmane Sonko) avec lequel il a partagé la même  administration depuis de longues années. 

Pire pour Macky Sall, le Conseil constitutionnel a retenu parmi les candidats celui que Sonko avait désigné comme potentiel successeur au cas où  il en serait lui-même empêché. 

C’est tout cela que Macky Sall n’aurait pas digéré et qui explique qu’il ait pu s’allier avec  le Pds, parti de l’ancien président Abdoulaye Wade pour obtenir la mise en place d’une commission parlementaire contre le Conseil Constitutionnel.

Ce fait inédit est pourtant  manifestement de mauvais aloi, car la commission parlementaire est prévue comme moyen de contrôle de l’exécutif ,et elle se situe dans les relations entre l’exécutif et le judiciaire. 

Par ailleurs, elle n’a aucune emprise sur le pouvoir judiciaire. 

C’est pour cela que L’UMS(L’Union des Magistrats Sénégalais) a immédiatement réagi en rappelant, qu’en aucun cas ,elle ne pouvait admettre un tel empiètement sur le Pouvoir judiciaire: les magistrats du Conseil constitutionnel  n’iront pas se faire entendre par ladite commission parlementaire.

Tout ceci pour dire que ce que l’on vit aujourd’hui  au Sénégal  n’est pas seulement un roman de vaudeville; c’est plus qu’un reniement de toutes les valeurs démocratiques: c’est la République toute entière qui est en berne. 

On a l’impression que tout cela était bel et bien planifié, programmé .

De toute évidence, Macky Sall n’a jamais été Démocrate: on l’a contraint  à ne pas solliciter un troisième mandat; pour ceux qui en doutaient encore, voici le véritable visage d’un autre despote à découvert. Le manteau devait fatalement tomber. C’est ce qui vient d’être fait.

Le message ferme de la Cédéao à l’endroit de Macky Sall

Les députés acquis à la cause du pouvoir de Macky Sall ont décidé de prolonger hier lundi le mandat du président Macky Sall de 10 mois. L’assemblée nationale entérine donc le décret de Macky Sall et reporte les élections présidentielles pour le 15 décembre 2024. 

Dans le projet de loi adopté par l’Assemblée nationale sur fond de chaos, le mandat de Sall, qui devait prendre fin le 2 avril, sera prolongé jusqu’à la tenue de nouvelles élections. Un autre coup d’État civil est né au Sénégal hier 05 février 2024. 

Et suite à ce coup d’État constitutionnel, la commission de l’organisation sous-régionale ouest africaine Cédéao a fait un communiqué ce mardi 06 février 2024 dans lequel on peut lire ce qui suit: “ la commission de la Cédéao encourage la classe politique à prendre de toute urgence les mesures nécessaires pour rétablir le calendrier électoral conformément aux dispositions de la constitution du Sénégal”. 

Une première à l’endroit d’un putschiste constitutionnaliste parmi tant d’autres au sein de la Cédéao.. 

Et cette position de fermeté de la Cédéao est d’une impérieuse nécessité puisqu’elle est aujourd’hui confrontée à des coups d’Etats militaires et constitutionnels à répétition. 

Mieux, trois pays dirigés par des régimes militaires notamment (Mali, Burkina-Faso, Niger) ont décidé de quitter l’organisation sous-régionale ouest africaine qu’ils taxent entre autres d’être à la solde des puissances néocolonialistes et d’être surtout de connivence avec les putschistes constitutionnalistes de région. 

Dans la foulée le Sénégal à l’image de la Guinée, de la Côte d’Ivoir vient avec Macky Sall gonfler la liste des putschistes constitutionnalistes en Afrique

Il a préféré enterrer la tradition démocratique sénégalaise pour suivre ce qui semble être le sillon tracé de tous les présidents dévots  tels que Alpha Condé (Guinée) Alhassane Ouattara (Côte d’Ivoire) Paul Biya (Cameroun), , Sassou N’Guesso (Congo Brazzaville),  Abdel Fattah al-Sissi (Egypte), Faure Gnassingbé (Togo), Patrice Talon (Bénin) qui nous sont malheureusement familiers. 

Aïssatou Chérif Baldé 

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