Les pays membres de l’OPEP et la Russie décident de diminuer la production du pétrole.

Quelles conséquences possibles? 

L’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) et la Russie réunis ce jeudi à Vienne en Autriche ont décidé de diminuer la production du pétrole pour soutenir les prix et cela malgré la pression des pays occidentaux pour en pomper davantage. 

Pour rappel, L’OPEP est une organisation intergouvernementale réunissant 13 pays producteurs de pétrole (7 en Afrique dont le Nigeria, le Gabon, l’Angola, la Guinée-Équatoriale, 5 au Moyen-Orient et 1 en Amérique du Sud). Son objectif historique est l’orientation à la hausse des cours du pétrole et la maîtrise de son cycle de production.

Il existe aussi L’Opep+, une alliance formée en 2016 qui comprend les treize pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et dix autres Etats partenaires, parmi lesquels la Russie. 

Si cette décision est une bonne nouvelle pour les producteurs de pétrole, dont la Russie, le Nigeria. C’ est une mauvaise nouvelle pour les consommateurs. 

Réunis ensemble à Vienne pour la première fois depuis mars 2020, les treize membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menés par l’Arabie saoudite, et leurs dix partenaires conduits par la Russie, ont décidé, mercredi 5 octobre de réduire leur production de deux millions de barils par jour, à partir de novembre.

Ce montant est deux fois plus élevé qu’attendu et représente la diminution la plus importante depuis le printemps 2020 et le début de la pandémie.

Et c’est pourquoi d’ailleurs cette décision semble ne pas être du goût des occidentaux en premier lieu les États-Unis qui sont déjà montés au créneau pour critiquer la décision des pays membres de l’OPEP et la Russie. 

Colère des États-Unis et des pays européens. 

Pour les occidentaux, cette décision, qui va faire remonter le prix des carburants, est une aubaine pour la Russie qui pourra selon eux financer sa guerre en Ukraine. 

L’autre raison qui est à l’origine de la colère des occidentaux est sûrement le fait que cette diminution va aussi faire exploser à nouveau l’inflation record qu’elle connaît depuis le début de la guerre en Europe et éventuellement ouvrir la voie à une nouvelle récession économique.

En plus de provoquer une éventuelle gronde sociale dans de nombreux pays européens qui souffrent déjà d’une forte inflation, d’une déroute de leurs monnaies (Euro, livre sterling). 

Cette baisse de la production mondiale de pétrole va aussi à l’encontre de la politique de sanctions que les Occidentaux ont adopté contre la Russie. 

La Russie, en tant que producteur, va pouvoir bénéficier d’une importante rentrée d’argent, alors que l’Union européenne a prévu un embargo sur le pétrole russe à partir du mois de décembre. 

Selon le quotidien économique américain The Wall Street Journal “il s’agit d’une décision susceptible de faire grimper les prix mondiaux déjà élevés de l’énergie et d’aider la Russie, exportatrice de pétrole, à payer sa guerre en Ukraine”. Et il ajoute aussi que selon les experts “cette décision serait une grande victoire pour la Russie, qui a perdu environ 1 million de barils par jour de production de pétrole depuis le début de la guerre en février dernier « . 

Une chose est sûre menaces de sanctions de la part de l’union européenne ou encore du G7 ou pas le Kremlin devrait en effet voir les profits de ses exportations augmenter. 

Et cette mesure de diminution de la production du pétrole, arrange non seulement les États africains tels que le Nigeria mais aussi et surtout les pétromonarchies de l’Opep, mais qui déplaît fortement aux États-Unis et aux Européens. 

Les médias allemands aussi sont en colère. 

L’Allemagne qui souffre actuellement d’une inflation record à cause de la guerre en Ukraine et risque éventuellement de faire face à une nouvelle récession économique est aussi très déçue de la décision de l’OPEP. 

Le Chancelier Olaf Scholz s’était rendu il y a juste deux semaines à Ryad pour demander à la monarchie saoudienne d’augmenter la production du pétrole. En contrepartie, le gouvernement de coalition qu’il pilote avait autorisé la livraison des armes de guerre à la pétromonarchie, malgré les violations graves des droits de l’homme dans ce pays du moyen orient. 

Mais avant la visite du chancelier allemand Olaf Scholz chez le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman, les autres chefs d’États des pays occidentaux tels que Macron, Boris Johnson avant sa démission ou encore Joe Biden s’étaient rendus aussi à Ryad pour convaincre l’État saoudien de peser pendant la rencontre à Vienne afin que les États membres de l’OPEP + augmentent la production du pétrole.  

Maintenant que les pays membres de l’OPEP + ont décidé de diminuer la production du pétrole, certains médias allemands sont montés au créneau pour critiquer la décision des pays membres de l’OPEP et partenaires. 

Pour eux, la décision du cartel OPEP +, de réduire sa production quotidienne de 2 millions de barils prouve que le gouvernement de coalition s’est laissé dupé et humilié par la monarchie saoudienne. 

Et selon eux le gouvernement fédéral allemand doit tirer les conséquences nécessaires d’une mesure qu’ils qualifient d’ores et déjà de provocation vis à vis de l’Occident. 

Les conséquences possibles en Allemagne

Cela signifie que face au risque de pénurie, l’Allemagne sera tenue obligée de prolonger la durée de vie de trois centrales nucléaires, dont la fermeture était prévue d’ici la fin de l’année, conformément à la décision prise par le gouvernement de l’ancienne chancelière Angela Merkel après la catastrophe de Fukushima en 2011.

La crainte d’une pénurie énergétique cet hiver, alimentée par la fin des approvisionnement en gaz russe, a poussé le gouvernement d’Olaf Scholz à accorder un sursis de trois mois à deux d’entre elles : Isar 2 près de Munich, et Neckarwestheim 2 dans le Bade-Wurtemberg. Et il reste à savoir si la durée de celle de Emsland sera aussi prolongée dans un pays où la population est peu favorable au nucléaire. 

Une décision qui met le ministre écologiste de l’Économie, Robert Habeck et sa famille politique dans une situation peu confortable. Même s’il tente toutefois d’insister sur le fait que « l’énergie nucléaire est et reste une technologie à haut risque[, que] les déchets hautement radioactifs pèsent sur des dizaines de générations à venir » et qu’« une prolongation globale de la durée de vie ne serait pas défendable, même au regard de l’état de sécurité des centrales nucléaires ».

Pour Christian Lindner (FDP, Parti libéral-démorate), ministre fédéral allemand des Finances, la crise énergétique force le changement de cap. 

Car tiraillée entre une dépendance de dix ans au gaz russe bon marché d’une part, et un désespoir soudain d’indépendance énergétique face à la guerre en Ukraine d’autre part, et dépourvue de matières premières, l’Allemagne se trouve aujourd’hui dans la position inconfortable de n’avoir ni l’un ni l’autre. 

Il reste à savoir si cette crise énergétique ne va pas pousser à la fin de la coalition gouvernementale. 

Aïssatou Chérif Baldé 

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