Allemagne: encore un africain d’origine guinéenne tué par la police ?

La mort d’un africain d’origine guinéenne dans la région de la Basse-Saxe  dans la ville de Braunschweig le 31 décembre dernier, interroge et indigne. 

Le guinéen de 38 ans qui vivait depuis longtemps dans la ville de Braunschweig est mort dans la nuit du 31 décembre 2022 après une opération policière à Braunschweig. 

Les circonstances de sa mort restent un grand sujet dans la ville et au sein de la communauté africaine de l’Allemagne. 

Car une chose est certaine, les africains sont de plus en plus victimes du racisme de la police allemande. Et dans certaines régions, le racial-profiling fait partie du quotidien des africains. 

Mieux, depuis le démantèlement du coup d’État des groupuscules de l’extrême droite en Allemagne, on sait que les adeptes de la haine raciale gagnent du terrain et ne se gênent plus de propager leur idéologie raciste publiquement. 

Et ils sont aussi de plus en plus nombreux au sein de la police allemande. 

Circonstances de sa mort 

Selon la version officielle de la police de Braunschweig,  « la victime, père de deux enfants, se trouvait la nuit du 31 décembre 2022 dans un bar du nom de “Charlie Chaplin” au  centre-ville de Braunschweig pour fêter le nouvel an. 

Et  il se serait selon la police lâché à un moment donné et une situation qui aurait donc provoquée l’intervention de la police. 

Les propriétaires du local prétendent qu’il avait fait usage  du spray au poivre dans le bar. 

C’est suite à cet incident qu’ils ont appelé la police. La police présente sur les lieux l’a aussitôt emmené au commissariat et détenu en garde à vue, car selon elle il était en état d’ébriété grave. 

Une fois arrivé au commissariat, la police prétend que l’homme s’est soudainement effondré en perdant conscience. 

Bien qu’on ait tenté initialement de le réanimer, il est décédé dans l’unité de soins intensifs de la clinique de Braunschweig.

Une autopsie aurait révélé qu’il est mort sans aucune influence extérieure ». 

Mais sa mort continue de faire des vagues à Braunschweig et sur les réseaux sociaux. 

Ses amis et proches avec lesquels notre rédaction s’est entretenue au téléphone  «prétendent que les policiers qui l’ont arrêté ont fait usage d’une violence grave et disproportionnée. 

Mieux, ils pensent que la police de Braunschweig aurait dû amener le guinéen directement à l’hôpital au lieu de le criminaliser directement en le mettant dans une cellule de dégrisement. 

Et  les policiers n’auraient pas dû le laisser seul dans la cellule. 

Contrairement à la version officielle des responsables de la police, les amis et proches du guinéen sont d’avis que l’homme de 38 ans est décédé dans la cellule – et pas plus tard à l’hôpital ». 

La police contredit tout naturellement ces accusations et dit n’y être pour rien dans cet incident tragique. 

Son entourage a par ailleurs engagé un avocat pour clarifier les circonstances de cet incident tragique. 

Crise de confiance 

Mais comment peut-on croire à la version officielle d’une police allemande au sein de laquelle se trouve des policiers adeptes de l’extrême droite qui ont fait des méthodes de discrimination telles que le racial-profiling, leur mode opératoire contre les africains en Allemagne ? 

Après plusieurs morts tragiques causés par la violence policière ou encore des cas de traitement inhumains, racistes avec des conséquences graves que subissent les africains au quotidien, c’est quasi impossible pour les africains de croire à la police. 

Les exemples qui poussent à cette crise de confiance sont nombreux. 

On peut citer l’assassinat du guinéen Oury Jallow à Dessau le 07 janvier 2005, où il brûla  vif dans une cellule de degresement et dans l’indifférence totale des policiers.

Ou encore le cas du jeune guinéen Amadou Diallo assassiné en juin 2020 par la police à Emsland. 

Et naturellement tant d’autres circonstances graves où les africains ont perdu la vie après l’intervention de la police en Allemagne, comme ce fût le cas du jeune africain d’origine sénégalaise assassiné l’année dernière à Dortmund. 

Dans ce cas, il est tout à fait logique que l’on émette des réserves face à la version de la police de Braunschweig. 

Le silence assourdissant des diplomates Guinéens 

L’ambassade de Guinée à Berlin et tout comme son ministère de tutelle brillent toujours dans des cas pareils par une indifférence totale. 

C’est-à-dire c’est ni réactions, ni actions. 

Tel fut le cas sous le régime déchu d’Alpha Condé. Les autorités guinéennes avaient adopté la même position, dans l’affaire du jeune guinéen assassiné en juin 2020 par la police à Emsland. 

Or lorsqu’il s’agit de soutenir les accords insensés que l’Allemagne impose à la Guinée pour fin de déportation en  criminalisant les jeunes guinéens, ils ne manquent jamais d’arguments. 

Le régime de M Alpha Condé est déchu, mais l’irresponsabilité et le mépris de l’État guinéen vis-à-vis de sa diaspora guinéenne de l’Allemagne n’a pas changé. 

La diaspora africaine de l’Allemagne doit s’imposer

Tant que la diaspora africaine de l’Allemagne et notamment celle guinéenne n’accepte pas d’adopter une attitude décomplexée, et refuser de s’enfermer dans les complexes développés par la première génération de la diaspora africaine au cours de sa longue histoire et qui résultent de l’esclavage, de la ségrégation raciale, de la colonisation, de l’impérialisme mélanophobe, ou encore des conditions économiques et sociales défavorables des communautés africaines. 

Elle restera toujours invisible et victime de racisme et de violence policière en Allemagne. 

Aïssatou Chérif Baldé 

Un commentaire

  1. Là où ils n’ont pas pu combattre cette injustice chez eux ce n’est pas dans un pays étranger ils vont le faire.

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