C’est à travers un communiqué du ministre des postes et télécommunications, actuel porte-parole du gouvernement de transition Ousmane Gaoual Diallo relayé hier 04 avril 2023 sur les réseaux sociaux que le public guinéen a été informé sur son projet de vente de bois de cuisine.
Ne s’attendant pas à une réaction virulente de la part du public guinéen, des organisations écologistes et surtout les ressortissants de la ville de Gaoual, le ministre porte-parole du gouvernement a tenté de rassurer le public guinéen avec la déclaration suivante:
«Pour les écologistes des réseaux sociaux sachez que le projet bois de feu à une double justification écologique et économique :
– La culture sur brûlis
Cette forme de culture est la plus pratiquée en Guinée. Même si elle est indispensable, elle est destructrice de l’environnement en plus du système itinérant de l’exploitation agricole qui nécessite de nouveaux défrichements et l’usage du feu chaque année. c’est le paysan qui non seulement abat les jeunes plantes mais ceinture (cicatrisation) à la hache les grands arbres pour s’assurer de leur mort et exposer leurs cultures au soleil.
Les paysans après chaque récolte laissent derrière eux des cimetières d’arbres qui sont consommés par les prochains feux de brousse qui se répètent tous les ans.
S’il n’y avait pas de feux de brousse, la décomposition du bois aurait enrichi le sol dans un cycle naturel.
– L’usage du feu par les éleveurs et les chasseurs.
L’autre phénomène qui est dévastateur de l’environnement c’est également l’usage du feu non circonscrit ni maîtrisé pour le débardage des champs; ces feux dévastateurs parcourent toute la zone de Koundara, de Gaoual dont il est question. Les éleveurs et les chasseurs propagent et attisent les incendies de brousses.
– En attendant….,
En plus de pallier à l’absence de solutions immédiates alors que la marmite doit chauffer chaque jour l’intérêt porte aussi sur l’organisation d’une filière d’exploitation rationnelle du bois de feu pour une meilleure gestion de la forêt et par la responsabilisation des exploitants dans la chaîne de reboisement.
Les arbres séchés par le système agricole sont exploités pour la cuisine et les boulangeries ou perdus dans les flammes».
Une déclaration indistincte
Sauf que dans cette déclaration on voit que le ministre Ousmane Gaoual joue sur les mots de façon indistincte, juxtaposée, sans apporter de réponses claires aux inquiétudes de la population guinéenne face à son projet de commerce de bois de cuisine.
Mieux, qu’est ce qui pousse un ministre à se lancer dans un tel projet de commerce de bois de cuisine qui n’a à long terme qu’un impact négatif sur l’environnement ?
Car le gouvernement guinéen n’est pas sans savoir que la déforestation est l’une des principales causes du changement climatique.
En plus, la destruction des forêts aggrave également les inondations, contribue à la disparition de la faune et de la flore.
Et certains scientifiques estiment qu’elle peut même pousser à une recrudescence des maladies infectieuses chez l’Homme.
C’est-à-dire qu’avec la disparition des arbres, certains insectes porteurs d’agents pathogènes migrent en effet vers des plantes consommées par les animaux d’élevage, qui se retrouvent dans la chaîne alimentaire.
Nous savons aussi qu’en Guinée l’État étant défaillant, le système sur lequel on s’appuie pour protéger l’environnement guinéen ne fonctionne pas.
Alors par quel miracle le ministre Ousmane Gaoual Diallo peut réussir à reboiser les bois qu’il détruit pour un simple intérêt pécuniaire?
Le projet du ministre endommage l’environnement
La protection de l’environnement consiste à prendre des mesures pour limiter ou éliminer l’impact négatif des activités humaines sur son environnement.
Au-delà de la simple conservation de la nature, il s’agit d’identifier les actions humaines qui l’endommagent au point de porter préjudice aux générations actuelles ou futures; et de mettre en place les actions de correction.
Ce projet du ministre Ousmane Gaoual Diallo fait partie des actions humaines qui endommagent l’environnement de la ville de Gaoual, porte et portera préjudice aux générations actuelles et futures.
Mais peut-être que c’est cela aussi la refondation de l’État guinéen annoncée par le chef de la junte Mamady Doumbouya.
Alors applaudissons la destruction de la faune et flore de Gaoual par le ministre Ousmane Gaoual Diallo pour ses propres intérêts pécuniaires.
Et surtout tournons le dos à la modernité, aux actions pragmatiques, aux changements nécessaires pour relever les défis climatiques et énergétiques.
Car la population guinéenne notamment celle de Gaoual ne mérite pas de cuisiner avec du gaz, le courant ou avec de l’énergie solaire.
Le temps s’est arrêté en Guinée, nous sommes au moyen âge.
Aissatou Cherif Balde