Coup de gueule de la semaine:En Guinée l’élite pense que, l’objectif politique ne peut être atteint que par des moyens immoraux.

On a vécu pendant les dix dernières années du règne du faux opposant historique Alpha Condé, un régime de terreur, de haine, de recul démocratique, de violations graves des droits de l’homme. 

Et nous avons tenté de nous y opposer à travers des denunciations écrites ou encore des manifestations, comme celle qui fût organisée par la diaspora guinéenne de l’Allemagne le 30 novembre 2018 à Berlin. 

On a cru qu’après le régime de M Alpha Condé le ciel guinéen allait bien évidemment nous donner enfin l’homme qui veut et peut à la fois. 

Et c’est pourquoi, il était pour nous une impérieuse nécessité de s’engager au près des forces vives de la nation afin de mettre fin aux défaillances de l’État guinéen, telles que l’ethnisme politique, la corruption organisée, l’humiliation de la diaspora guinéenne de l’Allemagne à travers des accords insensés. 

Pour une fois, nous avons cru que les choses allaient changer, même si on était conscient que la Guinée reste tout de même ce pays où tout change pour que rien ne change. 

Mais de notre trou diasporique, on gardait tout de même cette lueur d’espoir de voir notre ambition pour la Guinée se réaliser. 

C’est-à-dire celle qui consiste à réorienter notre modèle de développement vers la construction  d’une société démocratique ,et d’une économie, à la fois productive et inclusive, où chaque guinéen disposera d’un accès à la richesse et à son bien-être. 

Il a fallu attendre le coup d’État militaire du 5 septembre pour que nous soyons témoins du caractère versatile, désolant, désespérant, décevant opportuniste de la classe politique guinéenne, des acteurs de la société civile, des guinéens de l’étranger, des acteurs étatiques de ce pays. 

Car aujourd’hui on constate avec stupéfaction qu’en dépit de la responsabilité de M Alpha Condé dans le drame guinéen, son parti est rétabli par ceux-là même qui criaient hier aux bavures. 

Comme d’habitude, les bourreaux d’hier sont soudainement devenus les héros d’aujourd’hui. Personne ne se sent indignée.

Tant pis pour les victimes du régime despotique de l’ancien président Alpha Condé, la déception programmée de l’histoire récente de la Guinée. 

La Guinée est un gâteau qui doit être partagé entre ceux qui brillent par l’imposture, le mensonge d’état, la fourberie, la médiocrité, la fraude et la corruption et l’immobilisme anachronique. 

Et dans ce milieu, point de place pour la morale, les vertus, les moeurs. Car des objectifs moraux, comme le refus de pactiser avec les bourreaux d’hier, pour honorer la mémoire des victimes par exemple, ils n’en ont pas. 

Or la morale et la politique pour celui qui se fixe en politique des objectifs moraux peuvent être intimement liées. Même si le cercle infernal dans lequel se débattent morale et politique, est difficile de séparer autant que de les maintenir unies.

«Mieux la politique, quand le terme n’indique pas simplement une procédure, étudie et régit les formes de gouvernement, et les ressorts de la vie publique, du for externe ; elle élabore des lois civiles, elles aussi accordées tant bien que mal aux intérêts, aux passions, aux mœurs, mais, à la différence des lois morales, juridiquement contraignantes».

On voit bien que la politique est liée à la morale, car qui parle de mœurs parle de morale.

Mais apparemment en Guinée les politiques sont à la recherche d’un but  immoral au regard de la morale reçue par des moyens politiques «moraux». 

Les politiques guinéens conçoivent qu’un objectif admis pour moral puisse être atteint seulement que par des moyens « immoraux»

C’est ce qui explique donc la coalition scellée entre les opposants au régime despotique de M Alpha Condé et son parti politique le RPG-arc-en-ciel. 

Et dans un tel contexte, il est impossible de réconcilier la morale avec la politique ou encore avoir une morale de la politique et une politique de la morale.

Après on s’étonne que le réseau de corruption organisée, l’affairisme d’état autour du premier ministre du gouvernement de transition guinéen M Gomou soit une norme, la règle soutenue par le tombeur de M Alpha Condé, le lieutenant colonel Mamady Doumbouya.

En tout état de cause, une masse libre doit, à tout prix, se garder de confier son salut à un seul homme.

Certes le peuple de Guinée a cru un temps soit peu que cette transition serait apaisée et inclusive. 

Mais hélas, le constat reste amer puisqu’on continue de faire recours aux mêmes méthodes que l’ancien régime. 

Mieux “la société civile ou encore les partis politiques dont le courage et le dynamisme sont pourtant souhaités, sont devenus partiellement le refuge des cadres déçus activistes aux objectifs politiques inavoués.

Tout porte à croire que tout est sciemment fait pour que le dialogue soit biaisé et folklorique, ce qui accentuerait la frustration des guinéens et mettrait à mal la cohésion sociale.

En attendant, applaudissons la comédie démocratique en cours en Guinée sans vertus, sans alchimie et morale sur fond, de dialogue politique biaisé et folklorique, de surdité politique, d’hypocrisie et de conformisme.

Aissatou Cherif Balde

Journaliste, Politologue.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *