Chronique: Célébrons la journée mondiale de la liberté de la presse. 

Le 03 Mai est la journée mondiale de la liberté de la presse. 

Pour rappel cette date a été instaurée par l’Assemblée des Nations Unies en décembre 1993 après la tenue du séminaire pour le développement d’une presse africaine indépendante et pluraliste.

Car nous savons que les années 90 furent marquées par le début de la naissance d’une presse africaine indépendante. Une situation qui fut accélérée par le vent de changement démocratique qui soufflait déjà sur le continent. 

Ce séminaire s’est déroulé à Windhoek (Namibie) en 1991, et a conduit à l’adoption de la Déclaration de Windhoek sur la promotion de médias indépendants et pluralistes.

Il s’en suit après la Déclaration de Windhoek exigeant l’établissement, le maintien et la promotion d’une presse pluraliste, libre et indépendante et mettant l’accent sur l’importance d’une presse libre pour le développement et la préservation de la démocratie au sein d’un État, ainsi que pour le développement économique. 

Et depuis la journée mondiale de la liberté de presse est célébrée le 3 mai de chaque année, date à laquelle la Déclaration de Windhoek a été adoptée. 

La genèse de cette journée est due donc à l’implication de plusieurs acteurs africains et en lien avec l’Afrique.

Bilan actuel sur le continent africain 

Certes, il y a eu beaucoup d’avancées et une nette amélioration par rapport à la liberté de la presse et les conditions de travail des journalistes sur le continent africain. 

Nous avons aussi assisté à la naissance de beaucoup de médias sur le continent qui font un travail remarquable d’information et de sensibilisation surtout en milieu rural. 

Mais il faut retenir que beaucoup de pays africains comme la Guinée font partie de ces pays où les journalistes peuvent être persécutés, emprisonnés, portés disparus voire tués, pour leur travail.

L’assassinat du journaliste Mamadou Koula Diallo en 2016 à Conakry dans le cadre de l’exercice de son travail illustre cet état de fait.. Et ce n’est pas un fait isolé en Guinée.

En  Guinée par exemple, chaque régime tente d’écraser dans l’œuf la liberté de la presse. 

La radio FIM FM a expliqué aujourd’hui dans son émission radiophonique (Mirador) qu’elle rencontrerait d’énormes obstacles liées à l’implantation de son média à l’intérieur du pays. 

Et selon elle, ses obstacles seraient l’œuvre d’un proche du pouvoir militaire guinéen. 

Or la liberté de la presse, “le droit de dire et d’imprimer ce que nous pensons est le droit de tout homme libre, dont on ne saurait le priver sans exercer la tyrannie la plus odieuse.”

 “Soutenir la liberté de la presse, c’est la base de toutes les autres libertés, c’est par là qu’on s’éclaire mutuellement.” 

Et c’est pourquoi nous devons tous nous y mettre pour empêcher le musellement de la presse en Guinée. Le combat des uns et des autres pour obtenir cette liberté de presse, ne doit pas être vain.

Nous devons refuser et dénoncer le bâillonnement, la censure ou le musellement de la presse, par une junte militaire qui a pourtant bénéficié du soutien de la presse après son coup d’État militaire du 05 septembre 2021. Car notre liberté en dépend et elle ne saurait être limitée sans être perdue.

Sous le régime d’Alpha Condé, mettre des journalistes sous autorité judiciaire dans le cadre de l’exercice de leur travail et cela conformément aux dispositions de loi de notre pays  était devenu la règle. 

Or de telles intimidations ne sauraient jamais éteindre notre liberté de presse difficilement acquise. 

Nous devons nous unir et faire bloc contre toutes formes de dérives de l’État visant à verrouiller la liberté d’expression.

Nonobstant cette situation et surtout les conditions de travail très difficiles pour les journalistes guinéens et leur précarité matérielle, la liberté de presse demeure la pierre angulaire de la démocratie. Il est impératif de la sauver de toute forme de restrictions et despotisme latent , pour protéger notre démocratie à l’état embryonnaire.

Il est surtout important de se battre pour la mise en place d’un journalisme objectif et sérieux qui respecte la déontologie et l’éthique du métier de journaliste. 

Car le journalisme est en passe de devenir en Guinée un instrument dangereux d’arnaque, de manipulation, de diversion, de sexisme, de misogynie et de démagogie.

Et comme le disait Chateaubriand “Les ennemis de la liberté de la presse sont d’abord les hommes qui ont quelque chose à cacher dans leur vie, ensuite ceux qui désirent dérober au public leurs oeuvres et leurs manoeuvres, les hypocrites, les administrateurs, les auteurs sifflés, les niais dont on se moque, les intrigants et les valets de toutes espèces. La foule des médiocrités est en révolte contre la liberté de la presse : comment un sot ne sera pas en sûreté “

AISSATOU CHERIF BALDE

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *