Guinée: Le développement du pays, affaire de volonté politique. 

Le développement pour la Guinée est possible, mais pas n’importe comment. 

A l’évidence, la Guinée stagne après six décennies d’indépendances. 

Le pays stagne aujourd’hui à tel point que la jeunesse guinéenne confrontée à un manque criard d’infrastructures sportives transforment les rues de Conakry en des lieux de loisirs et de sports. 

On a comme l’impression qu’il n’y jamais eu de ministre de la jeunesse ou de sport dans ce pays. 

C’est donc une réalité et elle a besoin de développement. Mais quel genre de développement ?

En tout cas, pas un développement fondé sur la croissance à la solde d’une économie néolibérale. 

Car pour évaluer la croissance elle-même, on ne peut passer sous silence des facteurs tels que « le niveau d’éducation de la population, la qualification de la main-d’œuvre, l’organisation du système productif, la réduction des goulets d’étranglement et, surtout, la qualité de l’action gouvernementale – la gouvernance. 

Et le développement d’un pays n’est surtout pas une question de communication démagogique, de promesses fallacieuses, de propagande digne d’un régime communiste, avec une manipulation insidieuse que l’on observe aujourd’hui avec la junte militaire guinéenne. 

En effet le développement d’un pays doit être axé sur la satisfaction des besoins essentiels des générations actuelles et futures, en rapport avec les contraintes démographiques (eau, nourriture, éducation, santé, emploi), amélioration de la qualité de vie (services sociaux, logement, culture…), le respect des droits et des libertés de la personne, le renforcement de nouvelles formes d’énergies renouvelables (éolienne, solaire, géothermique)etc. 

Les promesses fallacieuses et irrationnelles égrenées depuis six décennies par les dirigeants guinéens ne peuvent pas se substituer à ces faits.

De tels projets de développement nécessitent des évolutions positives dans les changements structurels d’une zone géographique ou d’une population. Des changements structurels d’ordre démographiques, techniques, industriels, sanitaires, culturels, sociaux… 

Il n’y a que ces changements, qui peuvent engendrer l’enrichissement et l’amélioration des conditions de vie des peuples, ainsi que le progrès. 

On doit noter que le projet de développement économique d’un pays associé à la notion du progrès ne peut pas seulement se limiter à l’exploitation des ressources naturelles. 

Il doit avant tout encourager l’innovation via les recherches, l’éducation, l’accroissement de la sécurité juridique. 

Et comme mentionné d’ailleurs ci-haut, le développement économique ne se mesure pas seulement qu’à la croissance économique d’un pays qui n’est qu’une composante du développement économique. 

Un fait qui explique d’ailleurs pourquoi malgré la croissance économique actuelle positive dans bon nombre de pays africains notamment en Guinée, les dirigeants guinéens n’arrivent toujours pas à sortir la Guinée du trou d’air. 

À priori, cette croissance économique tant vantée ces dernières années n’a pas pu réduire la pauvreté, ni renforcer la cohésion sociale. Elle a plutôt renforcé les inégalités de façon exponentielle dans le pays.  

Mieux, d’une manière plus générale, la croissance correspond, pour une nation, à une augmentation soutenue et durable – pendant une période suffisamment longue – de la production de biens et de services appréhendée par des indicateurs comme le PIB ou le PNB. 

Étant donc une notion quantitative et plus abstraite, il peut y avoir de croissance sans développement et inversement du développement sans croissance. 

Alors vouloir vanter une croissance économique non soutenue, non durable, sans développement et réduction des inégalités sur le terrain est une preuve de la non maîtrise de la notion du développement. 

Comment faire pour avoir une croissance soutenue et durable? 

Pour avoir une croissance soutenue et durable, pour lutter efficacement contre la pauvreté dans un pays comme la Guinée, l’objectif sera d’augmenter le taux de croissance de façon soutenue et durable, afin de créer les conditions idéales pour une large redistribution des richesses. 

  • Il faut essayer dans ce cas de miser sur la croissance extensive avec une augmentation des quantités de facteurs de production (culture de nouvelles terres, ouverture de nouvelles usines) puisqu’elle génère des créations d’emplois.
  • Mettre surtout tout en œuvre pour que la croissance soit à la portée de l’économie nationale en donnant la priorité à la réhabilitation et au renforcement des capacités dans le secteur privé national, l’Agriculture, l’Énergie et l’Industrie. 

Ce qui signifie qu’il va falloir commencer par accorder une place de choix à la promotion des PME et TPE à travers le développement d’un partenariat gagnant  et inclusif avec le secteur privé national.

En effet, les PME/PMI  représentent un levier important dans le développement économique de notre pays. 

Malgré ses potentialités, ce segment d’entreprises reste confronté à des difficultés d’accès au financement, aux marchés, à l’investissement et aux débouchés commerciaux en Guinée. 

Et comment y palier ? 

Il faut commencer par faire des  PME  de véritables moteurs de la croissance, en apportant un appui affirmé aux opérateurs économiques nationaux à travers: 

  • une concertation permanente et un dialogue proactif avec le Patronat ; 
  • une assistance aux PME/PMI dans les efforts de renforcement de leurs capacités managériales et technologiques ; 
  • la mise sur pied d’un réseau organisé de PME/PMI pour promouvoir les clusters et des « champions nationaux » à l’instar des économies émergentes ; 
  • la participation des PME/PMI dans les secteurs stratégiques et les grands projets structurants ; 
  • l’application effective du principe de la préférence aux PME nationales par un pourcentage à déterminer  pour les  marchés publics à l’instar des pratiques internationales en la matière. 

La levée des contraintes est nécessaire 

Mais il faut aussi surtout parvenir à lever les contraintes qui entravent  le développement du secteur agricole : difficultés d’accès à l’eau, à la terre et au financement pour instaurer une véritable agriculture moderne et inclusive, reposant sur : 

  • une véritable réforme foncière en mettant les intérêts et besoins des populations rurales au cœur de celle-ci ; 
  • le développement de la mécanisation et de l’irrigation agricoles ; 
  • la fourniture d’intrants agricoles en quantité et en qualité à des prix accessibles ; 
  • l’organisation efficace des circuits de transformation, de commercialisation et de conservation des produits agricoles et halieutiques ; 
  • la création d’une structure adaptée de financement de l’économie agricole. 

Le rattrapage du déficit énergétique, une priorité 

La situation actuelle de la production de l’énergie après six décennies d’indépendances en Guinée est plus que désastreuse en dépit des potentialités avérées et reconnues, des investissements colossaux et des promesses fallacieuses tenues par une élite zerocrate. 

Or, il est impératif de faire  le rattrapage du déficit énergétique une priorité en vue d’augmenter les capacités de production de notre économie à travers : 

  • l’accroissement de la production d’électricité en s’appuyant en priorité sur la valorisation du potentiel hydroélectrique ; 
  • la valorisation des énergies alternatives telles que les biomasse, l’énergie solaire; 
  • l’extension et la modernisation des installations et équipements de transport et de distribution. 

Le secteur industriel quasi inexistant 

Quant au secteur industriel guinéen, il est caractérisé par une conjonction de difficultés conduisant souvent à une cascade de fermetures d’entreprises. 

Et il s’y ajoute une production insuffisamment compétitive, une faiblesse dans le système de promotion et de l’innovation technologique et le coût élevé des facteurs de production notamment l’énergie.

Là aussi, il y’a lieu de proposer une politique industrielle de développement qui repose entre autres sur : 

  • une politique de relance des activités industrielles dans des conditions assurant une plus grande compétitivité et la possibilité de reconquérir des marchés extérieurs ; 
  • le renouvellement des outils et parcs industriels; 
  • le développement des services financiers de qualité capables de mobiliser les ressources financières nécessaires pour accroître la demande de capitaux d’investissements dans ce secteur en particulier. 

Le développement de la Guinée est possible pour celui qui le veut et le désire sans démagogie, sans manipulation et promesses irrationnelles et fallacieuses. 

À condition d’avoir une élite guinéenne compétente, patriote avec de réelles ambitions. 

C’est-à-dire une élite capable de réorienter notre modèle de développement vers la construction d’une société démocratique et d’une économie, à la fois productive et inclusive, où chaque guinéen disposera d’un accès à la richesse et à son bien-être.

Mais pour le moment, nous en sommes dépourvus. 

Car pour ceux qui tiennent les rênes du pays, le sort de la Guinée dépendrait des autres, c’est -à -dire les interventions économiques, financières qu’ils dilapident sans cesse. 

Aucune volonté politique, aucune vision permettant au peuple d’assurer la plénitude de son destin et de sa dignité ne sont envisagées. 

La Guinée doit rester une sorte de cul-de-sac, de terminus de voie de garage où aucun espoir de mobilité ascendante n’est permis. 

Le sous-développement de la Guinée les arrange, car ils sont les seuls avec leurs familles et proches qui en tirent profit. 

Et ce petit groupe de privilégiés politiques, de kleptocrates, médiocres qui, jusqu’à ce jour n’a pas pu élaborer un projet de société clairement compris par la population guinéenne au sens large du terme, n’est pas prêt à partir. 

Aïssatou Chérif Baldé 

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