L’obtention d’un passeport guinéen dans le premier pays de l’Afrique francophone à s’être libéré de l’emprise spectrale du colonialisme français, reste après six décennies d’indépendances un luxe pour les citoyens guinéens.
Si dans les pays voisins comme le Sénégal, le Mali, la Côte d’Ivoire l’obtention d’un passeport dans leurs ambassades en Allemagne par exemple est un fait ordinaire.
Tel n’est pas le cas dans le pays de Sékou Touré dont les acteurs étatiques ne ratent pourtant aucune occasion pour mettre en avant une souveraineté et une indépendance mal gérées.
Aujourd’hui les guinéens de partout dans le monde souffrent pour obtenir un passeport, la preuve de leur identité nationale.
En Allemagne, au Gabon, en France, en Espagne pour ne citer que ceux-là les ambassades guinéennes brillent non seulement par une indifférence totale face à cette problématique d’obtention de passport.
Mais elles sont trempées dans de réseau de corruption organisée autour de la confection des passeports et autour de l’obtention d’un rendez-vous pour se faire enrôler. Et le plus souvent ce réseau de corruption organisée a des ramifications au sein du ministère de la sécurité et de la protection civile de Bachir Diallo.
Non seulement dans les ambassades guinéennes à Berlin et Paris, la confection des passeports prend du temps.
Mais désormais l’obtention d’un rendez-vous pour se faire enrôler est devenue une tracasserie sans précédent.
Un fait qui met les guinéens de l’étranger dans une situation traumatique puisque la plupart veulent avoir ce document pour obtenir enfin un titre de séjour et pouvoir surtout voyager.
En France par exemple les guinéens se plaignent de la rareté des rendez-vous à l’ambassade de Guinée à Paris mais aussi et surtout le fait qu’une partie du personnel sans scrupule se livre à des pratiques éhontées telles que la vente illégale des rendez-vous pour l’enrôlement.
Et en Allemagne, ce fléau qui vient de voir jour à l’ambassade de Guinée à Berlin suit aussi son cours normal avec l’implication de quelques personnes travaillant à l’ambassade.
Sur le site de l’ambassade de Guinée à Berlin, il n’y a plus de rendez-vous pour l’enrôlement jusqu’en fin 2023.
Pourtant d’autres personnes arrivent tout de même à obtenir des rendez-vous de façon officieuse.
Nos dénonciations récentes sur une prétendue privatisation des rendez-vous par la société Batman Consulting sis à Essen en Allemagne n’ont servi à rien.
Car selon le témoignage de nos compatriotes guinéens en Allemagne, on peut toujours à travers cette société obtenir un rendez-vous pour fin de confections des passeports.
Apparemment les nouvelles autorités de Conakry à l’image de leurs prédécesseurs n’ont que faire de la souffrance et des dénonciations des guinéens de l’étranger.
À part s’offusquer de façon lamentable des dénonciations et critiques liées à leur pratiques corruptives, ni actions et ni réactions.
Pourtant lorsqu’il s’agit d’émettre des titres de voyages pour déporter les Guinéens de l’Allemagne sur fond d’un accord insensé, même les femmes guinéennes déboutées dans leur procédure de demande d’asile en Allemagne ne sont plus épargnées.
Car nous avons actuellement une compatriote guinéenne, malade détenue de façon arbitraire à la maison d’arrêt de Darmstadt.
D’autres jeunes guinéens comme A. BARRY se trouve aussi détenu de façon arbitraire dans la maison d’arrêt de Büren.
Ceci démontre tout simplement que l’administration guinéenne souffre des maux tels que: suffisance, bureaucratie, culture de l’assistanat, dirigisme, élitisme.
Les agents de l’État versent dans des contradictions et dans une politique de l’autruche et de l’auto-infantilisation qui font des ravages.
Ces gens ne comprennent pas qu’il est inadmissible, incompréhensible, insoutenable que l’obtention d’un passeport après six décennies d’indépendances soit toujours un luxe.
Ils cherchent plutôt à rendre les autres responsables de leur turpitude, de leur ambivalence, et de leur irrationalité quant à la gestion de ces drames humains.
Car le nombre de Guinéens de l’étranger souffrant à cause du manque criard de passport se compte aujourd’hui par milliers.
Et la fin de ce drame n’est pour l’heure pas envisageable puisque les autorités guinéennes font preuve de surdité politique et sociale.
Aïssatou Chérif Baldé