Guinée:Procès du 28 septembre, un pari gagné pour la junte militaire guinéenne?

En tout cas pour l’heure la junte militaire au pouvoir en Guinée a gagné son premier pari qui consiste à détourner l’esprit des Guinéens à cause du fameux procès du 28 septembre 2009. 

Car l’esprit des citoyens guinéens est mouillé jusqu’aux os par le procès lié aux massacres du 28 septembre 2009. 

On a pour l’instant oublier la transition et ses travers. 

Les stratégies de manipulation ont porté leurs fruits. 

Non seulement la junte militaire guinéenne vise depuis sa prise du pouvoir à maintenir les Guinéens comme elle leur convient. 

Et elle agit surtout pour bloquer la capacité critique et l’autonomie de la plupart des personnes. 

L’autre stratégie de manipulation que la junte militaire guinéenne utilise actuellement est la distraction. 

Elle cherche depuis un certain temps à diriger l’attention du public vers des sujets pertinents ou banals. 

Mais il a fallu l’ouverture de ce procès le 28 septembre 2022 pour que cela se réalise. 

Et l’attention de tous les guinéens est désormais portée sur le procès du 28 septembre. 

Un sujet bien entendu très pertinent et un procès très attendu puisqu’il est l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire récente de ce pays. 

Compte tenu de la nature du procès qui révèle aussi au grand public les dysfonctionnements de la profession des hommes en robe noire, les citoyens guinéens semblent être sous l’hypnose. 

Partant de là, on peut aisément affirmer que si l’ouverture de ce procès avait pour objectif d’occuper l’esprit du peuple de Guinée, ce pari est donc gagné. 

Et ceci n’est pas du tout surprenant dans la situation actuelle du pays. 

Car l’opposition politique guinéenne étant émiettée, les militants essoufflés par les différentes crises qui ont secoué le pays depuis dix ans, le peuple las de cette situation de crise sans fin est pour l’heure sous l’effet d’une hypnose. On préfère apprécier tout simplement la grâce du moment.

Et c’est aussi logique, car après l’assassinat des 13 civils depuis juillet dernier par le régime militaire guinéen, on a compris que la fièvre de “la justice sera notre boussole” est retombée. C’est le retour à la case de départ. Et c’est la place au désenchantement.

Ces opérations de matraquage contre le RPG-arc-en-ciel juste après sa prise du pouvoir et qui ont fait le bonheur de certains au départ, semble avoir maintenant plus d’effet sur les guinéens. Car elles se sont étendues à petit feu sur l’opposition politique, sur la société civile. Et on constate désormais que ce nouveau ressort ne va pas s’user facilement. 

Même si certains ministres, certains DAFs, certains Directeurs généraux du régime Condé pourtant très voraces ont été jusqu’ici épargnés par la junte guinéenne. 

Nous avons donc à faire à une fausse transition dissimulée sous un pseudo-changement, et la propagande qui va avec.

Mais la situation peut tout de même rester ainsi puisqu’elle a toujours bénéficié du soutien de la fausse communauté internationale. 

Néanmoins, il faut refuser de se taire. Car la récurrence des coups d’État militaires en Afrique pose problème. 

Et cela quelques soient les sympathies ponctuelles qu’on peut avoir pour ce mal nécessaire. 

Quoi qu’on dise c’est une régression et une catastrophe pour la stabilité du continent.

Même si on sait qu’ils  s’expliquent certainement par les coups d’etat constitutionnels, cette façon d’agir des hommes d’état africains qui est presque  souvent motivée par la volonté de se maintenir de façon  indue au pouvoir; même si la tendance nouvelle est de solliciter un habillage référendaire qui constitue un simple paravent pour  se couvrir d’une fausse légitimité que les populations ont du mal à admettre.

Et certainement par le fait que ceux qui ont accédé au pouvoir par les urnes tels que M Alpha Condé ont tendance à  croire que  rien ne pourra plus leur résister ou oublient que leur accession est le résultat  d’urnes truquées ou tronquées qui par fini appellent fatalement à  diverses formes de résistance(soulèvements populaires,insurrections, coup d’etat).

Ceci dit, tant que les présidents africains mal élus continueront  à se comporter comme des suzerains, il ne faudra pas être surpris par les  coups d’État en Afrique.

Et lorsque c’est le cas, Il faut espérer que le peuple aura une conscience citoyenne partagée  comme c’est le cas au Mali, pour pouvoir escompter des résultats plus ou moins positifs de ces coups d’État, ce mal nécessaire. 

Aïssatou Chérif Baldé. 

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