La mésentente entre les dirigeants de l’organisation sous-régionale ouest africaine (Cédéao), antichambre de l’impérialisme occidental, n’est plus à cacher.
D’ores et déjà la réunion des chefs d’états majors qui devait avoir aujourd’hui lieu à Accra au Ghana a été annulée sine die.
Si on en croit à la CEDEAO, les raisons évoquées pour cette annulation semblent être d’ordre technique.
Et en dépit de tout, on constate aujourd’hui qu’au sein de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), tous les dirigeants ne sont pas pour une intervention militaire au Niger.
La République du Cap-Vert, l’une des démocratie les plus consolidées du continent africain annonce qu’elle pourrait ne pas participer à l’intervention militaire, si elle devait avoir lieu.
L’actuel président du Cap-Vert s’est exprimé en ces termes.
« Nous devons tous œuvrer pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Niger, mais en aucun cas par une intervention militaire ou un conflit armé en ce moment », a indiqué le dirigeant cap-verdien José Maria Neves hier vendredi devant la presse capverdienne.
Et lors du deuxième sommet extraordinaire de la CEDEAO de ce jeudi où il fut décidé de l’activation de la force d’attente de la CEDEAO, le président du Cap-Vert s’est fait représenter par son ambassadeur.
Le président togolais Faure Eyadema, qui lui était présent au sommet de la CEDEAO ce jeudi à Abuja tourne aussi dos au front des présidents de la CEDEAO va t’en guerre (Sénégal, Côte d’Ivoire, Nigeria, Bénin ) soutenus par la France.
Il déclare s’opposer à toute intervention militaire au Niger. Et il interdit aussi le survole de son territoire par tout avion en lien avec cette intervention militaire.
Rappelons que le Tchad et l’Algérie, pays frontaliers du Niger, refusent d’octroyer leur espace aérien à toute opération militaire au Niger.
Tous ces pays redoutent l’éclatement du Niger à l’image de la Libye ayant conduit à la présence des terroristes djihadistes au Niger, au Mali, au Burkina-Faso et surtout à la déstabilisation de ces pays
Ils optent tous pour la voie diplomatique pour résoudre le problème internigerien.
Beaucoup savent aussi que vu l’implication de la France dans ce conflit, qui était d’ailleurs présente officieusement à Abuja ce jeudi, que toute intervention militaire au Niger signifie soutenir l’État français dans sa politique d’asservissement et de spoliation dénommée françafrique.
Ils craignent aussi la colère de leur peuple en intervenant au Niger puisque la junte militaire nigérienne est aujourd’hui soutenue aussi par son peuple qui a manifesté hier devant la base militaire française à Niamey pour exprimer son approbation à toute intervention militaire, tout en demandant à l’armée française de quitter le Niger.
Mieux le peuple de la plus grande puissance économique du continent, le Nigeria n’a pas oublié l’implication de la France dans la guerre civile du Biafra.
Une guerre qui s’est déroulée du 6 juillet 1967 au 15 janvier 1970 et a avait pour conséquence la sécession de la région orientale du Nigeria.
Pendant cette guerre le président français Charles De Gaulle penche pour le Biafra en lui livrant des armes car, selon son conseiller Afrique Jacque Foccart, le général de Gaulle souhaite le « morcellement » du pays afin d’affaiblir la zone d’influence britannique et réduire l’influence du Nigeria anglophone en Afrique.
Les sénateurs nigérians ne souhaitent pas voir le pays frère qui est le Niger dans une telle situation. D’où leur opposition catégorique à une intervention militaire téléguidée par la France pour protéger ses intérêts.
Affaire à suivre…
Aïssatou Chérif Baldé