Au regard de toutes les souffrances qu’il a fait subir au peuple depuis le fameux NON qui a apporté tant de désillusions ensanglantées,, la physionomie de l’État guinéen n’a pour autant pas changé.
L’espoir suscité par l’ancien légionnaire français Mamady Doumbouya, le tombeur de l’opposant historique Alpha Condé le 05 septembre 2021 s’est estompé depuis.
Son régime est trempé aujourd’hui dans des scandales financiers sur fond d’une hérésie et surdité politique sans précédent.
La Guinée ne cesse donc de surprendre dans ses travers :un pays qui se proclame démocratique sous le régime de l’opposant historique mais tripatouille la constitution, organise des élections pour publier des résultats autres que ceux approuvés.
Des opposants qui se coalisent longtemps pour contester toute atteinte à la Constitution et qui, finalement acceptent de se présenter à l’élection présidentielle avec le candidat sortant à qui, on dénie pourtant cette prérogative.
Un Président de la République qui se prétend messie et utilise artifices et magouilles pour pouvoir s’arc-bouter sous les oripeaux d’une Constitution forcée et adaptée à sa posture.
Et un coup d’État militaire transformé en un pouvoir agonisant et agressif qui tue et oppresse le peuple.
Un ancien légionnaire français devenu sous peu de temps le pion de la françafrique, le symbole de la décadence d’un État sans repére.
Tels sont les grands traits de la physionomie de l’Etat guinéen depuis 2010.
En effet, c’est un pays à équations multiples qui pratique une démocratie de l’imposture, celle qui défigure le sens des mots et qui installe les maux de toute nature : injustice constitutionnelle, déni de justice constitutionnelle, contentieux sans juge impartial et indépendant, accaparement des biens publics, népotisme, détournement de pouvoir et de fonction, transhumance politique, compromissions contre nature, tueries de 30 d’adolescents sur fond de foulaphobie.
Et cette litanie est simplement indicative.
C’est la déliquescence de l’Etat qui constitue la marque de fabrique et le signe distinctif de la situation qui prévaut en Guinée.
Il est à cet égard ahurissant et suspect que certains, y compris la communauté internationale, continuent de croire, ou de faire semblant , que ce qui se passe en Guinée n’est que le reflet des turbulences que l’on retrouve partout ailleurs dans nos « démocraties de transition, encore bien fragiles ».
Et pourtant la réalité est toute autre en Guinée: c’est un pays sans Etat ; tout se confond avec la personne de l’ancien légionnaire français Mamady Doumbouya qui est à la fois l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire, et comme Janus, selon les circonstances et ses intérêts privés, le pays est orienté dans le sens de ses préférences.
Ainsi la Guinée est dans une transition politique qui n’en est pas. C’est toute la République qui est à terre, couchée, et qui n’est pas prête de se relever de sitôt.
Lorsque dans un pays on se targue de se situer sous l’empire d’une loi fondamentale abrogée, que le symbole de la République use et abuse de méthodes falsificatrices, que la justice se couvre d’un fétichisme juridique de mauvais aloi, c’est admettre et reconnaître que l’Etat n’est plus. On s’en sert à titre d’adjuvent.
Et on l’invoque pour donner une bonne fausse conscience à autrui qui assiste passivement avec une complicité effarante au chant du cygne.
Alors qu’on ne se trompe pas !
L’Etat guinéen n’existe plus !
A-t-il d’ailleurs jamais existé au regard de toutes les souffrances qu’il a fait subir au peuple depuis le fameux NON qui a apporté tant de désillusions ensanglantées ?
Non et non !
Il faut espérer et croire qu’il est encore possible de se relever.
Car la conscience citoyenne ne peut être statique ; elle constitue un souffle intemporel et universel qui finit toujours par s’incruster après avoir emporté ,bien souvent par rafales, ceux qui n’ont jamais cessé de se croire éternels.
L’Etat, certainement, n’est plus en Guinée ; mais il sera, irréversiblement, car demain il fera jour pour les despotes, faux putschistes et autocrates qui ne pourront échapper d’être engloutis par les flots de la marée montante qu’ils n’ont cessé de narguer ad nauseam.
C’est la rançon de l’incurie et de la gabégie, et ce ne sera pas trop payer pour le retour de l’Etat ,pilier de la Nation. Il reste tout juste à continuer la résistance, quelle qu’en soit la forme.
Aïssatou Chérif Baldé