Le chef de la junte militaire guinéenne vient de procéder hier vendredi 18 novembre à un mini-réaménagement de son gouvernement de transition.
Et il s’agit de son deuxième mini-remaniement, depuis la formation de son premier gouvernement de transition l’an dernier .
Son gouvernement de transition qui était au départ composé de 25 Ministères, passe désormais à 27 Départements et 2 secrétariats généraux.
Et quelle leçon peut-on tirer de ce grossissement du rang du gouvernement de transition guinéen ?
Mamady Doumbouya à l’instar de son prédécesseur, son mentor bienfaiteur Alpha Condé a perdu le contrôle du pays.
Il incarne aujourd’hui valablement le rôle que jouait Alpha Condé étant à la tête de l’État guinéen.
En effet, le chef de la junte militaire guinéenne s’est transformé en un fervent défenseur de la défiguration de la démocratie en Guinée, de l’enracinement de la dictature du sabre et du poignard, de l’injustice, de la corruption, de l’incompétence, de la mauvaise gouvernance, de la médiocrité.
Son pouvoir est devenu irrespirable et reste basé sur le clanisme, le népotisme et des calculs politiques malsains.
Il n’a ni le courage, ni l’audace de réformer l’État guinéen.
Et étant lui-même devenu l’incarnation de cet État qui ne fabrique que des adeptes de la kakistocratie, ce pouvoir des pires, c’est-à-dire “Un sublime corrupteur entouré de corrupteurs”, ces réformes voulues seront vouées à l’échec.
Il n’a tout simplement pas la volonté de nettoyer les écuries d’Augias. Et malgré qu’il soit conscient de « l’indélicatesse de certains ministres, directeurs généraux, chefs des institutions étatiques dans la gestion de la chose publique, de l’insuffisance de résultats pour d’autres, de la perte de confiance du peuple.
Le chef de la junte militaire à choisi de nettoyer son écurie avec un filet timide.
Cet autre mini-remaniement ministériel pendant cette période de transition politique incertaine est juste synonyme du renforcement de l’inefficacité de l’action gouvernementale dans la conduite des affaires de l’État.
Le message du chef de la junte militaire guinéenne est clair: Les calculs politiques passent avant l’intérêt du pays.
Son manque de courage et son incapacité à montrer la porte à des ministres sous-performants le prouve aisément. Et ce n’est rien d’autre qu’un calcul stratégique et politique pour faire de la transition politique un trompe l’œil.
On voit que ce gouvernement de transition guinéen ne peut en aucun cas allier expérience, jeunesse, responsabilité, dynamisme, compétence et patriotisme pour enfin sortir la Guinée du trou d’air.
Cependant l’attitude de Mamady Doumbouya apporte un autre éclairage qu’on peut conjuguer avec l’hypothèse du manque de cran sur fond de calcul stratégique. Car les conséquences d’exclusions de masse auraient probablement fragilisé encore plus la solidarité de son clan mafieux en voie de construction.
Ceci dit qu’on ne se leurre pas en faisant confiance à une junte militaire incapable de respecter son propre slogan” la justice sera notre boussole” qui a pu tuer depuis son putsch militaire une dizaine de civils pendant des manifestations pacifiques.
Cette junte au pouvoir depuis plus de douze mois est secondée par une administration notoirement corrompue. Et ne saurait donc pas en mesure de mettre fin au saignement de l’État guinéen.
Mieux elle est incapable d’unifier à nouveau un peuple dont les membres sont écartelés entre un impératif de survie et des allégeances contradictoires entre des forces pseudo-légales et des forces politiques sans substances.
Continuer donc à soutenir un gouvernement aussi illégitime qu’inefficace en Guinée est semble-t-il une manière d’entretenir le brasier guinéen-pas pour l’éteindre.
Accompagner la dérive politique de la junte militaire, c’est former des nouveaux putschistes, c’est subventionner la corruption, et contribuer à la montée en puissance d’une nouvelle caste de jouisseurs.
Il n’y a donc pas à choisir entre les putschistes d’aujourd’hui et les forces politiques ayant fait le choix de coaliser avec le RPG-arc-en-ciel, mais c’est plutôt à guérir. Car ces deux options ne garantissent aucune stabilité politique aux institutions politiques du pays.
Aïssatou Chérif Baldé