Guinée: Une nation fondée sur l’ethnisme politique ne peut se rassembler autour d’une mémoire collective.

En effet, il est remarquable qu’un peuple laissé à l’abandon par ses chefs ne peut se transformer en une nation. 

Dans ce contexte, il est très difficile que l’annonce du décès hier 08 avril 2023 de l’ancienne première Dame Djènè Kaba Condé puisse pousser au rassemblement, à l’unité des Guinéens. 

Le manque de compassion affiché de certains citoyens guinéens juste après l’annonce du décès de l’ancienne première Dame confirme cet état de fait. 

Ceci démontre que la société guinéenne est encore marquée par la division, la haine et les préjugés. 

La division de la société guinéenne qui persiste et se pérennise en Guinée ne date pas d’aujourd’hui. 

Sauf que les dix ans d’Alpha Condé passés au pouvoir ont accentué cette division sur fond d’ethnisme politique de façon remarquable. 

Et son éviction du pouvoir le 05 septembre 2021 n’y a rien changé. 

On constate plutôt que les répercussions du divisionnisme sur les partis politiques, les médias, la société civile et les particuliers réglementent dorénavant le fonctionnement de la société guinéenne. 

Ce phénomène aux conséquences graves incalculables encouragé et entretenu par l’État à infesté tel un parasite la société guinéenne. 

Les événements tels que les pendaisons du 25 janvier 1971 à Conakry, les exactions de juillet 1985, les tueries du 28 septembre, la barbarie de ces dix dernières années du pouvoir de M Alpha Condé n’arrivent toujours pas à servir de leçon à l’élite guinéenne. 

Sinon la junte militaire guinéenne après son coup d’État militaire le 05 septembre 2021 n’allait pas aussi procéder à des nominations sur fond d’ethnisme politique. 

Elle n’allait pas aussi être comptable de morts de jeunes guinéens innocents. Et il n’allait pas exister de prisonniers politiques aujourd’hui en Guinée. 

Mais on voit bien que les actuels dirigeants guinéens font aussi recours aux pratiques de leurs prédécesseurs basées sur le patronage. Des pratiques qui alimentent l’ethnocentrisme politique pour freiner l’émergence d’une société basée sur le mérite. 

On constate par exemple que les nouvelles autorités guinéennes pour les emplois à des positions clés au niveau gouvernemental et dans les grandes entreprises, elles y placent des amis et des alliés provenant de leur propre région ou communauté ethnique, plutôt que d’employer des personnes selon leurs talents et compétences. 

Enfin, Alpha Condé est parti, mais rien n’a changé. 

Pire, la plupart des personnes qui font de la politique ou qui semblent avoir une certaine notoriété aujourd’hui en Guinée brillent que par des allégations divisionnistes. 

Tout le monde dans ce pays pour des intérêts personnels, pécuniaires et ethniques prêche presque de la haine. 

Les organisations régionales, les hommes religieux, les hommes de médias, les politiques, les activistes, les militants de partis politiques. Chacun a sa façon fait usage d’expression orale, écrite ou d’acte de division pouvant générer des conflits au sein de la société guinéenne ou des querelles fondées sur l’ethnicité. 

On façonne le peuple à cause de la lutte  factionnelle pour le contrôle suprême de l’État comme jadis les colons les distinctions ethniques au sein de la société guinéenne.

Pourtant on voit bien que cette division sur fond d’ethnisme politique dont les conséquences sont pernicieuses sur la santé de la société guinéenne n’a permis depuis son indépendance qu’à une petite faction de profiter des richesses du pays. 

Et présente partout et dans l’opposition et dans la mouvance, elle empêche tout changement positif pouvant faire émerger la Guinée au profit de la population.

Or il faut alors retenir ceci: aucun gouvernement de ce monde basé sur l’ethnie, la région ou une faction politique ne peut être l’œuvre d’une prospérité durable, inclusive. 

Le contrat social vous liant avec le peuple de Guinée ne doit pas faire que quelques heureux ethniques. 

Et chacun dans la société guinéenne doit être protégé, doit aussi avoir la possibilité de participer à la gestion de l’État quelque soit son affiliation ethnique ou politique.

Nous devons  en tant que citoyen refuser d’être instrumentalisé par des acteurs étatiques et politiques guinéens assoiffés de pouvoir qui ne sont  pas là pour servir le peuple mais plutôt pour se servir du peuple. 

Les actes de ces fanatiques, ethnicistes, haineux, médiocres sans réelle ambition pour le pays doivent révolter et pousser à l’indignation de chaque citoyen conscient. 

Car il n’existe surtout aucun motif  légitime qui justifie le maintien au pouvoir des personnes qui font de nos différences un problème. 

De même il n’existe aucun motif légitime qui justifie le soutien aux partis politiques ethnicistes, hégémoniques dominants. 

Le pouvoir politique dans le contexte africain et guinéen et surtout compte tenu des frontières arbitraires héritées du passé colonial avec de graves conséquences sur le processus de construction des nations africaines se partage. 

Lorsqu’on est soucieux de rassembler les Guinéens autour de la nation guinéenne sur fond de justice, de solidarité et d’égalité, on ne va pas opter pour le pouvoir suprême. 

Et dans une situation exceptionnelle et incommode, le partage du pouvoir doit être une normalité.

Certes, on peut dans une telle nation avoir des divergences, se ménager, tantôt s’opposer. 

Mais on collabore lorsque l’intérêt du pays l’exige sans oublier jamais qui nous sommes ni ce que nous voulons. 

On prendra soin de permettre au peuple d’exprimer son opinion et défendre ses intérêts, et aux différents groupes sociaux de s’incarner dans des institutions comme les partis politiques, les syndicats, les associations, qui eux-mêmes s’opposent, discutent, s’équilibrent plus ou moins, servent de relais avec le pouvoir et permettent d’en infléchir les décisions. 

On aura ainsi une nation constituée d’un peuple avec une mémoire collective. 

Et les Guinéens apprendront à s’aimer et à s’accepter dans le respect, la diversité et la dignité. 

La haine étant un feu qui brûle plus le haineux que ces gens qu’il déteste, ne sera qu’un passé lointain. 

Aïssatou Chérif Baldé 

Un commentaire

  1. Aissatou, je suis tout à fait d’accord avec ton analyse mais le mal est que certains ne te comprendront pas par haine et injustice.

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