En ce jour du 12 décembre 2022, c’est au tour de l’ancien président Moussa Dadis Camara au moment des crimes de donner sa version des faits devant le tribunal.
Appelé lundi dernier à comparaître, il avait demandé au tribunal de reporter sa comparution pour cause de maladie. Une chose qui fut alors acceptée par le tribunal créé à cet effet.
Et il a donc comparu aujourd’hui et à la demande du président du tribunal s’il était prêt, l’ancien président a répondu par un acquiescement.
Le président Dadis Camara habillé en grand boubou rayé ocre, noir et blanc, avec des fines lunettes, semble vraiment être prêt.
Dès le début de son monologue et fidèle à lui-même, il cita quelques philosophes européens tels que Emmanuel Kant ou encore Heraclite.
Il invoqua beaucoup le nom de Dieu en parlant de son honneur, de sa sincérité, de sa générosité en se référant donc à la bible et au coran avant de rentrer dans le vif du sujet.
Scénario du complot ?
L’ancien président et chef de la junte militaire guinéenne au moment des massacres qui ont fait 157 morts, plusieurs personnes portées disparues et des femmes violées contre-attaque en parlant de complot orchestré contre lui.
Il cite sans sourciller nommément trois personnes : Alpha Condé, l’ex-président renversé en septembre 2021, Sekouba Konaté, ministre de la Défense nationale au moment des faits devenu président de la transition en 2010 après l’assassinat manqué de Moussa Dadis Camara, et Aboubacar Sidiki Diakité, dit Toumba, son ancien aide de camp qu’il avait chargé, lors de son audition, accusé donc par Moussa Dadis Camara d’être l’exécutant des événements.
Poursuivant son monologue, il ajoute ceci « Ce complot, c’était pour me rendre infréquentable, pour me salir devant la communauté internationale »« ensuite, Toumba a été embobiné pour m’éliminer », poursuit-il.
Les révélations de Wikileaks confirment ce scénario.
Déjà en 2010 le site Wikileaks de Julian Assange avait publié une masse de documents diplomatiques où apparaissait le récit par les diplomates américains et français parlant de la «neutralisation» du chef de la junte guinéenne Moussa Dadis Camara, après l’attentat commis contre lui en décembre 2009.
Ces informations furent alors relayées par plusieurs médias occidentaux, entre autres le journal français « Le Monde ».
Le journal français « Le Monde» se basant sur les révélations de Wikileaks avait alors consacré un article sur ce dossier.
Dans cet article paru en décembre 2009 révélait un diplomate américain en poste à Ouagadougou ceci : “La communauté internationale est d’une façon générale sur la même position. L’absence de Dadis a ouvert une fenêtre d’opportunité pour faciliter une transition démocratique.”
« Bien qu’il ait été chassé de la scène violemment plutôt que par des moyens constitutionnels, il serait mieux pour la Guinée qu’il ne rentre pas dans son pays”,ajoutait l’ancienne ambassadrice américaine en poste à Conakry, Patricia Moller, dans un des télégrammes diplomatiques obtenus par WikiLeaks et révélés par Le Monde ».
Paris et Washington avaient selon les révélations de Wikileaks insisté auprès des Marocains pour qu’ils gardent Dadis “pendant longtemps”.
C’était pour eux une façon de trouver un remplaçant de Moussa Dadis Camara.
Et selon les révélations de Wikileaks, “Bernard Kouchner ami de l’ancien président Alpha Condé et ministre des affaires étrangères de la France d’alors et Hillary Clinton aussi secrétaire d’état américain au regard des fréquentes discussions entre les deux politiciens, [Sékouba Konaté] offrait le seul véritable espoir pour une transition politique.” Seul problème, le général se dit “fatigué” et “pas intéressé par le pouvoir”.
Et selon le journal français Le Monde “déjà début janvier 2010, à Rabat, le général Sékouba Konaté, qui n’a pas encore assumé l’intérim jusqu’à l’élection présidentielle du mois de juin, s’est montré, en privé, tout aussi réticent au retour de son “frère” Dadis. “Il a été explicite, affirmait le ministre marocain des Affaires étrangères d’alors, Taieb Fassi Fihri. Dadis ne doit pas être autorisé à rentrer en Guinée, ni à participer à la transition.”
“Finalement, début janvier, le général Konate est “prêt à rentrer à Conakry et à mettre en œuvre l’accord de Ouagadougou”, qui stipule notamment “l’interdiction” faite à Dadis Camara de rentrer en Guinée et pose les bases de la transition vers un pouvoir civil grâce à l’organisation rapide d’élections” révélait alors Le Monde.
Des élections présidentielles qui portèrent l’opposant historique Alpha Condé, l’ami de Bernard Kouchner au pouvoir. Ce dernier fut sans grande surprise pendant un bon moment sous le règne d’Alpha Condé un habitué du palais présidentiel.
En se fiant donc à ces révélations, le président Moussa Dadis Camara peut aisément parler de Complot qui impliquerait non seulement l’ancien président Alpha Condé, l’ancien président de transition Sékouba Konaté d’une part et voire même celle de la communauté internationale d’autre part.
Apparemment ces manœuvres complotistes avaient pour objectif de porter Alpha Condé, l’ami de Bernard Kouchner au pouvoir.
Sauf que son arrivée au pouvoir appuyé par ces puissances tutélaires éternelles dont l’opinion sur ce que nous sommes, ce que nous faisons et où nous allons sans notre avis est vitale pour elles n’a fait qu’accentuer l’instabilité politique de ce pays.
Sur ce, l’absence de l’ancien président Sékouba Konaté protégé par la fausse communauté internationale à ce procès ne doit surprendre personne.
Pour l’heure, la France est à travers son ancien légionnaire Mamady Doumbouya président de transition guinéen chez elle en Guinée.
Aïssatou Chérif Baldé
C’est toujours du deux poids deux mesures en Guinée! Tous ceux qui sont impliqués dans cette affaire du 28 septembre doivent vague que vaille comparaître !!! Puisse Allah Le Tout Puissant faire que la vérité triomphe et que les coupables soient punis à la hauteur de leur forfaiture, amina yarrabi. La Guinée doit en finir avec l’injustice pour de bons!!!!