Guinée/Décortique du discours  de Mamady Doumbouya à l’assemblée générale de l’ONU. 

“Mamady Doumbouya”: un discours entre révolution… ou imposture ? C’est la question que l’on doit se poser. 

Et déjà d’entrée de jeu, on se demande, si c’est à l’ONU que Mamady Doumbouya doit expliquer les raisons de son coup d’État militaire du 05 septembre 2021, sans perdre un seul mot sur le retour à l’ordre constitutionnel. 

En le faisant, il démontre que la tribune des Nations Unies est mieux appropriée pour expliquer les motifs de son putsch militaire. Et même s’ il a en réalité tourné dos à ce discours qui à quelques nuances près n’est pas différent de celui qu’il avait tenu le 05 septembre 2021. 

Un discours tourné vers l’Afrique? 

Présent à l’assemblée générale de l’ONU ce jeudi 21 septembre, le colonel Mamadi Doumbouya a voulu se faire passer pour le porte-parole du continent avec un discours plus tourné vers l’Afrique en général que vers son propre pays.

Il a invité la communauté internationale à « regarder l’Afrique avec les yeux neufs » 

 « Si les coups d’Etat se sont multipliés en Afrique, c’est parce qu’il y a des raisons profondes. Le putschiste n’est pas seulement celui qui prend les armes. C’est ceux en col blanc qui modifie les règles de jeu. (…).

Nous ne sommes ni pro ni anti américain, ni pro ni anti chinois, ni pro ni anti russe, ni pro ni anti français, ni pro ni anti anglais, ni pro ni anti turc. Vouloir nous soumettre à une puissance est une insulte pour nous » a t-il laissé entendre. 

Un discours pourtant ambivalent et hypocrite, car on ne peut pas vouloir se tourner vers l’Afrique, lorsqu’on a un gouvernement qui fonctionne sur fond de clivage ethniciste même au-delà des frontières guinéennes.

Car nous avons constaté avec stupéfaction les incidents qui ont éclaté hier entre les partisans de l’opposition politique guinéenne et du CNRD à New York. 

Doumbouya est dans l’ambivalence et l’imposture

Mamady Doumbouya est donc dans l’imposture et dans l’ambivalence. Il a sciemment évité l’usage du terme  « panafricanisme », pour ne pas fâcher ses soutiens pro françafrique. Car il sait que la survie de son régime alimentaire en dépend. 

Le contenu de son discours dans une salle quasi vide révèle aussi la médiocrité de son équipe chargée de communication et de son ministre des affaires étrangères. 

Il nous a livré un discours très mal ficelé, incohérent et plein de contradictions digne d’une République d’imposteurs. 

En utilisant le terme pro-africain, il a plutôt voulu tirer son épingle du jeu en se présentant comme un président anti-système françafrique. 

Or, son discours révèle plutôt sa position confuse et ambiguë.

Il se dit être orienté vers l’Afrique, ce qui sous-entend qu’il cherche à défendre l’intérêt des peuples africains en l’occurrence celui guinéen. 

Sauf que ces deux ans passés au pouvoir démontrent qu’il n’a de foi qu’en l’argent et attendent, dans la jouissance, l’avis de l’extérieur. 

Les tueries des jeunes adolescents guinéens, et la récente répression sanglante contre les jeunes de Boffa qui réclament un droit à une vie décente (accès à l’eau et l’électricité) prouvent que Mamady Doumbouya et son clan s’opposent à toute correction systématique dans la conscience des peuples africains à s’échapper réellement de la servitude mentale et au droit au développement des peuples de Guinée. 

La posture de Mamady Doumbouya se caractérise donc par une croyance infaillible à un pouvoir autoritaire, ethniciste, népotiste, hégémonique dominant, incompatible à son discours du 05 septembre 2021 et du 21 septembre 2023 à l’assemblée générale de l’ONU. 

L’ancien légionnaire français est devenu en deux ans de gouvernance le symbole de la corruption organisée, de l’exclusion, de l’ethnicité, de l’oppression. 

Son élan actuel prouve qu’il  joue sur la politique de l’autruche. Dans ces conditions, il veut se montrer virulent envers l’Occident, sans doute pour amuser la galerie, tout en singeant, dans ses faits et gestes, cette partie du monde dont ils attendent pourtant leur salut.

Des élites militaires comme Mamady Doumbouya ne parlent de souveraineté que lorsque l’occident pose la question taboue de la responsabilité du gouvernement guinéen dans les malheurs du pays. 

Pourtant vouloir défendre l’intérêt de son peuple sur fond de solidarité et d’unité nationale c’est vivre obligatoirement  selon les principes fondamentaux de l’idéologie panafricaniste  opposée à l’ethnicité, à la division des peuples d’Afriques, à  l’exploitation des africains, à leur appauvrissement, au pillage systématique des sols et sous-sols africains, à l’immigration mortelle des jeunes africains. 

On évite surtout de passer par des pseudo-panafricains des réseaux pour se faire encenser. 

Et on arrête surtout de rendre les autres responsables de ses turpitudes, de ses ambivalences, de son auto-infantilisation et son irrationalité. 

En apparence, ce discours de Mamady Doumbouya n’est pas une révolution, mais plutôt une imposture, une supercherie malhonnête. 

C’est une manière de penser  alimentée par des arguments fallacieux qui mettent la Guinée à genoux depuis plus de six décennies d’indépendances. 

Et il ne fait qu’épouser le dogme de l’autoritarisme dont les rapports entre les gouvernants et les citoyens sont fondés sur la force et non sur une légitimité démocratique. 

Raison pour laquelle, il a égrené dans son discours d’hier les motifs de son putsch sans pour autant mentionner la date du retour à l’ordre constitutionnel. 

Son seul agenda demeure:

  • l’amplification de la propagande, 
  • Embrigadement de la jeunesse, 
  • réglementation de tous les aspects de la vie sociale et culturelle, 
  • mise en place de cadres cooptés et non élus.
  • Restriction des libertés d’association, d’expression, d’opinion.
  • Multiplication d’Opposants bannis, exilés, emprisonnés, persécutés…
  • Surtout absence de respect des droits de l’homme

Dans ce cas, l’imposture et la supercherie malhonnête continueront. 

Aïssatou Chérif Baldé 

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