Guinée: Instrumentalisation politique de la diaspora guinéenne, l’une des causes du retard du pays.

Nombre de pays africains notamment le Sénégal, le Mali, le Nigeria, le Ghana, le Rwanda tiennent compte depuis longtemps de la diaspora dans leur planification de développement, leurs stratégies et leurs plans d’action avec des résultats immédiats sur le terrain. 

« Et dans ces pays, des études montrent que les migrants bien intégrés dans le pays d’accueil contribuent fortement au développement de leur pays de provenance. Intégration et engagement en faveur du pays d’origine ne sont pas antinomiques. Le potentiel économique et socioculturel de la diaspora joue un rôle essentiel dans le développement des pays de provenance des migrants, dont les transferts d’argent à des proches et à des connaissances, ainsi que les investissements dans des petites entreprises stimulent l’économie sur place. Parallèlement, ils participent au développement du pays d’accueil par l’apport de savoir-faire, de connaissances et d’expériences» 

Par contre d’autres pays comme la Guinée, ne réunissent pas encore les conditions nécessaires à l’utilisation du potentiel des membres de leur diaspora au profit du développement. 

Et pourquoi ce qui marche au Mali ne peut pas l’être en Guinée? 

C’est parce que des acteurs étatiques tels que l’ancien despote guinéen Alpha Condé et l’actuel chef de la junte militaire guinéenne ont fait le choix de l’instrumentalisation politique de la diaspora guinéenne.

Le chef de la junte militaire guinéenne Mamady Doumbouya a refusé de fournir des efforts pour prioriser les critères de sélection fondés sur le degré d’intégration dans les pays d’accueil, l’aptitude professionnelle, la compétence, le patriotisme. 

Et il a surtout refusé de confier ce travail à des acteurs conscients du potentiel de la bonne diaspora capable d’ouvrir de nouveaux horizons au développement dans les pays de provenance.

Le chef de la junte militaire guinéenne a choisi donc une  «diaspourie » nuisible  sur fond de copinage et de corruption. 

On sait surtout que le but de ces nominations des membres de la diaspora guinéenne à des postes juteux et fictifs sans compétence est une façon de faire taire toutes les opinions dérangeantes. 

Mamady Doumbouya veut en effet à travers la nomination de tels membres de la diaspora souffrants d’une déficience intellectuelle et morale, d’une précarité matérielle imposer le silence de façon indue et perfide à tous ceux qui osent critiquer son pouvoir devenu irrespirable. 

Un appel démagogique lancé à la diaspora 

Cet appel lancé à la diaspora guinéenne, le lendemain du coup d’État militaire du 05 septembre 2021 sur fond d’une démagogie boueuse prouve que la junte militaire guinéenne a toujours souffert d’une insincérité pesante. 

Il n’a jamais été question d’envisager le rôle de la diaspora guinéenne dans le développement de la Guinée d’un point de vue stratégique. 

Cet appel lancé à la diaspora guinéenne ne devrait pas du tout contribuer à l’édification d’une Guinée prospère et démocratique.

La raison de cet intérêt affiché de la junte militaire guinéenne envers sa diaspora est plus insidieuse et perfide. Il n’a pour objectif que l’instrumentalisation politique de la diaspora guinéenne. 

L’instrumentalisation politique de la diaspora

Cet intérêt affiché est juste une façon d’instrumentaliser la diaspora guinéenne dans le but de rester aussi longtemps que possible au pouvoir. 

La création de mouvement de soutien à la junte militaire guinéenne ou l’organisation des conférences par des membres du gouvernement de transition issus de la diaspora pour défendre les acquis d’une junte militaire dans un processus de démocratisation illustre le caractère perfide de cette instrumentalisation politique. 

Sinon pourquoi organiser une conférence sur les acquis d’un gouvernement de transition

Sommes-nous déjà en campagne électorale en Guinée pour oser parler du bilan d’une junte militaire venue au pouvoir à travers un coup de force ? 

Pour rappel le coup d’État militaire est  en principe une situation hors norme dont l’objectif est d’assainir, de restaurer l’État de droit et la démocratie, de consolider l’unité nationale, bref de recoller les morceaux du verre cassé par le régime d’Alpha Condé. 

Cette attitude de la diaspora, membre de ce gouvernement de transition prouve que le problème guinéen est lié à la mentalité de son élite.

Car celle-ci, issue de la diaspora ou pas soutient d’emblée ce système clientéliste et népotiste pour avoir de la place sous le soleil. 

Quant aux membres du gouvernement de transition issus de la diaspora, elle refuse pour des ambitions et intérêts personnels de travailler pour empêcher la reproduction des systèmes politiques et les défaillances qui jusque-là freinent le développement socio-économique de notre pays. 

Et cela malgré qu’ils ont  vécu dans des pays occidentaux qui respectent les principes doctrinaux d’un système démocratique basé sur la transparence, la méthodologie du travail, l’équité, la moralité, la justice, la méritocratie entre autres.

Et la diaspora, très nombreuse dans ce gouvernement, est comptable du passif politique au même titre que les anciens et actuels tenants du pouvoir. 

Les membres de ce gouvernement de transition issus de la diaspora font preuve d’ambivalence. 

Critiques hier vis-à-vis des déviances du régime déchu en Guinée: clientélisme, division, haine, l’injustice, l’impunité, l’inégalité et la corruption, les jeunes de ce gouvernement issus de la diaspora les trouvent des excuses. 

En effet, nous avons à faire à un pouvoir oligarchique, où les médiocres et seulement quelques privilégiés de l’État ont le droit de prendre les rênes du pays. 

Les associations diasporiques une alternative 

C’est un système dans lequel le pouvoir reste le reflet de l’incompétence, de la médiocrité, le management des pires. 

Dans ce contexte et surtout face à la désillusion des populations guinéennes envers le pouvoir, il se tourne vers des personnes issues des mouvements associatifs, politiques diasporiques très actifs et présents sur les réseaux sociaux. 

Ils apparaissent avec des CV falsifiés et truffés de mensonges comme une alternative manipulable, puisque vorace et prêts à tout pour faire partie de la nouvelle caste des jouisseurs. 

Les dirigeants comme Mamady Doumbouya l’ayant compris évitent de récompenser un bon, car en le promouvant, il estime que c’est juste une reconnaissance de ses talents et ne sera nullement enclin à la loyauté ou à la reconnaissance vis à vis du président. 

Mais par contre lorsque Mamady Doumbouya récompense un mauvais, un médiocre, sans qualité individuelle et professionnelle comme c’est le cas d’ailleurs avec beaucoup de ses nominations, il crée une dette, qui lui garantit un ascendant sur le long terme. Ils placent ses poulains au sein de la fonction publique, créant ainsi la dette, les transformant en champion de lèche botte. 

Souffrant pour la plupart d’une précarité matérielle, leurs positions politiques sont non seulement ridicules mais aussi agaçantes. 

La venue du CNRD au pouvoir est une aubaine pour cette diaspora qui fait usage d’une démagogie boueuse pour montrer sa loyauté à la junte militaire guinéenne. 

Et pourtant n’eut été le fait qu’ils appartiennent à un réseau de corruption organisé, institutionnalisé d’un État guinéen néopatrimonial donc défaillant et dysfonctionnel, qui est une illustration parfaite de l’échec de l’institutionnalisation de l’État en Guinée. Ils n’auraient jamais obtenu un point de chute à Conakry. 

C’est pourquoi d’ailleurs, une fois qu’ils ont obtenu un point de chute, ils tapent sur tous ceux qui sortent du lot et vont à contre-courant de la bien-pensance et de la pensée unique. 

Ils deviennent juste des symboles du dérapage et de l’arrogance des nouvelles autorités de Conakry, des missiles passe-partout qui pensent pouvoir foudroyer toutes les personnes qui critiquent les décisions de leur nouveau maître Mamady Doumbouya. 

La fin de ce feuilleton n’est pour l’instant pas possible 

Car on voit bien que le contrôle des associations diasporiques dans le pays d’accueil est devenu un enjeu politique important pour la junte militaire guinéenne. 

La mise en place du conseil des guinéens de l’étranger qui est sans  impact sur le quotidien de la diaspora guinéenne de partout illustre cette envie des autorités guinéennes de contrôler, d’instrumentaliser et de manipuler la diaspora guinéenne. 

Elle veut en effet passer par ces structures pour rendre invisibles et étouffer toute association diasporique qui refuse d’être instrumentalisée pour des fins politiques. 

L’État guinéen obnubilé par l’ethnisme politique continue aussi de faire en sorte que la vie associative de la diaspora guinéenne en Europe soit ainsi marquée par des clivages selon l’appartenance (sous-)ethnique et les affinités politiques. 

Mais face à ce réseau clanique, face à ces membres de la diaspora guinéenne nuisibles au développement socio-économique du pays, sortira toujours un lot de personnes hors-pair capable de faire de l’intérêt de la majorité des guinéens de l’étranger et de l’intérêt de la Guinée une priorité. 

Aïssatou Chérif Baldé 

2 commentaires

  1. La Diaspora en tant que phénomène social propre à chaque société ou pays,doit être un facteur incontournable pour le développement des pays de départ.
    Aujourd’hui comme vous avez bien souligné ci-haut ,la diaspora joue un rôle indispensable pour le développement durable de l’Afrique.Car aujourd’hui, personne ne peut nier que la Diaspora Africaine constitue la sixième région naturelle du continent.
    Dans où mesure où l’essentiel des dépenses de familles restées au pays est fourni par la diaspora sans oublier les gros investissement en matière de réalisation des infrastructures de base.Il suffit tout simplement de jeter un œil objectif sur les agences de transfert d’argent… pour s’assurer combien de fois la diaspora apporte sa contribution patriotique au développement durable des différents pays.Et d’ailleurs, je suis sûre et certain que si les fonds envoyés par la diaspora étaient répertoriés et réglementés rationnellement on s’en rendra compte que la Diaspora apporte mieux au développement durable de l’Afrique que la Banque mondiale, le FMI,les USA,l’UE,le japon et la Chine réunis.
    Malheureusement chez-nous en Guinée le manque de qualité managériale et la mauvaise fois de nos dirigeants constitue un réel handicap .

  2. La Diaspora en tant que phénomène social propre à chaque société ou pays,doit être un facteur incontournable pour le développement des pays de départ.
    Aujourd’hui comme vous avez bien souligné ci-haut ,la diaspora joue un rôle indispensable pour le développement durable de l’Afrique.Car aujourd’hui, personne ne peut nier que la Diaspora Africaine constitue la sixième région naturelle du continent.
    Dans où mesure où l’essentiel des dépenses de familles restées au pays est fourni par la diaspora sans oublier les gros investissement en matière de réalisation des infrastructures de base.Il suffit tout simplement de jeter un œil objectif sur les agences de transfert d’argent… pour s’assurer combien de fois la diaspora apporte sa contribution patriotique au développement durable des différents pays.Et d’ailleurs, je suis sûre et certain que si les fonds envoyés par la diaspora étaient répertoriés et réglementés rationnellement on s’en rendra compte que la Diaspora apporte mieux au développement durable de l’Afrique que la Banque mondiale, le FMI,les USA,l’UE,le japon et la Chine réunis.
    Malheureusement chez-nous en Guinée le manque de qualité managériale et la mauvaise fois de nos dirigeants constitue un réel handicap .

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