Guinée:Silence on se joue du peuple!

L’opposition politique guinéenne se joue du peuple de Guinée avec une politique gavée de cynisme, qui empêche le peuple de penser. 

Les exigences des partis politiques membres du quatuor « RPG arc en ciel, ANAD, CORED, FNDC politique » dévoilées ce jeudi 10 novembre 2022, avant toute participation  au dialogue inclusif, initié par la junte, montrent à quel point l’opposition politique guinéenne manque de clairvoyance. 

Ces exigences portant sur 10 points, fait cas de la libération des prisonniers politiques écroués depuis la prise du pouvoir par les militaires en septembre 2021.

Et cette exigence pose problème, car peut-on vraiment qualifier les anciens dignitaires du RPG-arc-en-ciel détenus pour des faits présumés de corruption, de blanchiment d’argent, pour crime de sang, de prisonniers politiques? 

Qu’est ce qu’un prisonnier politique

Selon l’organisation internationale de défense des droits de l’homme Amnesty International un prisonnier d’opinion est une personne qui n’a eu recours ni à la violence ni prôné son usage mais qui s’est fait emprisonner en raison de ses caractéristiques (orientation sexuelle, origine ethnique, nationale ou sociale, langue, couleur de peau, sexe ou situation économique) ou de ses convictions (religieuses, politiques ou autres).

En se référant donc à cette définition, aucun ancien dignitaire du régime déchu écroué ne peut être qualifié de détenus politiques. 

Certes, aux termes du droit international relatif aux droits humains, nul ne doit être détenu sans raison légitime. Et toute personne accusée d’une infraction a droit à un procès équitable. 

Sauf que tous ces anciens dignitaires sont détenus aujourd’hui pour des raisons valables et légitimes. Et personne ne pourra à présent prouver le contraire. 

Mieux, les anciens dignitaires emprisonnés aujourd’hui sont les artisans du tripatouillage constitutionnel. Et Ils ont été à la base des préparatifs d’un enterrement, celui de l’État de droit. 

Il n’existe donc aucun préalable qui peut conduire une opposition politique responsable avec des valeurs et attitudes démocratiques, prête à s’appuier sur le garde-fou que constitue l’État démocratique pour progresser à exiger la libération de ces gens. Et toute opposition qui veut s’engager en toute priorité et sincérité dans la construction d’une société démocratique sur fond de changement réel ne peut pas se prêter à ce jeu sinistre qui avilit et ruine le peuple. 

Car ces gens sont comptables de la situation de cul de sac actuel. Ils ont préféré faire de l’alternance démocratique en Guinée lettre morte, sur fond de perte en vie humaine, d’emprisonnement d’opposants politiques, de morts de prisonniers politiques, de restrictions des libertés individuelles. 

Ces personnages ont refusé de faire profil bas pour décanter la situation crisogène qui prévalait avant le 05 septembre 2021 pour surpasser cette période de crise. Ils ont préféré ainsi montrer des tendances de plus en plus autoritaires qui a donc conduit le pays à un coup d’État militaire et à une nouvelle transition politique. 

Alpha Condé et tous ces ministres détenus aujourd’hui ont brillé pendant 10 ans par une remise en cause de l’encadrement juridique, le reniement de la séparation des pouvoirs, la remise en cause de l’état de droit, et surtout la déchéance du contrôle de la constitutionnalité et les élections imparfaites. 

Ce jeu auquel joue donc ce quatuor composé du « RPG arc en ciel, ANAD, CORED, FNDC politique » est perfide et cynique. 

Et si l’on peut qualifier de légitime le soutien affiché du RPG-arc-en-ciel à ces champions détenus en prison. 

Par contre le soutien affiché des opposants politiques aux anciens dignitaires détenus tels que l’ancien Premier ministre Kassory Fofana ou l’ancien président de l’assemblée nationale illégitime Amadou Damaro Camara prouve que sa lutte politique n’est que de surface. 

Et cette position politique de ces opposants révèle tout simplement qu’en Guinée opposition et mouvance vont de pair, c’est deux faces de la même médaille. 

Se connaissant tous depuis au temps du régime Conté puisqu’ayant gouverné ensemble ce pays, ils semblent avoir mis en place un système de réseau mafieux où ils s’entraident comme des frères. Ils se partagent le pays et utilisent la politique du ventre, l’ethnocentrisme politique, le clientélisme, la division afin de garder leurs privilèges. 

Et ceci révèle surtout que l’élite guinéenne dans son entièreté fait de la démocratie guinéenne, une démocratie sans évolution, sans conscience et sans alchimie.

Les premières victimes de cette politique conçue juste pour dominer le jeu, en se jouant des guinéens et les événements, l’intérêt étant son but et l’intrigue son moyen sont les enfants de ce pays. 

En résumé, la Guinée a une crise de représentativité. Les actuels tenants du pouvoir tout comme les leaders politiques n’en sont pas conscients puisque trop préoccupé à fomenter l’idiotie. 

Pire, il ne se passe pour l’heure aucune mutation significative au sein de la société guinéenne, pour espérer qu’elle conduise  à un bouleversement de la norme actuelle. 

Aïssatou Chérif Baldé 

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