Guinée: Discours d’un ministre de la Défense nationale sur fond d’une politique anti-peule sans gêne. 

Noam Chomsky écrivait en 1969 Ceci “C’est la responsabilité des intellectuels de dire la vérité et de dévoiler les mensonges.”

Sauf que le discours de M Sidiki Camara dit Idi Amin, actuel ministre de la Défense nationale guinéenne qui circule sur les réseaux sociaux, démontre tout à fait le contraire. 

On comprend à travers ce discours à quel point aller à l’école, savoir manipuler la langue de Molière ne sont pas synonymes, de discernement, de saisir, de connaître, de comprendre, de concevoir l’histoire des peuples africains. 

Dans ce discours, on voit un ministre de la Défense nationale décontracté qui parle de la Guinée comme nation en occultant sur fond d’un ethnisme politique subtile, l’histoire du peul, ses origines, sa place dans la nation guinéenne de Sidiki Camara. 

Car dans sa compréhension de la nation guinéenne les peuls doivent être perçus comme un peuple envahisseur, agresseur, venu d’ailleurs et qui n’a donc pas sa place en Guinée. 

En bon ethno-stratége, le ministre de la Défense pro françafrique parle de l’histoire de l’Afrique sans référence. Il pervertit même l’origine des peuls. 

Mais son objectif est clair, il est dans une logique de mettre en avant son appartenance au projet  Manden-Djallon initié par le régime de son ancien chef Alpha Condé. 

Ce projet, avec ses nouvelles ailes, qu’il a pu obtenir grâce au coup d’État militaire du 05 septembre 2021, sans avoir pourtant pas mouillé le maillot, il doit le défendre. 

Sidiki Camara, faisant partie de cette élite guinéenne ethniciste, qui défend depuis l’indépendance un système politique anti-peul, qui survit grâce à la haine, à l’exclusion, à l’oppression sait qu’il doit défendre ce projet machiavélique pour la survie de leur régime. 

Car il est conscient qu’il n’est pas devenu ministre de la Défense nationale, parce qu’il est le plus compétent. Mais plutôt parce qu’il porte le bon patronyme, dans une nation guinéenne émiettée et anti-peule.

D’où la nécessité de comprendre que l’analphabétisme est certes un facteur qui entrave à l’avènement du progrès d’une société, mais il n’est pas aussi déterminant, car c’est pas, parce qu’on ne peut pas voir la vérité à travers l’écriture, que l’on ne serait pas en mesure de la contempler à travers les contours d’une certaine image. 

Par contre la scolarisation de l’élite guinéenne à l’image de Sidiki Camara pose problème. Cette élite se comporte en illettrée, puisque c’est elle qui est partie à l’école dans le seul but d’ériger un système autoritaire, fondé sur l’exclusion, la xénophobie, l’ethnisme politique, où le droit à la vie, à la santé et à la dignité n’est pas consubstantiel aux citoyens guinéens.

Donc c’est bien elle, les vrais analphabètes qui n’ont pas pu après plus de six décennies d’indépendance créer une société guinéenne développée et épanouie, qui ne fait pas de nos différences un problème.

Or l’ethnicité politique M Sidiki Camara: À force d’en faire une ressource fondamentale en Guinée depuis l’indépendance, d’en faire un moyen et une fin dans la conquête du pouvoir a acquis une force sur tous les acteurs du pays.

Finalement vous êtes parvenus à faire d’elle une approche essentialiste et primordialiste qui risque d’être privilégiée, au nom d’un certain « réalisme » ou « pragmatisme » professionnel dans les procédés de résolution des conflits.

Et d’ailleurs, en se référant sur vos nominations, sur vos attitudes ethnicistes et votre discours, on comprend bien que nous y sommes déjà. 

Pour l’heure, puisque que vous manquez, d’ambitions réelles, pragmatiques, pratiques pour le développement du pays, l’ethnicité est la seule solution que vous avez voulu pour la Guinée qui est piégée par des antagonismes ethniques quasi-ataviques, une lutte pour les droits, pour la démocratie ; une démocratie parfois confondue avec le pouvoir de la majorité démographique.

Car aujourd’hui même lorsqu’on est face à la vérité crue dans ce pays, on tente de la pervertir sur fond d’ethnicité. 

Et c’est ce que M Sidiki Camara a fait dans son discours qui circule sur les réseaux sociaux tenus devant des officiers militaires adeptes sans doute de son idéologie anti-peule. 

Cet homme a pourtant sa veste à la main. Il peut ainsi la retourner quand ses intérêts sont en jeu. Et en principe sa responsabilité pénale individuelle devrait être aussi engagée dans le procès du 28 septembre 2009.

Mais il porte le bon patronyme. Il est au dessus de la loi.

Sacré pays !

Dans ce contexte M Sidiki Camara, le mieux serait d’institutionnaliser l’ethnicité en fixant des quotas à tous les niveaux politiques et administratifs. Ils seront ensuite coulés dans la Constitution et la loi n’est ce pas. 

Sinon à défaut, d’allumer votre cerveau en tant que classe dirigeante, en refusant de répondre aux difficultés politiques et sociales auxquelles le pays est confronté par la mobilisation des arguments et des passions ethniques, vous déclarez les peuls apatrides, donc sans nation. 

Ou bien, vous faites le choix de faire tomber carrément le masque ethnique du clientélisme politique pour le bien être du peuple.

Et dans ce cas, de nos différences naîtra forcément notre force pour en finir avec des crises politiques cycliques plus ou moins violentes.

Aïssatou Chérif Baldé

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