C’est dans le cadre d’une rencontre qui a eu lieu ce mercredi 10 janvier entre les diplomates accrédités en Guinée et le chef de la diplomatie guinéenne, Dr Morissanda Kouyaté que l’actuel ambassadeur d’Allemagne, S.E Ulrich Meier-Tesch a mis l’accent sur ce qui ne va pas en Guinée depuis bientôt deux mois.
Il s’est surtout exprimé en des termes clairs et précis sur la restriction des libertés d’expressions et d’opinion en Guinée et surtout sur la restriction d’internet qui empêchent aujourd’hui le peuple de Guinée d’avoir accès aux informations.
D’ores et déjà certains médias de la place tels que le groupe FiM FM qui fut à maintes reprises censurés ces derniers mois par la junte militaire ont accepté de céder à la pression et au chantage de la junte militaire guinéenne.
Par contre, d’autres médias tels que Djoma FM tentent tant bien que mal de résister à la pression et au chantage du régime militaire guinéen devenu irrespirable.
Pendant ces échanges avec le chef de la diplomatie guinéenne Dr Morisandan Kouyaté, l’ambassadeur allemand en Guinée n’a pas hésité de dire ses vérités partagées par la majorité des diplomates accrédités en Guinée.
La crise du carburant fut certes évoquée, mais les diplomates ont surtout mis l’accent sur les restrictions imposées aux médias et réseaux sociaux dans le pays.
Car pour la plupart des diplomates présents à cette rencontre, le brouillage des ondes de certains médias privés et la restriction de l’accès aux réseaux sociaux ne sont pas du tout acceptables.
Pour l’ambassadeur de l’Allemagne en Guinée, S.E Ulrich Meier-Tesch , le niveau atteint aujourd’hui par ces restrictions ne l’ont jamais été au temps d’Alpha Condé.
« Comme l’ont dit mes collègues, nous souffrons des problèmes de communication. En dehors de l’ambassade, je ne peux plus communiquer. C’est quelque chose qui gêne beaucoup dans le travail. J’ai 4 sur 7 collègues qui roulent à essence. Ça veut dire qu’il y en a une déjà qui va arrêter de venir à l’ambassade, elle va travailler à partir de la maison parce que son réservoir est à plat. Si ça continue encore la semaine prochaine et d’autres semaines, ça risque de nous amener à arrêter le travail à l’ambassade. Notre souci majeur par contre, c’est la situation de la liberté de la presse, la liberté pour les citoyens de s’informer. C’est une situation dommageable, et ça donne une très mauvaise image de la Guinée (…). Ça nuit beaucoup à l’image de la Guinée. Je suis un des plus anciens ambassadeurs en Guinée, j’ai vécu entre 2019 et 2020, sous le régime du président Alpha Condé, des restructurations. Malheureusement, je dois constater que maintenant, la situation est pire, bien que le gouvernement de transition soit venu avec la position d’améliorer la situation. Dans le domaine de la liberté d’information et de presse, ce que le gouvernement de transition a décidé va plus loin qu’au temps d’Alpha Condé». a- t-il laissé entendre.
On ne peut pas être plus clair.
Et l’image de la Guinée est plus que jamais émiettée.
Pourquoi faire recours à ces mesures de coercition?
Et c’est vraiment incompréhensible et inadmissible qu’un gouvernement de transition venu au pouvoir pour recoller les morceaux de verre cassés par Alpha Condé fasse recours à des mesures de coercition, qui ne sont de nos jours que l’œuvre des armées non républicaines, de groupes paramilitaires, terroristes ou mafieux.
Car en temps réel ces mesures sont évidemment favorisées par les situations extrêmes – conflits armés, guerres civiles, dictatures, etc…
Et n’étant pas en conflits armés, en guerre civile, nous sommes désormais dans une dictature.
Pourtant la liberté d’expression étant le droit de rechercher et de recevoir des informations sont indispensables au fonctionnement d’une véritable démocratie.
Ceci dit, les mesures de coercitions actuelles du régime militaire guinéen sont incompatibles avec une transition politique, dont l’objectif principal est le retour à l’ordre constitutionnel.
Dans une transition politique, ou encore dans une démocratie consolidée, la libre circulation des idées est d’une impérieuse nécessité, car elle favorise la recherche de la vérité et l’approfondissement du savoir, la participation aux processus de prise de décision et à la consolidation du processus démocratique.
Et dans une phase de transition démocratique, chacun doit avoir le droit d’exprimer sa pensée, ses idées, ses croyances, il doit aussi avoir le droit d’être informé et de pouvoir diffuser des informations.
Ces libertés permettent surtout de faire connaître aux autorités de transition ce que pensent les citoyens de ses actions et celles-ci peuvent alors répondre à leurs préoccupations.
Elles sont surtout indispensables à la stabilité et à la flexibilité de la société.
Mais apparemment le régime militaire guinéen ne reconnaît pas ces valeurs et c’est pourquoi le porte-parole du gouvernement de transition Ousmane Gaoual Diallo a laissé entendre que l’accès à internet n’est pas un droit fondamental.
Pour ce faire, le régime militaire guinéen doit non seulement interdire la liberté d’expression, la liberté de la presse, la liberté d’association, la liberté de réunion, la liberté de manifestation mais use aussi de la corruption des journaliste par des promesses d’argent et des postes pour mieux contrôler les médias et les guinéens.
Car ces libertés obtenues très difficilement par les guinéens ne font pas partie des assises idéologiques du pouvoir militaire guinéen.
Alors il faut les remettre en cause en passant par les brouillages, les coupures des lignes d’électricité et de téléphone, par le blocage des réseaux sociaux et l’achat de conscience de journaleux souffrant d’un manque de probité morale.
Aïssatou Chérif Baldé