L’actuel président du Sénégal Macky Sall a dans un discours à la nation ce samedi 03 février abrogé le décret fixant la date de l’élection présidentielle au 25 février prochain.
Une décision qui intervient quelques heures avant l’ouverture de la campagne électorale au Sénégal.
Et c’est surtout la première fois depuis 1963 qu’une élection présidentielle au suffrage universel direct est reportée au Sénégal.
Une décision moins étonnante, car depuis l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, le Sénégal a beaucoup changé dans la douleur et pour la mauvaise cause.
Et cette décision retentit comme un coup de tonnerre dans un pays considéré comme un îlot de stabilité dans une région ouest africaine instable et peu regardante de ce qu’est la démocratie.
Les raisons de l’annulation des élections
Il a annoncé ce samedi avoir abrogé son décret fixant au 25 février la date de la présidentielle, après la mise en place d’une commission parlementaire enquêtant sur deux juges du Conseil constitutionnel dont l’intégrité dans le processus électoral est contestée.
Il s’est justifié en ces termes “Notre pays est confronté depuis quelques jours à un différend entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, en conflit ouvert sur fond d’une supposée affaire de corruption de juges”.
Il est selon lui prêt à engager un dialogue national ouvert, afin de réunir les conditions d’une élection libre, sans pour autant donner une date précise pour la tenue des élections présidentielles.
Le président Macky Sall a ensuite affirme dans son allocution que le Sénégal ne pouvait « se permettre une nouvelle crise » après des troubles meurtriers en mars 2021 et juin 2023. Il a surtout réitéré son engagement à ne pas être candidat à sa propre succession.
Une annulation à l’initiative de Karim Wade
Il faut noter que cette annulation est à l’initiative de Karim Wade, ministre et fils de l’ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012) exclu par le Conseil constitutionnel tout comme l’opposant anti-système Ousmane Sonko qui croupit injustement en prison au Sénégal.
Selon les informations relayées par les médias sénégalais, c’est suite à la publication de la liste définitive des candidats que la coalition pilotée par Karim Wade a proposé à l’assemblée nationale la création d’une commission d’enquête parlementaire sur deux des sept juges du Conseil constitutionnel.
Car elle met en cause l’intégrité de ces deux juges qu’elle soupçonne d’être corrompus.
C’est suite à cette initiative que l’Assemblée nationale a donc décidé d’approuver le 31 janvier, après des débats tumultueux, la formation de cette commission.
Une grande majorité du camp présidentiel a voté pour la mise en place de cette commission.
Et c’est surtout ce soutien affiché des députés de la mouvance présidentielle à l’initiative de Karim Wade que les sénégalais trouvent intrigants et inquiétants.
On reproche au camp du président Macky Sall de vouloir repousser l’organisation des élections présidentielles, parce qu’il a peur de les perdre. Ce report est une façon subtile et subversive de continuer à se maintenir au pouvoir au-delà de son mandat présidentiel.
Macky Sall prêt à tout pour se pérenniser au pouvoir
Il semble apparemment prêt à faire usage de toute sorte de manœuvre dilatoire pour faire de l’exception sénégalaise lettre morte.
Et d’ailleurs depuis son arrivée au pouvoir, le visage du Sénégal connu pour sa forte tradition démocratique et de transitions pacifiques du pouvoir a beaucoup changé.
Cette annulation des élections sur fond de soupçons non avérés contre deux juges du Conseil constitutionnel sur 17 est très inquiétante et contraire à la tradition démocratique sénégalaise.
Car c’est la première fois depuis 1963 qu’une présidentielle au suffrage universel direct est reportée au Sénégal sur fond de corruption non avérée.
Or toutes les conditions étaient selon l’opposition réunies pour l’organisation de ces élections dont la campagne électorale devrait en temps réel débuter aujourd’hui.
Cette situation actuelle n’est que l’aboutissement d’un processus élaboré de longue date par un président, valet de la françafrique qui n’a jamais été démocrate, mais qui se couvre de ses habits.
Il utilise le droit pour se vêtir d’une l’égalité formelle.
C’est la réalité des faits qui dévoile l’illégalité de l’annulation des élections présidentielles contraire à la loi électorale du pays.
Doit on pour autant regarder désormais le Sénégal sous ces débris de la démocratie ?
On le saura dans les mois à venir car l’autocratie a très longtemps cessé de vaincre la Liberté au Sénégal.
Même si désormais tout porte à croire que Macky Sall ne veut pas céder son fauteuil présidentiel.
Il veut emboîter les pas des putschistes constitutionnalistes, illégaux de la sous-région ouest-africaine.
Aïssatou Chérif Baldé