La journée internationale de la femme est fêtée depuis 1914 en Europe. Ce combat porté par les femmes européennes portait au départ sur le droit de vote des femmes européennes, qui dans la plupart des pays européens en étaient privés.
Au fil des années le combat s’est internationalisé avec parfois une connotation très eurocentriste et une vision néo-impériale.
C’est pourquoi d’ailleurs, les femmes africaines au lendemain des indépendances ont créé aussi la journée internationale de la femme africaine qui se fête au mois de juillet de chaque année en Afrique.
Qu’à cela ne tienne, cette journée peut être aussi fêtée en Afrique.
Mais avons-nous réellement quoi fêter en Afrique ?
En se focalisant sur les réalités que vivent les femmes africaines, on peut répondre à la question en partie à l’affirmative.
Car s’il y’a de l’amélioration des conditions de vie de la femme dans des pays comme le Rwanda, l’Afrique du Sud, le Ghana, le Sénégal, tel n’est pas le cas en Guinée.
Dans ce pays l’épanouissement de la femme guinéenne n’a jamais été une priorité pour l’État.
Et la junte militaire venue au pouvoir le 05 septembre 2021 n’en a pas aussi fait une priorité.
Car la femme guinéenne manque aussi de visibilité dans ce gouvernement de transition.
Elle n’occupe par exemple la tête d’aucune institution de la République et demeure même au sein du conseil national de la transition sous-représentée.
Ainsi la junte militaire guinéenne fidèle à la vision misogyne de leurs prédécesseurs continue aussi de faire perpétuer les pratiques anciennes qui sont nuisibles à l’épanouissement de la femme guinéenne.
Paradoxalement, c’est depuis l’avènement du multipartisme en Guinée que L’État et ses substituts ont commencé à se servir d’elles pour assouvir des objectifs plus au moins moyenâgeux.
Les partis politiques guinéens ont d’ailleurs découvert qu’ils peuvent se servir d’elles comme caisses de résonance lors des campagnes électorales pour la conquête du pouvoir.
Or ils ne lui accordent le plus souvent que des rôles récréatifs au sein des partis politiques.
Quant aux partis au pouvoir dans les pays africains, ils se servent aussi d’elles de la même manière pour faire surtout la promotion des pratiques autocratiques de leur gouvernement.
On utilise des fêtes comme celle ci, qui en temps réel devraient être une journée de travail, de réflexion pour discuter sur les voies et moyens de l’amélioration des conditions de travail et de la vie de la femme guinéenne, pour faire de la propagande d’une politique gouvernementale sans substance.
Pourtant les thèmes de discussion ne manquent pas.
Nous avons par exemple des sujets de discussion suivant :
Premièrement à la promotion de la santé de la femme qui perd encore aujourd’hui la vie en donnant la vie;
Deuxièmement « intervenir dans le domaine des politiques publiques en faveur d’un engagement politique clair… pour la justice sociale » ;
Troisièmement « dénoncer les pratiques… qui engendrent les inégalités » ;
Quatrièmement « contrer les pressions en faveur des produits dangereux utilisés par les femmes, des conditions de vie malsaines, d’une nutrition inadéquate pour les enfants et les mamans».
Car loin de la démagogie la femme guinéenne demeure un pilier de développement économique et social de notre société.
Mais pour le faire valoir, elle doit impérativement être portée par l’État.
Un fait d’une impérieuse nécessité, puisqu’elles sont beaucoup plus touchées par les inégalités sociales.
Dans un pays comme l’Allemagne où il y’a une nette amélioration des conditions de vie de la femme allemande et cela depuis 1919 où elles ont eu pour la première fois le droit de voter librement. Elles continuent encore aujourd’hui ce combat.
Et dans ce pays l’homme et la femme n’ont pas encore les mêmes salaires dans certains domaines, malgré qu’ils exercent le même travail.
L’État allemand dans le souci de promouvoir l’équité, l’égalité crée des conditions pour permettre à la femme allemande de pouvoir concilier par exemple vie de famille et carrière professionnelle.
Donc le combat des femmes allemandes est porté par l’État d’abord.
Mais en Guinée on n’aime le plus souvent se contenter du peu où être dans le rôle du spectateur ou du suiviste sans même comprendre le sens du combat que l’on mène. Tout se fait en surface dans ce pays.
Or, il faut rappeler qu’il est temps de chercher à créer un environnement propice pour lutter contre les pesanteurs socioculturelles auxquelles les femmes sont confrontées en Guinée pour favoriser leur épanouissement et leur indépendance.
Il est surtout impératif de rétablir les fondements de la famille, restaurer la valeur de l’enfant, alléger la penibilité de la vie de la femme, lui reconnaître sa dignité en systematisant sa scolarisation en améliorant ses conditions de travail et en valorisant son rôle de mère et son statut de femme et de citoyenne.
Quant à la femme guinéenne, il faut retenir que l’indépendance ne s’acquiert pas sur un plateau doré, ça s’arrache .
Et « pour qu’une femme puisse donner sa main avec dignité, elle doit d’abord pouvoir se passer de soutien »
Pour finir, le développement de la Guinée passe forcément par l’épanouissement de la femme, mais à condition qu’elle accepte d’être indépendante dans le respect des valeurs de notre société.
C’est surtout très dommage que la junte militaire guinéenne, dans le cadre de sa refondation de l’État annoncée n’a pas voulu faire de la participation de la femme guinéenne à la vie politique et à la prise de décision en Guinée, une priorité.
Au contraire, elle a préféré écarter la seule femme charismatique, brillante, en la personne de l’ancienne ministre de la justice Yarie Soumah qui a refusé de se soumettre aux préjugés sexistes du Colonel Amara Camara.
Ce fût une façon de dire aux femmes guinéennes, sur le terrain, autant on peut se féliciter de l’intention (que le politique entretient au fil des années à travers la ratification d’une panoplie de conventions internationales) autant on reste dubitatif face à la réalité qui crève l’œil.
Aissatou Cherif Baldé