Les nouvelles qui nous parviennent de ces deux pays semblent de plus en plus alarmantes.
Répression sanglante des manifestants au Tchad.
De violents heurts soldés de plusieurs morts ont opposé le jeudi 20 octobre matin les forces de sécurité et des manifestants à N’Djamena et ailleurs dans le pays. Selon les premiers témoignages relayés par les médias de la place, les forces de sécurité acquise à la cause du nouveau despote tchadien ont tiré à balles réelles contre les manifestants, comme en avril 2021 ou à Abéché en janvier 2022, tuant plusieurs dizaines de personnes dont un enfant. Le bilan provisoire de ces violences fait état de plus de 60 personnes assassinées. D’autres parlent d’un bilan provisoire de 100 personnes tuées.
Cette manifestation a été organisée par des partis politiques et la société civile pour dénoncer la prolongation de la durée de la transition à deux ans. Ils exigent un retour à l’ordre constitutionnel après le délai de 18 mois de transition qui s’expire ce 20 octobre.
Ce pays dirigé par Mahamat Idriss Déby, le fils de l’ancien président Idriss Deby tué selon la version officielle des autorités tchadiennes en avril 2021 au combat, soutenu dès lors par la France et la communauté internationale pour transformer ce pays en une république héréditaire suit les traces du régime répressif de son père. Il n’a donc que faire du respect des droits de l’homme et des peuples.
Guinée: des manifestations anti-junte à Conakry.
Dans cet autre pays de l’Afrique de l’ouest se trouvant depuis le coup d’État militaire du 05 septembre 2021 dans une transition politique sans issue favorable, on a assisté hier jeudi 20 octobre à un affrontement entre manifestants et forces de sécurité après un appel à manifester de l’opposition politique et de la société civile guinéenne.
Cette manifestation dont le bilan reste aussi macabre dénonce la gestion de la transition politique par la junte guinéenne.
Selon le procureur général près de la cour d’appel de Conakry le bilan de cette autre journée de violence est le suivant « Il résulte du bilan provisoire de cette manifestation violente : 9 véhicules de la gendarmerie endommagés, 4 blessés dont 3 graves dans les rangs de la gendarmerie, 2 blessés grave dans les rangs de la police et de nombreux véhicules caillassés, 2 civils blessés dont un cas grave, a détaillé Yamoussa Conté. Par ailleurs, il est à noter que plus d’une vingtaine d’interpellations ont été enregistrés par les services de maintien d’ordre ».
Un bilan qui est aussitôt contredit par les organisateurs de la manifestation.
On parle ce vendredi de deux adolescents tués à Hamdallaye et à Koloma, deux quartiers de la commune de Ratoma situés aux abords de l’axe.
Le bilan provisoire serait de quatres personnes tuées par balles et de plusieurs personnes blessées ou interpellées.
Il faut rappeler que ces violences interviennent alors qu’une mission de la Cédéao pilotée par le médiateur Yayi Boni se trouve cette semaine en Guinée. Le 24 septembre, l’organisation ouest-africaine a donné aux autorités un mois pour proposer un nouveau calendrier de retour des civils au pouvoir sous peine de « sanctions plus sévères » que celles déjà imposées.
Pourquoi ces violences graves dans deux pays membres de l’Union africaine?
Or le droit à la liberté de réunion pacifique est consacré par les textes nationaux et internationaux, dont les lignes directrices de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples.
Ces dispositions devraient en temps réel être respectées par ces deux juntes militaires pour permettre à chaque personne de s’exprimer librement et sans craindre pour sa vie.
Et si ces militaires étaient venus au pouvoir pour défendre l’intérêt de leurs peuples, ils devaient prendre des mesures immédiates pour enquêter et traduire en justice les auteurs d’homicides illégaux.
Mais ils ne le feront pas, car ils ont pris le pouvoir pour protéger l’intérêt de leurs clans et celui des puissances tutélaires éternelles dont l’opinion sur ce qu’ils sont comptent plus que la vie du peuple guinéen et tchadien.
Nous sommes les seuls responsables du changement.
Quelle sera donc la réaction de la communauté internationale, notamment le gouvernement français soutien indéfectible des deux régimes face à ces violentes répressions au Tchad et en Guinée?
Rien sinon qu’une indignation sélective ou une justice à géométrie variable. Car la déclaration universelle des droits de l’homme existant depuis plus de 60 ans n’est valable que pour eux les « civilisés » qui évitent la guerre chez eux et se serrent les coudes dans la mise au pas des « barbares“.
Et ces régimes répressifs à la solde des puissances néocolonialistes resteront tant que l’élite africaine, le peuple africain ne veut pas comprendre que nous sommes les seuls véritables responsables de l’alternance politique, du changement, du développement et de la défense de tous nos droits dans nos pays.
Aïssatou Chérif Baldé