Pendant que le régime français et ses pions membres de l’organisation sous-régionale ouest africaine (Cédéao) s’activent pour intervenir militairement au Niger.
Des États européens comme l’Italie ou encore l’Allemagne prônent plutôt la voie diplomatique pour résoudre le problème internigerien.
Et ces deux États européens, en l’occurrence l’Allemagne et l’Italie, se sont prononcés officiellement sur la crise nigérienne ce 07 août 2023. Et chacun de son côté a fait savoir juste après l’expiration de l’ultimatum de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qu’il est impératif dans cette crise de trouver une solution diplomatique favorable au Niger.
Il faut rappeler que ces deux pays sont les premières victimes de la destruction de l’État lybien par la France puisqu’ils font face depuis à un afflux migratoire sans précédent.
Et c’est ce qui d’ailleurs en partie explique la montée en puissance de l’extrême droite dans ces deux pays.
En Allemagne, la montée, actuelle, fulminante dans les sondages du parti politique d’extrême droite (AFD) qui n’a d’autres programmes que l’islam, les immigrés inquiète à plus d’un titre.
Le gouvernement allemand n’a donc pour l’heure aucun intérêt à soutenir une guerre au Niger qui va sans doute déstabiliser de plus la zone sahélienne et toute la sous-région ouest-africaine et par conséquent pousser à une autre crise migratoire des africains vers l’Europe.
La première économie européenne fait face depuis le début de la guerre en Ukraine à plusieurs problèmes multiformes: inflation galopante, crise énergétique, grèves cycliques, croissance économique stagnante, montée en puissance de l’extrême droite.
C’est logique qu’elle opte donc pour une position différente de celle de la France, qui pourtant fait face à des problèmes plus graves que l’Allemagne tels que: Les grèves, la dette publique colossale de l’État français, la question des retraites, le chômage record des jeunes, l’émiettement de son économie.
Mieux, le traitement qu’on fait de cette crise nigérienne dans les médias allemands est très différent de celui des médias français.
Beaucoup d’analystes politiques allemand rendent la France responsable des crises récurrentes dans ses anciennes colonies à cause des structures néo-colonialistes que le gouvernement français sur fond de pillage, de défiguration de la démocratie continue de perpétuer.
M Robert Kapel professeur en économie de développement à l’université de Hambourg et de Leipzig, dans une interview accordée à la chaîne de télévision publique ZDF hier 08.08.2023 dira que « l’État français a poursuivi dans ce pays de façon impitoyable une stratégie néo-coloniale dans l’exploitation des matières premières, principalement de l’uranium, du pétrole et de l’or»
Il dira aussi que « La France n’a rien fait pour aider le Niger à faire face à ces problèmes économiques, afin de pouvoir redresser son économie.
Les pays partenaires au sein de l’UE auraient dû pourtant interpeller la France sur ces questions.
Mais L’UE selon lui a soutenu sans hésiter la politique néocolonialiste de la France au Niger et dans d’autres pays africains, sans regarder de plus près ce que Paris y faisait réellement. Pour lui, le président Bazoum déchu par les militaires n’était qu’un gouverneur français au Niger»
Parlant de la suspension des crédits de l’UE au Niger, faussement appelés aide au développement, il répondra « que cette suspension restera sans effet majeur sur la vie de la population nigérienne, car selon lui ces crédits n’ont servi qu’à l’entretien d’un appareil d’État et son élite corrompue. Et d’ailleurs ces crédits n’ont jamais contribué au développement des secteurs clés tels que l’électricité, l’industrialisation, et la création d’ emplois ».
Avant d’ajouter que malgré que le sous-sol nigérien contient énormément de l’uranium exploité depuis plus de cinq décennies par la France, 80 % des nigériens manquent d’électricité.
Pour lui « les crédits de l’union européenne faussement appelés aide au développement non jusqu’à présent servi qu’à l’exploitation des matières premières et à la lutte contre l’immigration.
La zone sahélienne, dans laquelle le français est encore officiellement parlé aujourd’hui, était perçue de manière générale, arrogante, méprisante par l’Occident comme “l’arrière-cour de la France”.
Et il pense que c’est logique de voir les putschistes s’inscrire dans un dynamisme de lutte contre le néocolonialisme français»
Une chose est certaine, les pays membres de l’union européenne qui font déjà face à des crises économiques, politiques multiformes ne sont pas prêts à accompagner aveuglement la France dans sa guerre néocoloniale contre le Niger.
Ce qui fut possible en Lybie, en Côte d’Ivoire ne peut plus être possible sur le continent.
Aïssatou Chérif Baldé