Guinée: Le mea-culpa honorable du ministre Bachir Diallo.

Le ministre guinéen de la sécurité et de la protection civile Bachir Diallo a reconnu cette semaine l’existence d’une corruption organisée autour de la confection des passeports et en même temps le calvaire que connaisse les Guinéens de l’étranger dans le processus de confection de la preuve de leur identité. 

Un acte honorable et rarissime, lorsqu’on sait qu’en Guinée les ministres se croient tout permis et ils se fichent éperdument de ce que pensent le peuple de Guinée. 

Les agents de l’État guinéen du planton au président en passant par les diplomates, brillent pour la plupart du temps par des négativités du genre: “Respect des forts, mépris des faibles, boulimie de l’argent, complexe de supériorité, d’injustice, besoin d’agression, désignation de boucs émissaires dans les organisations de la société civile et syndicales, dans les partis politiques, vertige narcissique, mise en scène publique de leurs mensonges éhontés, corruption…”. 

Ils versent surtout dans la médiocrité intellectuelle et dans une arrogance et démagogie populiste sans précédent. 

Et ils n’hésitent pas à payer des blogueurs, des journaleux pour assombrir l’image des personnes qui leur font ombrage, pour d’obscures raisons politiques. 

Un ministre c’est pas pour l’éternité 

Or un ministre est nommé pour servir le peuple et non se servir de lui. 

Être ministre ou un commis de l’État n’est surtout pas un métier, mais une fonction destinée à durer un laps de temps déterminé. 

Un ministre n’est ni une entreprise ni une star qui serait obligée de faire sa publicité en utilisant les blogueurs ou les médias. Les médias se doivent d’être financés, d’obtenir des subventions de l’État pour garder leur indépendance, quel que soit le parti auxquels ils semblent appartenir. 

Sauf que l’arrivée de M Alpha Condé au pouvoir a facilité la propagation de telles pratiques malsaines sur les réseaux sociaux et dans les médias guinéens. 

Pourtant ceux qui dénoncent vos tares, vos errements le font pour que ceux-ci soient rectifiés, corrigés pour le bien être du peuple. 

Alors vous n’avez pas besoin de vous mettre dans une ambiance de haine et de mépris. 

Adultes et commis de l’État que vous êtes, il vous revient de protéger la jeunesse, de la guider vers des sentiers droits et lumineux… Et non de la pervertir, de lui apprendre à calomnier, à insulter et à aimer l’argent plus que la vérité. 

En agissant ainsi vous démontrez que vous êtes  des êtres inconsistants, incompétents,  immoraux et malsains qui jettent ainsi leurs adversaires ou supposés tels, en pâture. 

Nous avons tant d’inégalités, d’injustice, de cynisme dans notre société qu’il faudra impérativement les corriger. 

Grande politique signifie bonne administration 

Sur ce, il est important pour tout pays qui veut avoir une gouvernance vertueuse permettant une prise en charge efficace de la lutte contre la précarité, l’impunité, les vulnérabilités et les injustices sociales de comprendre qu’il n’y ne saurait exister de grande politique sans une bonne administration. 

Car administrer, c’est gouverner. Et la politique est à l’administration ce que l’âme est au corps ; et, de même que notre religion n’admet pas de corps sans âme, la vie n’admet pas d’âme sans corps.

Mais dans la Guinée de l’ancien légionnaire français Mamady Doumbouya, celui qui aime bien se faire passer pour un révolutionnaire panafricaniste, administrer un pays signifie tout simplement gouverner qu’à la surface. 

Pourtant gouverner un pays c’est avant tout improviser et prévenir.

C’est  surtout savoir vaincre les difficultés. Et qui veut vaincre les difficultés, va choisir les hommes selon leur aptitude et jamais sur fond de népotisme, de cooptation et d’ethnisme politique. 

Cette façon de gouverner est le secret de toute grandeur, pour celui qui veut écrire l’histoire de notre pays et non accepter de devenir une prochaine déception programmée. 

Les dirigeants qui ne se sont pas retrouvés avec un saut au sommet de l’Etat apprennent très tôt que l’art de gouverner, c’est l’art d’administrer un pays, d’en conserver et d’en accroître le bien-être et la moralité, l’art de gouverner c’est savoir céder par moment aux caprices de son peuple. 

Mieux, les membres du gouvernement d’un tel président doivent exercer leurs fonctions avec dignité, probité et intégrité et veiller à prévenir ou à faire cesser immédiatement tout conflit d’intérêts. 

Mais comme la transparence et la déontologie n’ont jamais été les obligations des ministres guinéens, c’est pourquoi l’on trouve le mea-culpa du ministre Bachir Diallo très surprenant et de surcroît un exemple que ses collègues ministres doivent suivre. 

Car pour la plupart des ministres Guinéens après le dieu Doumbouya c’est eux. Ils n’ont pas besoin de faire preuve de transparence dans la gestion de la chose publique. 

Et c’est sûrement pour toutes ces raisons, qu’ ils n’ont pas procédé à une déclaration du patrimoine concernant la totalité de leurs biens propres ainsi que, le cas échéant, ceux de la communauté ou les biens indivis. 

Espérons seulement qu’après ce mea-culpa honorable du ministre Bachir Diallo, le calvaire des Guinéens de l’étranger liés au processus de confection d’un passeport seront minimes. 

Car il est inadmissible pour un État prompt à déporter ses citoyens pour faire montre de son allégeance aux chancelleries occidentales, soit incapable de confectionner un passeport dans un délai raisonnable après six décennies d’indépendances. 

Aïssatou Chérif Baldé 

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