Allemagne: encore des guinéens mis aux arrêts pour expulsion.

Si l’on a cru que l’arrivée de la junte militaire guinéenne au pouvoir le 05 septembre 2021 allait marquer la fin des expulsions arbitraires de Guinéens de l’Allemagne

C’était vraiment mal connaître la mentalité des nouveaux acteurs étatiques de l’État guinéen. 

À bien analyser, on se rend compte que les nouveaux tenants du pouvoir ne sont en réalité pas différents du régime déchu d’Alpha Condé signataire en 2018 d’un accord avec l’État allemand avec pour objectif faciliter l’expulsion des Guinéens de l’Allemagne de façon arbitraire. 

Et c’est ce que confirme en tout cas cette autre détention arbitraire d’Amadou Oury Diallo dans la maison d’arrêt de Darmstadt en Allemagne, depuis hier 15 décembre 2022. 

Amadou Oury Diallo vit selon son avocat depuis 2013 à Duisbourg dans la région de la Rhénanie-Westphalie. 

Toujours selon son avocat que nous avons eu hier au téléphone, il n’a jamais  enfreint aux lois de la République allemande. 

Il a travaillé pendant toutes ces années et a déposé son passeport guinéen auprès de l’office de l’immigration de Duisbourg pour obtenir le permis de séjour selon le § 25b AufenthG. 

En effet, depuis le 01.08.2015, il existe en Allemagne une réglementation concernant le droit de séjour qui est indépendante d’une date butoir (« stichtagsunabhängige Bleiberechtsregelung »).

Le § 25b AufenthG prévoit, sous certaines conditions, l’accord d’un permis de séjour pour les personnes résidant en Allemagne depuis longtemps en raison de leur « intégration durable ». 

Et comme M Diallo remplit les conditions pour obtenir ce permis de séjour, c’est pourquoi il a déposé sa demande afin d’obtenir enfin un permis de séjour après plus de 9 ans passés en Allemagne. 

Mais malheureusement au lieu d’obtenir son titre de séjour, il a été tout simplement mis aux arrêts le 13 décembre 2022 par l’Office de l’immigration allemande de Duisbourg.

L’Office de l’immigration de Disbourg prétend que c’est parceque M Diallo avait de par le passé donné une fausse identité, qu’elle a rejeté sa demande, préférant donc après plusieurs années de contribution dans les caisses de l’État allemand, de l’expulser.

Elle motive aussi sa décision par le fait que l’avocat aurait souligné dans sa demande d’obtention de permis de séjour que M Diallo a déposé son passeport seulement dans l’objectif d’obtenir un titre de séjour.

Des motifs absurdes et insensés avec une décision aléatoire.

Son expulsion vers Conakry le 13 décembre à partir de l’aéroport de Francfort vers Conakry a échoué. 

Et depuis il est détenu dans la maison d’arrêt de Darmstadt en attendant d’être expulsé à nouveau. 

Cette expulsion des autorités allemandes dans des conditions arbitraires et injustes ne peut être possible qu’avec l’accord des autorités de Conakry, notamment le ministère des affaires étrangères et des guinéens de l’étranger et le ministère de l’intérieur et de la protection civile.

Or il n’existe aucune raison d’état qui autorise que l’État guinéen accepte l’humiliation des guinéens de l’Allemagne de cette façon. 

Car cette expulsion qui n’est pas la première depuis l’arrivée des militaires au pouvoir se fait sans raison. Et aucune raison d’état ne saurait l’expliquer. 

Et dans ces conditions, on peut aisément affirmer d’ailleurs que la démocratie s’arrête là où commence la raison d’état. 

Mais lorsqu’il s’agit de la question de l’immigration, la plupart des États européens ne manquent pas d’alléguer la raison d’état pour autoriser l’humiliation et la déshumanisation des africains qui ont fui des États réfractaires et irrespectueux de leurs droits fondamentaux que cette Europe soutient pourtant: droit au développement, droit à la santé, droit à l’éducation, droit à la vie etc.

Raison pour laquelle, des guinéens venus en Allemagne puisqu’ils espèrent avoir un lendemain meilleur, sont depuis 2006, victimes d’expulsion arbitraires, sur fond d’accord insensé. 

Les guinéens vivent aujourd’hui dans ce pays si riche du nom de l’Allemagne dans une situation traumatique.

On se rend surtout compte que, lorsqu’il s’agit des africains surtout les Guinéens, l’Allemagne et plus particulièrement la région de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie dirigée par les chrétiens démocrates (CDU) avec parfois des tendances de l’extrême droite refuse de faire preuve de tolérance et d’acceptation des africains.

Cette région traite la problématique des réfugiés guinéens comme un péril ou une gène. Et c’est pourquoi, elle est presque la seule région sur les 16 autres en Allemagne à vouloir se débarrasser des guinéens comme des colis. 

Elle sait dans ce dossier compter sur le gouvernement guinéen qui accepte qu’on expulse les guinéens de façon injuste et arbitraire. 

Et pourtant les profits que se fait la multinationale allemande du nom d’Aluminiumoxidwerke (AOS) sis à Stade en Basse- Saxe qui exploite avec le soutien du gouvernement la bauxite guinéenne dans la région de Boké; sont énormes. 

Sur les 2 millions de tonnes de bauxite que l’Allemagne importe par an 93,1%   proviendraient des sous sols guinéens. 

Qu’importe du moment où nos dirigeants à Conakry ont décidé d’être le porte-voix de l’impérialisme mélanophobe, et par conséquent les défenseurs des intérêts de l’oligarchie néolibérale occidentale en Guinée en piétinant le droit des guinéens en  Allemagne. 

Aïssatou Chérif Baldé 

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