À l’entame “Une nationalité n’est pas une origine ni géographique ni ethnique, elle n’est qu’un état juridique d’appartenance à un pays, auquel est attaché droits et devoirs”.
Alors pourquoi les africains ont peur de dire je suis originaire d’Afrique mais je suis français ou allemand ?
Et pourtant les antillais disent je suis Guadeloupéen, je suis réunionnais.
Les enfants européens métissés se réclament des deux nationalités de leurs parents. Ils disent à cet effet, je suis franco-belge.
Les français, allemands ou belges d’origine africaine doivent assumer leur double culture, et non s’empresser de répondre aux injonctions de ceux qui les poussent à dire « J’aime la France ou l’Allemagne , je suis fière d’être français ou allemand» pour être accepté comme allemand à part entière, et prouver par ailleurs qu’ils n’ont rien à voir avec l’Afrique.
Leroy Sané a été accusé par exemple d’avoir prononcé des paroles racistes à l’encontre de Sadio Mané, mardi 11 avril 2023, en marge du quart de finale aller de Ligue des Champions entre Manchester City et le Bayern Munich (3-0).
Or le Leroy Sané a un père africain. Son agissement démenti par son Club et qui n’est pourtant pas rare en Allemagne, illustre en effet le complexe d’infériorité que dégage nos enfants qui naissent dans les sociétés occidentales marquées par des préjugés racistes vis-à-vis de l’Afrique.
Car une chose est pourtant certaine, à force de vouloir coûte que coûte forcer une acceptation sur fond de déni de ses origines, beaucoup cherchent à gommer à tout prix une partie d’eux-mêmes. Et c’est triste.
Cette façon de voir ou de procéder n’est pas seulement une monstrueuse aberration, une tragédie, mais c’est surtout un déni d’amour face à ce que nous sommes.
Mais c’est aux parents d’apprendre à leurs enfants la fierté de leurs origines”.
Et nous devons surtout savoir que la survie de notre continent, qui est l’Afrique, dépend de la sauvegarde de nos valeurs originelles, nos langues, nos traditions et nos cultures.
La diaspora juive a survécu des différentes persécutions, dont elle fût victime partout en Europe parce qu’elle a su jalousement garder sa tradition, sa langue, sa culture.
Alors s’intégrer dans son pays d’accueil ne signifie surtout pas le rejet de soi-même, l’aliénation ou l’assimilation.
Ce sont par ailleurs deux concepts qui sont souvent mêlés quand on définit le processus par lequel se façonne l’identité des africains.
Le concept assimilation signifie amener l’autre à votre niveau, le rendre semblable à vous. Alors on n’applique un dispositif de rattrapage de type discrimination positive. Or même ceux qui croient être assimilés ont du mal à être acceptés au sein de leur pays d’accueil.
Quant à l’aliénation, elle assure une domination des esprits dont les effets restent, même quand on est physiquement parti. Et c’est fut d’ailleurs le choix de la plupart des puissances impérialistes dans leurs colonies. Il leur suffisait pour ce faire d’aliéner l’élite, user de la peur sur le politique et de la flatterie envers l’intellectuel.
Par après finir par former des commis subalternes et une poignée d’aliénés diplômés, qui allaient perpétuer la domination du maître après lui.
La plupart des pays africains sont encore aujourd’hui dirigés par cette poignée d’aliénés diplômés devenus l’alliés et « la voix de son maître» sur le continent et participe à la fragilisation des régimes politiques que le maître met à mal depuis l’indépendance par des coups d’états, des assassinats de leaders…
Ceci dit, ces deux concepts n’apportent donc rien de bon pour le continent africain et sa diaspora.
Au contraire, en restant figés dans ces schémas coloniaux, nous n’allons pas en tant que diaspora africaine jouer un rôle de constructeur de la pensée pour le continent.
Nous devons en outre mettre l’accent sur l’importance de nos langues maternelles, car parler nos langues maternelles ou véhiculer nos traditions à nos enfants en symbiose avec les réalités de nos pays d’accueil est un plus, une valeur intrinsèque pour nos enfants et le continent africain.
Ainsi ils seront mieux armés et moins vulnérables au racisme, à la xénophobie et à la discrimination.
Car, on sait depuis Gandhi que l’on ne peut pas atteindre l’imaginaire avec la langue des autres, cette langue qui est le fondement de l’identité, cet imaginaire qui introduit l’enfant dans le groupe.
Aïssatou Chérif Baldé