La cérémonie d’investiture du président turc Erdogan, réélu pour 5 ans le 28 mai, s’est tenue ce samedi 03 juin 2023 dans le complexe présidentiel à Ankara.
Cette investiture a réuni 21 chefs d’État, 13 Premiers ministres, des représentants du Parlement et des ministres, ainsi que des représentants d’organisations internationales, notamment de l’Organisation des États turcs (OET), de l’OTAN et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).
Parmi ces invités figurent plusieurs chefs d’États africains.
On peut notamment citer le président de la transition guinéenne Mamadi Doumbouya, le congolais Denis Sassou Nguesso, le Gabonais Ali Bongo Ondimba, le Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embaló, le Rwandais Paul Kagame, le Sud-Africain Cyril Ramaphosa, le somalien Hassan Sheikh Mohamud.
Une première visite officielle de Doumbouya en dehors de l’Afrique
Pour le président de la transition guinéenne Mamadi Doumbouya, il s’agit de sa troisième visite officielle hors du pays depuis son putsch militaire du 05 septembre 2021 et sa première en dehors du continent africain.
Sa présence en Turquie est tout de même particulière. Car c’est dans ce pays que vit le président Alpha Condé en exil depuis un certain temps. Et il refuserait comme convenu de retourner en Guinée.
Alpha Condé de son exil doré ne rate pourtant aucune occasion pour s’ingérer dans la politique interne du pays.
En coalition aujourd’hui avec ses anciens opposants contre le régime militaire guinéen, il tente depuis la Turquie à travers des manifestations des forces vives de récupérer le pouvoir qu’il a perdu le 05 septembre 2021.
Une situation qui aurait même conduit par moment à des brouilles diplomatiques entre la Turquie et la Guinée.
Il reste à savoir maintenant si cette présence de Mamadi Doumbouya à l’investiture d’Erdogan permettra au président turc de réconcilier les deux hommes apparemment opposés et pourtant intimement liés comme le jour et la nuit.
Car une Guinée instable n’arrange en aucun cas les intérêts économiques turcs en Guinée.
La présence de Mamadi Doumbouya en Turquie n’est pas un fait de hasard
De toute évidence la politique guinéenne est conçue juste pour dominer le jeu, en se jouant des guinéens et les événements, l’intérêt étant son but et l’intrigue son moyen.
Et les détenteurs du pouvoir en Guinée pensent d’ailleurs qu’il est une conspiration permanente et ne se partage pas.
On sait aussi que selon Franklin Roosevelt: « En politique, rien n’arrive par hasard. Chaque fois qu’un événement survient, on peut être certain qu’il avait été prévu pour se dérouler »
Ceci dit, la vie politique reste jonchée d’écueils, d’alliances, motivées par des élans généreux, simplement parce que l’affrontement des egos ne peut pas conduire à des ralliements qui sont considérés comme des échecs, des soumissions, des emprises les uns sur les autres.
Un fait juste normal, car la politique est un état de guerre permanent, un théâtre d’affrontement d’idées mais aussi de personnalités.
Et dans le monde politique, le hasard ne peut pas y trouver sa place.
Il y règne plutôt, les crises, les intrigues, des erreurs, des pièges, mais qui ne surgissent pas de façon hasardeuse.
Et ils servent plutôt d’indicateurs pour rectifier une trajectoire, explorer de nouvelles orientations, expérimenter un autre chemin.
Certainement Doumbouya se sert de sa présence en Turquie pour rectifier sa trajectoire, explorer de nouvelles orientations, expérimenter un autre chemin.
Une démarche moins étonnante, car les hommes du pouvoir en Afrique n’ont pour la plupart aucun intérêt à articuler la légitimité de leur pouvoir sur les institutions modernes telles que les élections démocratiques, inclusives, transparentes et légales.
Tous les termes qu’ils utilisent tels que refondation de l’État, justice, équité, corruption, panafricanisme ne sont que des accessoires, des slogans creux vides de sens, du trompe l’œil.
Ils sont conscients que c’est la négation du processus électoral qui est la base de légitimation de leur pouvoir politique.
Et cela conduit le plus souvent à la naissance d’un pouvoir autoritaire, personnalisé et au torpillage des transitions politiques.
D’où la nécessité de pousser à la défiguration de la démocratie et renforcer donc le système autoritaire.
Dans ce contexte, il n’est pas donc exclu pour atteindre ces objectifs qu’on fasse usage de tous les moyens, même l’organisation d’un faux coup d’État militaire par exemple pour perpétuer un pouvoir hégémonique, clanique, ethniciste.
Aïssatou Chérif Baldé