Décortique de la tournée africaine de Macron en Afrique Centrale.

Emmanuel est rentré le dimanche 05 mars en France après une tournée de quatre jours en Afrique Centrale. Il s’est rendu au Gabon, en Angola, au Congo-Brazzaville, et en République démocratique du Congo. Auparavant il avait tenu un discours à Paris, un discours qui veut selon lui redéfinir la politique africaine de la France

Sauf que sa quête de progrès dans les relations avec ses anciennes colonies se heurte aux travers hérités de la Françafrique. 

On peut même dire qu’il s’agit de nouveaux mots mais avec le même ADN puisque la question de la monnaie coloniale FCFA, la problématique de la présence des Forces armées françaises en Afrique ou encore son soutien aux Républiques héréditaires et despotiques du  Gabon,  du Congo-Brazzaville, du Togo, du Tchad, du Cameroun sont encore tabou. 

L’exemple du Gabon et du Congo-Brazzaville, deux pays dirigés par des despotes démontrent à quel prix la France sur l’alibi démocratique continue de piller ces pays et tout en leur privant des transitions démocratiques consolidées. 

La France, à l’instar de toutes les anciennes puissances coloniales, vu l’avancée menaçante de la Chine, maintenant de la Russie et de la Turquie (pour elles ) n’a jamais eu autant besoin de renforcer sa présence en Afrique sous prétexte d’instaurer des régimes fondés sur la démocratie. 

Or comme l’on a pu le constater de par le passé, les puissances néocolonialistes comme la France y arrivent au prix de l’ingérence, de la subversion et de la guerre.

Depuis le soutien de la France à Ali Bongo, le fils de l’ancien président, Omar Bongo, lors des élections présidentielles de 2009, ce petit pays de l’Afrique Centrale pourtant très riche en ressource minière et énergétique qui ne profite en premier lieu qu’à la France, s’est transformé en une République héréditaire aux relents despotiques. 

Et l’opposition politique gabonaise est depuis anéantie, les peuples gabonais vivent sous l’emprise d’un pouvoir despotique. 

Pourtant la France s’est tue et continue d’ailleurs de se taire. 

Ali Bongo s’est installé au pouvoir, une nouvelle dynastie despotique est née au Gabon. 

On pouvait pourtant penser que cette parodie d’élections démocratiques, avec ses grosses ficelles et ses manœuvres éhontées s’arrêtaient là après la mort du dictateur Omar Bongo. 

Au contraire, la France a sans cesse fourni des nouvelles ressources pour permettre à Ali Bongo de perdurer afin d’assurer la continuité qui consiste en imposant leur candidat à la succession du dictateur et garantir leurs intérêts dans les pays, et ceci malgré les dénonciations récurrentes des peuples gabonais. 

Certains analystes prétendent que Ali Bongo anéanti par une grave maladie depuis des années, est aussi en train de préparer son fils aîné pour le succéder à la tête de l’État gabonais. 

Et c’est ce qui nourrit le sentiment anti-françafrique que les médias français tentent de pervertir en parlant plutôt de sentiments anti-français. 

Parlant du Congo-Brazzaville, L’ancien président congolais, Pascal Lissouba, s’est vu évincé du pouvoir en 1997 par une rébellion menée par Denis Sassou Nguesso lorsqu’il a remis en cause les accords d’exploitations du pétrole signé entre son pays et la multinationale française, ELF.

Et depuis Dénis Sassou N’Guesso est devenu l’un des piliers de la françafrique et surtout l’un des despotes les plus farouches sur le continent africain. 

Le président français s’est aussi rendu en République démocratique du Congo et en Angola. 

Sa visite en Angola, pays lusophone, n’a rien d’anodin puisque ce pays immensément riche en pétrole est  “le jardin extraordinaire de Total” qui y est présent depuis des décennies. 

Sa présence en  République démocratique du Congo agressée aujourd’hui par son voisin Rwandais, ce pilier de l’impérialisme américain en Afrique n’est pas du tout surprenant pour cette ancienne colonie belge, dont le président Tshisekedi sait pertinemment que la France compte tenu de son passé compromettant au Rwanda et de sa soumission à l’État américain ne peut pas apporter grand chose, dans le règlement de le conflit opposant le Rwanda et le Congo, et qui fait beaucoup de ravages. 

La fin de la françafrique ne peut pas être un vain mot 

En écoutant le président français Emmanuel Macron on a comme l’impression qu’il serait capable de décréter la fin de la françafrique, symbole du pillage systématique des pays africains et de la confiscation de leurs indépendances. 

Tenir des discours pour tenter de convaincre l’Afrique des libertés que désormais, la France se  serait convertie à de meilleurs sentiments, dans des pays d’Afrique centrale, où la majorité des présidents tripatouillent la constitution, additionnent les mandats et sont depuis des décennies avec des régimes à succession dynastique et font de l’alternance démocratique lettre morte, est juste un faux-semblant, une énième duperie de trop. 

Emmanuel Macron oublie aussi qu’avant lui, la fin de la Françafrique avait déjà été annoncée par ses prédécesseurs: François Hollande, Nicolas Sarkozy, ou encore Jacques Chirac.

Et rien ne fut fait puisque l’État français ne peut pas se passer du système criminel françafrique avec sa monnaie coloniale FCFA, ses bases militaires illégales qui lui garantissent le contrôle économique, financier, sécuritaire des pays africains, car sa survie sur le plan économique et international en dépend. 

Les africains sont habitués  à entendre la fin de la Françafrique, mais par des actes contraires aux intérêts de l’Afrique, car tout va pour l’intérêt de la France et percute les droits fondamentaux de tous ceux qui habitent en Afrique. 

Et c’est ce qui explique que la France prétende vouloir réinventer les liens entre elle et les peuples africains, pour se faire donc de la peau neuve, mais paradoxalement reste le premier soutien des pouvoirs dynastiques héréditaires au Tchad, au Togo, au Gabon ou encore le soutien indéfectible des présidents putschistes constitutionnalistes tels Alhassane Ouattara, Patrice Talon, Denis Sassou Nguesso, Paul Biya. 

Ce sont ces points qui montrent que la Françafrique n’est pas terminée ainsi que les mouvements anti-françafriques. 

En somme, pour Emmanuel Macron, l’enjeu principal de cette tournée présidentielle visait à répondre à la vague de sentiment anti-françafrique en Afrique de l’ouest et de faire croire aux peuples africains que ce mariage n’est pas forcé. 

Sauf que pour l’heure ce mariage demeure forcé du moment où la France veut maintenir ses valets despotiques au pouvoir, ses bases militaires françaises et sa monnaie coloniale FCFA. 

Or pour l’Afrique des libertés il n’existe pas de préalables qui peuvent conduire l’intellectuel africain à croire au messianisme de la France sur le destin de l’Afrique. 

Comment penser d’ailleurs qu’elle s’est convertie à d’autres sentiments du moment où elle reste le plus grand soutien des dictateurs africains, et l’un des plus grands pilleurs du continent sur fond de l’impérialisme mélanophobe et du déni de l’histoire des peuples africains. 

Et dans quelle page de l’histoire de l’humanité, de l’Égypte antique à nos jours, avons-nous vu le dominant panser les plaies du dominé ?

Alors que cela plaise ou non, la fin de la françafrique arrivera. 

La France, encore la France, toujours la France dans le rôle du commandeur, du réinventeur de ceci et de cela en Afrique c’est lassant !

L’avenir de l’Afrique se dessine en Afrique M Macron. 

« Le lion ne deviendra pas végétarien pour le salut de la gazelle, mais quand la gazelle sera devenue inaccessible. Et pour devenir inaccessible, la gazelle ne doit pas s’adresser au mauvais sorcier ». 

Aïssatou Chérif Baldé 

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