Forum de Paris sur la paix 2022:Umaro Embalo Sissoko remet Macron à sa place.

Pendant que l’écrivain Tierno Monénembo à l’image de l’intellectuel africain, allié du maître ou « la voix de son maître» s’en prenait encore, au mois d’octobre dernier dans le journal français “le point” aux autorités maliennes, en prétendant qu’en ce moment au Mali, il y a bel et bien péril en la demeure.

Le Président Buissau-Guinéen et actuel président en exercice de la Cédéao, Umaro Embaló présent à la 5e édition du Forum de Paris sur la Paix, présidé par le président français Emmanuel Macron tenait un autre discours et un autre langage. 

À travers ce langage clair, concis, le président Bissau-Guinéen fait comprendre aux intellectuels africains alliés de la France en Afrique, qu’il ne saurait exister de préalables les conduisant  à croire en 2022 au messianisme de la France sur le destin de l’Afrique. 

Il met surtout l’accent sur les deux poids deux mesures de l’État français sur fond de l’impérialisme mélanophobe. 

Embalo Umaro Sissoco dénonce la vision néo-impériale de l’Etat français. Cette vision qui sous-entend que les peuples africains ne méritent pas la démocratie. Il faut leur imposer des Républiques héréditaires, des hommes et femmes aliénés qui vont perpétuer la domination du maître. 

Dans ce système monde mafieux, les intellectuels doivent forcément devenir l’allié, « la voix du maître » blanc, et participer ainsi à la fragilisation des régimes politiques que le maître met à mal depuis l’indépendance par des coups d’états, des assassinats de leaders. Et ça ne change pas depuis plus de six décennies.

Pour la France déstabilisatrice de la Libye et par conséquent toute la région sahélienne en Afrique, la déclaration universelle des droits de l’homme existant depuis plus de 60 ans n’est valable que pour eux  les “civilisés” qui évitent la guerre chez eux et se serrent les coudes dans la mise au pas des “barbares“ que sont les africains. 

L’État français veut être une puissance colonisatrice, tutélaire éternelle du destin des peuples africains aux indépendances confisquées. 

Et face aux crises permanentes en Afrique, la seule chose dont elle est capable à part son indifférence, c’est son indignation sélective ou sa justice à géométrie variable. 

Alors pour la jeunesse consciente africaine, cette sortie du président Embalo Sissoko face à un Emmanuel Macron prêt à tout pour museler, discréditer tous ceux qui sont opposés à l’asservissement des peuples africains et qui n’ont pour arme que leur plume ou encore les dénonciations sur les réseaux sociaux, est un vrai baume au cœur. 

L’essentiel du discours d’Embalo

Le Président de la Guinée Bissau, Umaro Sissoco Embaló a participé à la 5e édition du Forum de Paris sur la Paix qui s’est tenu du 11 au 12 novembre. Elle était présidée par le président français Emmanuel Macron en compagnie de la ministre de l’Europe et des affaires étrangères Catherine Colonna.

Cette 5ème édition voulait rassembler des experts et des intervenants de toutes les régions autour du thème  « Surmonter la multicrise». 

Et à cette occasion, le président en exercice de la Cédéao Umaro Sissoco Embalo déclarera que Mouammar Kadhafi était un mal nécessaire pour la Lybie.

Pour lui le rejet du système d’asservissement françafrique ne doit pas être perçu comme « un sentiment anti-français en Afrique de l’ouest. Car le problème de la Lybie a causé des conséquences graves pour le Mali, le Burkina, le Niger ». 

« Kadhafi était un mal nécessaire pour son peuple. Et Sadam Hussein aussi était un mal nécessaire pour son peuple. Le peuple vivait bien sous leur régime. Aujourd’hui je me demande s’ils sont heureux sans Sadam, sans Kadhafi. Même si c’était des personnes néfastes, il y avait la paix. Mais maintenant comment va-t-on acheter la paix? » ajoutera t-il. 

Pourquoi ce revirement ? 

Et l’on se demande si c’est la visite récente de M Embalo en Russie qui l’a fait changé de discours ou c’est parce qu’il est conscient que l’autodétermination des peuples africains n’a pas de prix. 

En tout état de cause, on sentait de la gène sur le visage de M Macron quand le président Bissau-Guinéen a dénoncé la mort de Khadafi, symbole de la dignité africaine et de Saddam Hussein, des leaders tués par les impérialistes occidentaux.

Et le visage que faisait Emmanuel Macron pendant ce discours en disait long sur sa gène. 

Le président français, avait l’air d’être totalement décontenancé par les vérités crues du président en exercice de la Cédéao . 

Sûrement Macron se disait, cet homme est vraiment différent de mes laquais et intellectuels, satrapiques françafrique de la Côte d’Ivoire, du Sénégal du Tchad, de la Guinée. 

Ceux qui depuis six décennies cautionnent cette idée de l’Occident dénoncée par Césaire sur l’incapacité de l’Afrique à avoir puissance sur son propre destin. 

Pourtant, il n’appartient pas à la France de guérir l’Afrique de son trauma postcolonial. Elle n’a pas plus de moyens pour cela que n’en aurait le lion à devenir le guide des antilopes.

Aïssatou Chérif Baldé. 

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