Guerre russo-ukrainienne: l’Occident soudé et le Sud opte pour la prudente neutralité.

Un an après le début de la guerre russo-ukrainienne, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté jeudi 23 février 2023 une résolution exigeant de nouveau le retrait des forces russes d’Ukraine (141 voix pour, 7 contre et 32 abstentions) et 13 pays n’ont pas même pas pris part au vote

Malgré la pression et le chantage des occidentaux sur bon nombre de pays et notamment sur les pays africains, le nombre de voix en faveur de la résolution est exactement resté le même que lors du premier vote de l’année dernière. 

Car il y a un an, de cela le 2 mars 2022 on enregistrait (141 pour, 5 contre et 35 abstentions), lors du vote dans lequel l’Assemblée générale des Nations Unies réaffirmait « son engagement envers la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. 

Ce jeudi 23 février 2023, le camp occidental soutenant l’Ukraine a certes obtenu la majorité, mais toujours pas l’unanimité. Cela prouve que la Russie a voix au chapitre et sait compter sur le soutien de beaucoup de pays de la planète. 

Il faut préciser que cette résolution appelant à la fin de la guerre et réclamant le retrait immédiat de la Russie n’a aucun caractère contraignant. 

Que peut-on retenir de ce vote? 

Ces votes traduisent la réalité d’un monde multipolaire, avec des positions étatiques individuelles et potentiellement fluctuantes que le camp occidental refuse d’admettre. 

On constate aujourd’hui que beaucoup de pays africains notamment les anciennes colonies françaises ne veulent plus continuer à être sous l’emprise spectrale de la France qui refuse de quitter l’Afrique. 

Des changements notables se font alors sur ce plan sur le continent africain. Car le Mali est passé du camp abstentionniste à celui du « contre » lors de ce vote du 23 février 2023. Un changement de position qui s’explique donc par l’envie de ce pays de se libérer du joug du néocolonialisme français. 

Cette nouvelle situation révèle aussi que les anciennes puissances coloniales notamment la France et leurs alliées ne peuvent plus influencer les positions d’autres pays comme avant. 

Et c’est le cas par exemple de l’Afrique du Sud qui malgré les efforts des USA pour influencer ce pays africain, l’Afrique du Sud s’est aussi abstenu. On constate le même scénario avec l’Algérie, le Togo, le Gabon, ou encore la République centrafricaine, qui se sont tous abstenus. 

Nous avons aussi d’autres pays comme le Burkina Faso qui n’a tout bonnement pas pris part à aucun des quatre votes sur le sujet. Une stratégie suivie par le Sénégal ce jeudi. 

Sur le continent asiatique, tout comme en Amérique du Sud ou Amérique Latine, les grandes puissances économiques et militaires que sont l’Inde, la Chine, le Brésil se sont aussi abstenues. 

Pour certaines puissances moyennes, comme l’Inde, le Brésil ou encore l’Afrique du Sud, ne voter ni pour, ni contre est étonnamment une bonne manière de s’affirmer. 

Mieux, il faut comprendre que la quasi-totalité des pays du « Sud » désapprouvent, dans ce conflit, le deux poids deux mesures des pays occidentaux qui ont investi des milliards dans ce conflit, mais ont par contre été incapables de déployer la même énergie et financement pour stabiliser des pays comme le Mali, le Burkina Faso en guerre contre le terrorisme en Afrique. 

Et les pays du Sud sont surtout peu sensibles à l’argument selon lequel ce conflit de haute intensité entre deux pays, dont un nucléaire, importe pour le monde entier. Le Brésil de Lula par exemple, juge Kiev aussi responsable que Moscou. 

Première leçon » à tirer de ce deuxième vote

La première leçon à tirer est le fait que le vote est resté quasi inchangé. Et cela depuis le début de la guerre : le 2 mars 2022. 

Sur les 17 pays d’Afrique qui se sont abstenus (8 sont des ex-colonies françaises). Un véritable camouflet et une douche froide pour la diplomatie française. 

Et si le camp occidental qui croyait avoir une majorité écrasante en faveur de la résolution à l’occasion des un an du conflit russo-urkrainien, il s’est rendu compte ce jeudi 23 février 2023 que cet espoir reste pour l’heure irréalisable. 

Les pays occidentaux restent certes unis et déterminés face au Kremlin. Mais ailleurs prévaut plutôt une prudente neutralité. 

Aïssatou Chérif Baldé 

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