Le nom de l’homme ou la femme qui va remplacer le président sortant Muhammad Buhari du pays le plus riche et le plus peuplé d’Afrique sera connu le 25 février 2023.
Cette élection présidentielle se tiendra en même temps que les élections législatives et sénatoriales, afin d’élire le futur président du Nigeria.
Le président sortant Muhammadu Buhari n’est pas candidat à sa réélection.
Car contrairement aux anciennes colonies françaises de la sous-région ouest-africaine avec une indépendance confisquée par la France telles que la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Togo, le Mali, le Sénégal, le Bénin, la constitution nigériane de 1999 interdit à un président d’effectuer plus de deux mandats.
Ceci dit, depuis 1999 le Nigeria tente de consolider son processus de démocratisation, malgré quelques anomalies enregistrées ça et là et quelques difficultés liées à la menace djihadistes et actuellement à l’inflation.
Les différents candidats
Au total, ce sont 18 candidats qui font campagne pour le poste suprême, mais selon les sondages d’opinions seuls trois d’entre eux ont une réelle chance de l’emporter.
Le parti du président sortant Muhammadu Buhari, le Congrès des progressistes (APC) présente la candidature de Bola Tinubu, tandis que le principal parti d’opposition, le Parti démocratique populaire (PDP) présente à nouveau celle d’Atiku Abubakar.
À côté de ses grands partis politiques, il faut noter aussi la candidature de Peter Obi du parti travailliste (LP) et de Rabiu Kwankwaso du parti politique (NNPP).
Qui est alors Atiku Abubakar ?
L’un des candidats favoris de ces élections présidentielles du nom d’Atiku Abubakar, est un homme d’affaires et politicien de carrière. Il est né le 25 novembre 1946 à Jada dans le nord du pays et c’est un Fulani.
“Atiku” comme on aime l’appeler au Nigeria est un homme d’affaires, un veteran de la politique, un polygame père de plusieurs enfants mais surtout très fortuné.
Ce politicien multimillionnaire, homme d’affaires a investi dans de nombreux secteurs, notamment celui du pétrole, de l’agriculture, de l’éducation, des télécommunications et plus récemment de la santé, en plus de devenir l’un des hommes politiques les plus influents de son pays.
Il s’est surtout forgé un important réseau au cours de sa longue carrière politique, tant au niveau national que dans sa région, l’Etat de l’Adamawa (nord-est).
Selon certaines informations des médias nigérians, il a obtenu sa fortune colossale pendant près de 20 ans dans une société d’import-export avec un partenaire italien, alors qu’il travaillait pour les douanes du port de Lagos et y avait un accès privilégié.
Sa richesse estimée à plus d’un milliard de dollars est un atout incontestable dans le combat politique.
Son expertise dans le secteur économique, particulièrement dans la gestion des revenus pétroliers, et sa parfaite maîtrise de la politique nigériane avec un programme politique particulier axé sur la création des emplois, l’éducation et l’unité surtout, car selon lui si il n’y a pas d’unité, la croissance sera difficile à atteindre, jouent également en sa faveur.
C’est un vieux loup de la politique nigériane, car il a été vice-président nigérian dans le gouvernement d’Olusegun Obasanjo de 1999 à 2007.
Depuis lors, il s’est présenté à plusieurs reprises comme candidat à la présidence, le plus récemment en 2019.
Et Il en est cette année à sa sixième tentative d’accéder à la fonction suprême, son premier essai remontant à 1992.
Musulman, vétéran politique, il tient aussi surtout en bon fulani à ses traditions et valeurs societales.
Même s’il a aussi fait face à des soupçons de corruption lorsqu’il était vice-président sous Obasanjo, il reste de loin l’un des grands favoris de ces élections présidentielles, car il n’a toutefois encore jamais eu affaire à la justice.
Deviendra t-il le prochain président du Nigeria ?
Un récent sondage mené par par l’agence Market Trends International MTI sur tous les candidats à l’élection présidentielle de 2023 a créé récemment une surprise en plaçant le candidat du Parti travailliste (LP), Peter Obi en tête, devant le principal candidat de l’opposition Atiku Abubakar du Parti Démocratique populaire (PDP), et Bola Tinubu du parti au pouvoir All Progressives Congress (APC).
Mais le seul problème de Peter Obi, âgé de 61 ans, qui n’est pas tellement connu du public nigérian, reste à savoir s’il sera capable de briser le système bipartite qui domine le Nigéria depuis la fin du régime militaire en 1999.
Atiku Abubakar va t-il remporter les élections ?
Tout porte à croire que le candidat du principal parti de l’opposition peut remporter les élections présidentielles du 23 février prochain. Car il a tous les atouts pour réussir ce pari.
Et la convention suggère d’ailleurs qu’un candidat de l’un des deux principaux partis l’emportera – M. Atiku ou M. Tinubu.
Il reste à savoir maintenant si le sulfureux homme d’affaires Atiku Abubakar, âgé aujourd’hui de 76 ans, candidat du principal parti d’opposition, le Parti démocratique populaire (PDP) et qui se présente pour la six fois à l’élection présidentielle pendant ces trentes dernières années, sera donc celui qui remplacera le président sortant Muhammadu Buhari le 25 février 2023.
Homme de terrain, il a en effet assez d’arguments pour attaquer le bilan des années passées du candidat du parti au pouvoir appelé le parrain du bilan jugé catastrophique du président Muhammadu Buhari, au pouvoir depuis 2015.
Son seul problème « le Zonage»
Le seul problème qu’il peut rencontrer est lié à une spécificité nigériane dénommée: le “zonage”.
Selon cet accord tacite propre au Nigeria, la présidence doit alterner tous les deux mandats entre un candidat du nord, majoritairement musulman, et du sud, majoritairement chrétien.
C’est un principe visant à maintenir l’équilibre dans un pays qui compte plus de 250 groupes ethniques et où les tensions entre communautés sont fréquentes.
Selon ce principe, du moment où le président Buhari est originaire du nord, son remplaçant devrait être un candidat du sud.
Or le principal parti d’opposition le PDP de M Atiku Abubakar a choisi d’ignorer le principe de “zonage” en désignant M. Abubakar, issu du nord-est.
Même s’il a choisi un colistier c’est-à-dire un futur vice-président issu du Sud et que les voix des électeurs du Nord étaient excessivement importantes lors de la dernière élection présidentielle, cela risque de lui poser des problèmes.
Aïssatou Chérif Baldé
Une excellente analyse.