Les nouvelles autorités guinéennes annoncent un mandat d’arrêt international contre l’ex-président Alpha Condé.
Vendredi dernier, Washington a déjà imposé des sanctions à l’ancien président Alpha Condé.
Ces sanctions pour “violations graves des droits humains” gèlent les avoirs de l’ancien chef d’Etat et interdisent toute relation commerciale avec lui.
À en croire les autorités guinéennes, les ennuis judiciaires vont se multiplier pour l’ancien faux opposant historique et pion tristement célèbre de la déstabilisation de la Guinée depuis l’agression 70 jusqu’à sa prise du pouvoir contesté en 2010.
L’ex président de la Guinée, Alpha Condé qui séjourne officiellement en Turquie pour des soins de santé, refuse apparemment de regagner Conakry.
Et après avoir essayé en vain de le faire revenir, les autorités de transition veulent désormais contraindre les autorités turques à extrader l’ancien président guinéen.
Car celui-ci refuserait de regagner son pays pour se mettre à la disposition de la justice guinéenne qui l’accuse de délits économiques et financiers et de crimes de sang.
Donc c’est sur fond de refus de retourner à Conakry et du procès du 28 septembre où il est cité par l’ancien président Dadis Camara, d’être l’un des commanditaires du massacre du 28 septembre que le garde des Sceaux, ministre de la Justice Charles Wright a annoncé qu’un mandat d’arrêt sera lancé contre Alpha Condé.
Selon le garde des Sceaux, ministre de la justice et des droits de l’homme:
« Il n’est pas hors-la-loi »
« Je reste formel là-dessus. Au nom de l’application cohérente de la politique générale du gouvernement, un mandat d’arrêt sera décerné contre M. Alpha Condé parce qu’il n’est pas hors-la-loi », a laissé entendre ce lundi 12 décembre, Alphonse Charles Wright, ministre guinéen de la Justice.
Le buzz pour exister
Mais ce n’est pas la première fois que le sulfureux ministre de la justice et des droits de l’homme fasse de telles déclarations.
En novembre dernier il avait annoncé dans un courrier rendu public, des poursuites judiciaires à l’encontre de l’ancien président Alpha Condé ainsi que 187 dignitaires de son régime.
Depuis lors, plus personne n’est au courant de l’évolution de ce dossier.
Et les personnes citées dans ce dossier et qui seraient soupçonnées des faits présumés de détournement de deniers publics, enrichissement illicite, corruption sont pourtant libres de leur mouvement.
L’on se demande alors pourquoi continuer à faire de telles déclarations, si par après les actes ne suivent pas?
Car ces déclarations récurrentes ressemblent plutôt à du buzz pour exister juste..
Il cherche à travers ces déclarations à être repris, à devenir un objet de discussion ou de buzz.
Une stratégie de communication propre à cette junte militaire guinéenne. Elle sait surtout que la presse tout comme les réseaux sociaux peuvent à travers de telles sorties amplifier ses déclarations .
Pourtant, cette culture du buzz en politique, est dangereuse. Lorsque membre d’un gouvernement on buzze de plus, pour exister. C’est pas du tout sur des idées de fond.”
En plus, avant de faire de telles déclarations, il est sûr et certain que les autorités d’Ankara ne vont pas se plier à la volonté des militaires au pouvoir à Conakry.
Si ce n’est donc pas pour distraire l’opinion publique, sur fond de manipulation et de démagogie, on se demande quel effet, au-delà de l’annonce, sur fond de buzz que ce mandat d’arrêt peut réellement avoir?
Quand on sait que la Turquie ne voudra pas respecter ce mandat d’arrêt même s’il était lancé et extrader le président Alpha Condé.
D’autres priorités
Nous avons actuellement dans ce pays d’autres urgences et priorités sur lesquelles le ministre de la Justice Alphonse Charles Wright, devrait en temps réel s’atteler en évitant de verser dans une démagogie boueuse et du buzz.
Il y a eu des personnes qui ont été assassinées tout dernièrement. Des autopsies ont été faites sur des corps.
Et le même ministre avait annoncé l’arrestation de certains officiers de la police et de la gendarmerie, et il a également annoncé l’ouverture d’enquêtes.
Mais jusqu’à présent le public n’est pas édifié sur l’évolution de ce dossier.
Pourtant pour pouvoir mettre fin à l’impunité dans ce pays, il est d’une impérieuse nécessité qu’on mette la loi au-dessus des considérations partisanes.
Le changement dans la continuité
Et pour l’heure l’État guinéen reste déterminé par l’arbitraire, l’autoritarisme, la privatisation du pouvoir, l’injustice et par-dessus une corruption d’une envergure internationale.
Mettre fin aux diverses facettes des obstacles rencontrés sur le chemin de la démocratisation et du développement politique en général en Guinée ne sont pas à l’ordre du jour.
Nous sommes en train d’assister à un changement dans la continuité.
Or la situation actuelle de la Guinée caractérisée par une fracture sociale, par un manque de confiance des citoyens dans les institutions, par un problème de gouvernance, source de ressentiment vis-à-vis de l’ancien régime exige que le gouvernement de transition soit incontestablement moins clivant, et travaille ardemment pour fédérer les opinions dans le pays.
Alpha Condé source d’instabilité
Parlant de l’ancien président Alpha Condé, la junte militaire guinéenne doit savoir que tant qu’il est libre de ses mouvements, la Guinée ne connaîtra jamais la paix et la stabilité.
Il reste depuis 1970 source d’instabilité à l’image des « faussaires » très nombreux dans ce pays qui assènent sans aucun scrupule des contrevérités pour défendre telles ou telles causes en devenant quasi intouchables.
Donc quoi qu’ils racontent, on les respecte et personne, ou presque, n’ose dénoncer leurs (petits) arrangements permanents avec la vérité.
Et le triomphe de ces «serials-menteurs » représente une véritable menace pour la Guinée.
Aïssatou Chérif Baldé