La Guinée est vraiment ce pays où tout change pour que rien ne change.

La formule de l’écrivain italien Giuseppe Tomasi di Lampedusa « si nous voulons que tout reste pareil, il faut que tout change », dans son roman Le Guépard (1958), rendue célèbre par le film de Luchino Visconti, transportée sur la Guinée peut être perçue comme la marque de l’alternative entre la Guinée d’avant le 05 septembre 2021 et celle d’aujourd’hui

Mais en réalité tout est mis en place pour que le décor reste le même. Seul changement possible, la peinture du décor. 

Les positions, les opinions, les méthodes, les actions, les acteurs n’ont pas changé.

Aucun dialogue ou consensus n’est possible.

En effet, chacun veut imposer son point de vue et d’autres ne peuvent plus y rester à cause du désaccord.

Chaque partie veut aussi et surtout imposer des décisions uniformes et non unanimes. Or « nous pouvons être d’accords d’être en désaccord, de tout faire différemment sans que cela remette en cause notre volonté de rester ensemble».

Pour l’heure le seul changement visible et impressionnant sur le terrain est le fait que le RPG-arc-en-ciel est parvenu en un temps record de passer du bourreau à la victime, c’est-à-dire du diable à l’ange. 

Et grâce à ses opposants d’hier le parti politique de l’ancien président Alpha Condé est devenu le cerveau de la lutte actuelle contre la junte militaire guinéenne.

Alors vivement la lutte pour la libération des anciens dignitaires comptables de crimes sur le peuple de Guinée, de l’enterrement de l’alternance démocratique en Guinée et du coup d’État militaire du 05 septembre 2021. 

Nous sommes enveloppés par la formule suivante “Il faut que tout change pour que rien ne change” ou “Tout doit changer pour que rien ne change”. 

Car dans ce pays, chaque bourreau est recyclable. Tout comme chaque intellectuel et satrape adepte du pouvoir des pires est présidentiable et ministrable. 

On oublie alors « la part sombre du régime déchu de Alpha Condé». Mamady Doumbouya a été le premier à les blanchir comme de la neige en les recyclant. Les autres aussi ont suivi ses pas. 

Rien n’est anormal dans ce pays, car tout ce qui est interdit est permis. 

Et c’est pourquoi l’on observe depuis hier comment le guinéen amnésique tente de présenter Toumba Diakité dans le procès simulacre du 28 septembre 2009 après son récit sur fond de manipulation de l’opinion publique en héros innocent. 

Finalement on voit bien que le procès du 28 septembre n’est aussi qu’une Illusion du pouvoir, un faux-semblant des principes, un simulacre de procès, un mirage des apparences. 

Simulacre à la mesure de la série de dénis que traverse la société guinéenne depuis des lustres.

Personnellement j’ai un problème avec cette façon désinvolte de pervertir le sens de la lutte pour l’édification d’un État juste, solidaire et égalitaire.

Car on voit bien que la bataille principale ne porte pas sur le changement, mais c’est plutôt une lutte factionnelle pour le contrôle suprême de l’État et de ses ressources. 

On se bat pour que tout reste tel quel et pour disparaître progressivement.

Et par manque de vigilance, de courage, de patience, nous laissons les enfants de l’axe devenir l’escalier de petits tout comme grands politiciens aux ambitions personnelles. 

La preuve est que les opposants actuels ont lancé ensemble un appel à manifester, mais seuls les enfants de l’axe sont sur le terrain. 

L’on a envie de se demander où se trouvent les militants du RPG-arc-en-ciel, de l’UFR, du FNDC? 

Mais qu’importe puisque l’on connaît la réponse. 

On fait apparemment la lutte par procuration et après lors du partage du gâteau, les absents obtiennent et gardent jalousement le gâteau sans partage. 

Et c’est fut selon le récit de Toumba Diakité cerveau du deuxième coup d’état militaire contre un mort, le cas avec son ancien chef Dadis Camara. 

L’on se demande juste quel sera le récit de Commandant Alya Camara ancien proche de Mamady Doumbouya, prétendu cerveau du coup d’État militaire du 05 septembre 2021 et porté disparu depuis bien longtemps. 

Ce jeu de ping-pong politique et sinistre recommencera toujours dans ce pays puisque le gâteau a toujours échappé à ceux qui avaient leurs militants sur le terrain. 

Et au centre de ce jeu sinistre, ce sera encore une fois les enfants de l’axe. 

Alors tellement mon cœur saigne de douleur pour les enfants de l’axe, j’ai envie parfois de leur dire ceci: Je vous invite à refuser d’être manipulée par des politiciens qui ne sont mus que par des  intérêts crypto- personnels. 

Refusez d’être l’escalier, la rampe de lancement de carrière politique de certains vendeurs d’illusions, de petits apprentis politiciens parce que nos vies ne les intéressent pas. Pour ces politiciens, vous n’êtes que des moyens qui leur permettent d’arriver à leurs fins. »

Mais qui suis-je pour le dire ? 

Aïssatou Chérif Baldé

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *