Ce pacte colonial communément appelé les accords de coopérations imposé aux anciennes colonies françaises avant d’accéder à une indépendance confisquée est très méconnu du public africain.
Ces accords qui ont causé la mort ou l’éviction sur fond de putsch ou rébellion de plusieurs chefs d’État africains ayant osé défier l’ancien colonisateur pour y mettre fin sont toujours d’actualités.
Des présidents africains tels que Sylvanus Olympio du Togo, Laurent Gbagbo de la Côte d’Ivoire , Pascal Lissouba du Congo-Brazzaville furent évincés parce qu’ils ont voulu réviser le pacte colonial.
Et ces accords de coopérations stipulent ceci:
1- Les États nouvellement indépendants doivent rembourser le coût des infrastructures construites par la France pendant la colonisation. Ces infrastructures ont été pourtant construites sur fond de coup de fouet dans le but d’assurer l’intérêt du pouvoir colonial.
2- Les pays africains doivent déposer leurs réserves financières auprès de la Banque de France. Ainsi, la France « garde » les réserves financières de ces colonies exceptés la Guinée depuis 1961.
3- La France a le premier droit d’achat des ressources naturelles de la terre de ses ex-colonies. Ce n’est qu’après que la France ait dit: « Je ne suis pas intéressé », que les pays africains sont autorisés à chercher d’autres partenaires.
4-Dans l’attribution des marchés publics, les entreprises françaises ont la priorité sur l’attribution.
Même si les pays africains peuvent obtenir un meilleur rapport qualité-prix ailleurs. En conséquence, dans la plupart des colonies françaises, tous les leviers économiques des pays sont entre les mains des expatriés français. C’est le cas par exemple de la Côte d’Ivoire ou du Sénégal.
L’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo s’est vu confronté en 2002 à une rébellion dans son propre pays lorsqu’il a voulu ‘’décoloniser’’ l’économie ivoirienne á son arrivée au pouvoir en 2000. Car jusqu’en 2002, les intérêts français en Côte d’Ivoire représentaient un tiers des investissements étrangers et 30 % du PIB ivoirien.
5- Selon les « accords de défense » attachés au pacte colonial, les Africains doivent envoyer leurs officiers supérieurs en formation en France.
6- En vertu de ce qu’on appelle « les accords de défense » attachés au pacte colonial, la France a le droit d’intervenir militairement dans les pays africains, et aussi de stationner des troupes en permanence dans les bases et installations militaires, entièrement gérées par les Français. D’où la présence de bases militaires françaises dans les anciennes colonies françaises, et sans l’avale des peuples africains.
7- Les États africains ont l’obligation de faire du français la langue officielle du pays et la langue pour l’éducation. D’où la création de l’instrument néocolonialiste dénommé la Francophonie.
8- Ils ont l’obligation d’utiliser le franc CFA (franc des colonies françaises d’Afrique.
9- Et ils doivent envoyer en France, un bilan annuel et un rapport d’État des réserves.
10- Les États africains doivent renoncer à toute alliance militaire avec d’autres pays, sauf autorisation de la France.
11- Enfin ils ne doivent s’allier qu’avec la France en cas de guerre ou de crise mondiale. Et ces pourquoi Macron était monté au créneau pour fustiger l’attitude des États africains qui avaient refusé de condamner Moscou dans la guerre en Ukraine.
Les peuples africains ne veulent plus de ce pacte colonial
Ces accords appelés aussi pacte colonial enseignés à la faculté des sciences politiques de l’université de Hambourg ne font pas l’objet de débat dans les anciennes colonies françaises.
Et deux professeurs de l’université de Hambourg du nom de Rainer Tetzlaff et Cord Jacobeit ont consacré un chapitre sur ces accord de coopération et la politique française de l’Afrique dans leur livre intitulé “l’Afrique postcoloniale” paru en mars 2005 dans les éditions « VS Verlag für Sozialwissenschaften GWV Fachverlage GmbH, Wiesbaden 2005»
Et pourtant ces accords tabous dans les pays où ils sont toujours valables, les peuples africains n’en veulent pas.
Car ces accords de coopérations engendrent des parodie d’élections démocratiques, avec ses grosses ficelles et ses manœuvres éhontées. Et ils n’ont pas l’air de s’arrêter malgré la disparition des dictateurs que sont Omar Bongo et Gnassingbé Eyadema, Idriss Deby.
Au contraire, la France a sans cesse fourni des nouvelles ressources pour permettre aux trois fils de perdurer afin d’assurer la continuité en imposant ces fils de dictateurs à la succession des anciens pions et garantir leurs intérêts dans les pays, et ceci malgré les dénonciations récurrentes des peuples d’Afrique.
C’est cette attitude de la France qui conduit en partie à l’acceptation des coups d’Etat militaires à répétition en Afrique de l’ouest.
Et la position belliqueuse de la France dès les premières heures du coup d’État militaire au Niger a poussé le peuple nigérien à soutenir les putschistes nigériens.
Le président français Emmanuel Macron a dévoilé à travers ses sorties médiatiques qu’il ne peut plus tolérer que le Niger entre aussi dans le camp des désobéisseurs à l’image du Mali, du Burkina-Faso.
Et il l’a fait savoir en ces termes« il ne tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêts».
En clair, les interventions de la France au Sahel n’a rien à voir avec une envie d’instaurer un système démocratique consolidé et irréversible.
Si tel était le cas, il n’allait pas tolérer le coup d’État militaire au Tchad ou encore les putschs constitutionnels et les République dynastiques despotiques existant dans la plupart de ces anciennes colonies.
La France est restée dans ses pays pour protéger son intérêt économique et hégémonique sur fond d’ingérence, d’asservissement, et de défiguration de la démocratie.
Et c’est de bonne guerre.
Que doit faire l’Afrique ?
L’Afrique se doit de tirer le maximum d’enseignements de cette réalité en apprenant à distinguer les conséquences des actes de sabotage économique et de déstabilisation des dirigeants qui osent dire « non » de la mauvaise gestion que les démocraties occidentales savent, du reste, pardonner tant que leurs intérêts ne sont pas menacés.
Il serait donc naïf de la part des africains , de croire que ce sont les autres, qui vont contribuer à l’instauration d’un système démocratique fiable et consolidé en Afrique.
Sachez bien que dans beaucoup des cas, les transitions démocratiques en Afrique ainsi que le vote ne servent qu’au renouvellement du personnel local du système-monde. Les électeurs locaux en deviennent, à leur propre insu, des clients de la politique spectacle et les victimes des rapports marchands qui lui sont sous-jacents. Les sujets qui peuvent écorcher les oreilles du G7, de l’UE tels que le pillage des matières premières de l’Afrique, le diktat des grandes puissances, la dette extérieure, les réformes néolibérales, la mauvaise gouvernance, les violations graves des droits de l’homme, les putschs constitutionnels, l’immigration mortelle sont soigneusement écartés du débat électoral quand débat il y a.
Pourtant dans ces problèmes se trouvent indéniablement les causes du coup d’État militaire en Afrique.
Aïssatou Chérif Baldé