L’élection Miss Guinée 2023 s’est déroulée dans la nuit du samedi, 25 au dimanche, 26 novembre 2023 au palais du peuple à Conakry, la capitale guinéenne.
Elle s’est passée sous la haute présidence de la marraine de ladite édition, l’épouse du chef de la junte militaire, Lauriane Doumbouya, et en présence de plusieurs membres du gouvernement de transition, du Conseil national de la transition.
Après le déroulement de toutes les étapes du concours en question, le jury a déclaré la candidate N°19, Saran Kourouma, Miss Guinée 2023-2024.
Et c’est la candidate N°02, Hadja Kadiatou Condé qui sera élue 1ère dauphine et la candidate N°24, Aïssatou Dioumo Diallo, choisie comme 2e dauphine de l’année.
Un concours Miss sur fond de stigmatisation
En analysant de loin ce concours et en tenant compte des performances, du savoir et valeurs intrinsèques de chacune d’entre elles, c’est sans doute celle qui a été élue deuxième dauphine de ce concours, Aïssatou Dioumo Diallo qui devrait être élue Miss Guinée 2023.
Apparemment malgré qu’elle était au fond méritante, son élection posait sans doute problème pour les membres du jury et les organisateurs de ce concours, car Aïssatou Dioumo Diallo souffre de l’albinisme, une maladie génétique taxée de négativité, de superstition en Afrique et en Guinée.
Dans un pays où l’on a fait de l’exclusion, de l’ethnicité, de la stigmatisation, de la médiocrité, de l’imposture, les critères de sélection des modèles de sociétés, quoi de plus normal.
Pourtant « l’albinisme est une maladie génétique caractérisée par une absence totale ou partielle de pigments dans la peau, les cheveux et les yeux ».
Selon la National Library of Medicine des États-Unis, la pigmentation cutanée anormale des albinos provient d’une incapacité héréditaire à produire de la mélanine dans les cellules cutanées. La mélanine est un pigment foncé responsable de la coloration de la peau, des cheveux et des yeux. Et les albinos ont une vision déficiente et une prédisposition au cancer de la peau.
L’on se pose donc la question de savoir pourquoi les personnes atteintes de l’albinisme en Afrique et en Guinée sont confrontées à l’exclusion, à la stigmatisation et au déni de leurs droits fondamentaux tels que le droit à l’éducation et à la santé?
Elle ne mérite que cette place
À entendre certains commentaires sur les réseaux sociaux par rapport à ce concours de Miss qui de toute évidence n’aide en rien la jeune fille guinéenne à s’épanouir, Aïssatou Dioumo Diallo doit se réjouir de cette place de deuxième dauphine..
Cela sous-entend qu’elle est y arrivée sans doute juste par pitié et non par mérite.
Une discussion teintée d’une discrimination subtile, pas différente de la politique de discrimination positive des sociétés occidentales.
Sauf que Aïssatou Dioumo Diallo a montré à la face du monde à travers, son intelligence, sa beauté intérieure, l’image d’elle qu’ elle a envoyé hier aux guinéens qu’elle est notre Miss Guinée 2023.
Car cette image est loin d’être celle renvoyée à travers son physique uniquement mais c’est celle que l’on donne à voir par notre être profond.
Cette image nous prouve que cette jeune fille qui vit dans une société où l’ordre des choses est inversé où les personnes atteintes d’albinisme souffrent vraiment d’exclusion et de stigmatisation que sa beauté intérieure a des qualités exemplaires, tels que l’écoute l’empathie ; la compréhension ; la confiance en soi et envers les autres ; la solidarité ; l’amour de soi et l’amour pour les autres ; et la bienveillance.
En l’observant de loin, on voit qu’elle a un grand estime de soi-même et qu’elle ne manque pas de confiance en soi. Et elle a su avec le temps développer des mécanismes de défense compatibles avec sa beauté intérieure et extérieure.
Nous sommes persuadés que ce concours de Miss ne saura pas mettre à mal ta confiance en toi.
Elle doit être ta ressource comme un ancrage pour faire taire ces sentences qui pourront à l’avenir paralyser tes actions et projets.
De toute évidence les concours de beauté en Guinée n’ont favorisé que le concept de femme-objet.
Car elle est par définition une mise en concurrence des femmes selon leur physique. Même si l’on tente aujourd’hui de mettre aussi en avant des qualités intellectuelles avec des questionnaires de culture générale par exemple, on voit bien que les critères de sélection restent fondés sur l’apparence.
Dans un pays comme la Guinée cette objectification des femmes et renforcement des stéréotypes empêchent sans doute l’émancipation de la femme, son indépendance économique et financière.
Or pour faire avancer notre société, on a besoin plutôt par exemple des concours du meilleurs projet d’autonomie de la femme guinéenne, que de tels concours.
Aïssatou Chérif Baldé