Élections présidentielles au Gabon: deux poids, deux mesures de l’État français. 

Ce 26 août se sont tenues les élections générales au Gabon, combinant l’élection présidentielle aux législatives et locales.

L’actuel président, Ali Bongo Ondimba, au pouvoir depuis 14 ans, brigue un troisième mandat à la tête du Gabon, un pays qu’il dirige depuis 2009.

Son père Ali Bongo a, quant à lui, dirigé ce pays d’Afrique centrale pendant 41 ans.

La famille Bongo impose depuis 55 ans un pouvoir  dynastique, despotique, autoritaire, clanique, obscur aux peuples gabonais. 

Et c’est surtout l’un des pions clés de l’impérialisme mélanophobe français, un bras armé du système criminel dénommé françafrique.

Les candidats influents aux élections 

Treize candidats se réclamant de l’opposition se sont présentés face au président sortant.

Les élections dont les résultats seront connus dans les heures qui suivent, l’actuel président Ali Bongo Ondimba, malgré l’altération de sa santé suite à un accident vasculaire qu’il a subi en 2018 est candidat à sa propre succession. 

Il a en face de lui 13 autres candidats. Parmi ces candidats, une Alternance 2023 est née. Et elle est la principale coalition de l’opposition composée de 6 candidats qui ont porté leur choix sur le Pr Albert Ondo Ossa, âgé de 64 ans. 

La plateforme se définit comme « un cadre privilégié de concertations et d’actions communes en vue de constituer une alternative crédible au pouvoir en place en 2023.»

Cet ancien ministre de l’éducation nationale sous le régime d’Omar Bongo est soutenu par une somme de candidats qui étaient eux-mêmes candidats à l’élection présidentielle et qui sont assez représentatifs dans l’opinion. 

Selon certaines informations relayées par les médias proches du pouvoir, il serait aussi soutenu par le gouvernement français, car Ali Bongo serait en froid avec le président français Emmanuel Macron. 

Le peuple gabonais retient son souffle 

En attendant, le peuple gabonais essoufflé, humilié, pillé, dépouillé de sa richesse par un clan despotique au service de l’impérialisme français retient son souffle. 

Et le gouvernement gabonais a coupé internet et instauré depuis la fermeture des bureaux de vote un couvre feu. 

M Rodrigue Mboumba Bissawou, le ministre de la Communication, a déclaré à la chaîne de télévision publique ceci: En vue d’éviter «la propagation d’appels à la violence (…) et des fausses informations», «le gouvernement a pris la décision de suspendre jusqu’à nouvel ordre l’accès à l’internet sur toute l’étendue du territoire. Un couvre-feu sur l’ensemble du territoire est décrété et sera appliqué dès ce dimanche 27 août. Il sera de vigueur tous les jours, à partir de 19h, jusqu’à 6h». 

Côte de Paris ni actions, ni réactions 

Pendant ce temps, le président français Emmanuel Macron qui fait croire au monde entier que l’attitude paternaliste et impérialiste de son gouvernement vis-à-vis des putschistes du Niger qui ont évincé selon ses propos dangereux, un président issu d’une ethnie minoritaire brille par un silence religieux sur ce qui se passe au Gabon. 

C’est ni action, ni réaction sur  l’élection présidentielle taillée sur mesure pour Ali Bongo. 

C’est le choix plutôt du deux poids deux mesures de l’État français. 

Cette attitude de l’État français liée à la gestion des crises dans les pays africains révolte et interroge. 

Lors de la conférence annuelle des ambassadeurs organisée à l’Elysée ce lundi, on a vu un Emmanuel Macron obnubilé par sa vision néo-impériale tenir un discours paternaliste, néocolonialiste et manipulateur sur la situation actuelle au Niger. 

À travers ce discours, la France continue de croire qu’elle avait puissance du destin de l’Afrique, et que celle-ci lui appartiendrait.

Et c’est pour cela que Macron a défendu le maintien en poste de son ambassadeur à Niamey, alors que la France ne reconnaît pas la prise de pouvoir par les militaires, qui demandent son départ.

Quelle incroyable incohérence! 

Et pourquoi si la France serait soucieuse de l’instauration de la démocratie en Afrique, soutient-elle des putschistes constitutionnalistes, des despotes au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Gabon, au Togo, au Congo-Brazzaville et le putsch militaire au Tchad? 

Emmanuel Macron en rappelant dans son discours que Mohamed Bazoum est issu d’une ethnie minoritaire à cet instant critique, veut tout simplement pousser l’ethnie de ce dernier à se soulever contre les autorités de Niamey et prendre faits et gestes pour son pays qui est en train de perdre son influence malsaine en Afrique. 

Abandonné par ses alliés traditionnels dans cette crise nigérienne, il veut donc passer par tous les moyens pour stopper l’indépendance des peuples africains. 

Or dans ces anciennes colonies françaises aux indépendances confisquées, les populations africaines ont disparu. 

Leurs intérêts, projets, rêves, les spécificités de chaque pays, les aspirations des jeunesses de cette zone, il n’en est plus question. 

La France à l’instar de toutes ces puissances présentes en Afrique et incapables de mettre fin au terrorisme au sahel, vu l’avancée menaçante de la Chine, de la Russie, de la Turquie (pour elles) n’ont jamais eu autant besoin de renforcer leurs présence en Afrique sous prétexte d’instaurer des régimes fondés sur la démocratie. 

Et pourtant ces puissances y arrivent au prix de l’ingérence, de la subversion et de la guerre.

Le soutien de la France aux différents pouvoirs despotiques, notamment aux dynasties en Afrique, puisque ceux-ci sont au pouvoir pour défendre leurs intérêts et non celui du peuple africain est illustratif du deux poids deux mesures de l’État français. 

Et c’est cette attitude qui empêche les peuples du Niger de croire au messianisme de la France sur le destin de l’Afrique. 

Elle n’a plus voix au chapitre et n’a rien fait quand elle le pouvait. 

Et rien ne peut nous pousser à penser que la France officielle s’est convertie à d’autres sentiments. 

Avec de tels discours, il nous est interdit de penser à elle comme Messie, interlocuteur indispensable pour notre destin. 

De toute évidence, il n’existe dans aucune page de l’histoire ou des mythologies, où l’on a vu le dominant panser les plaies du dominé. 

Si nous sommes  des victimes, nous sommes désormais les seuls responsables de notre salut. 

Aïssatou Chérif Baldé 

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