La transition politique en Guinée est devenue une chimère, quand on appuie à droite ça souffle à gauche, quand on appuie à gauche ça souffle à droite. Et à l’intérieur c’est du vent.
Et on parle maintenant aussi d’affairisme médiatique car c’est au nom du magazine français « Le Point », que Universal communication vient de recevoir 67 800 euros pour un publireportage sur la Guinée.
Pendant ce temps, la presse guinéenne tous formats confondus n’a perçu que 3 milliards pour toute l’année.
Et selon les courriers ayant fuités et relayés sur les réseaux sociaux, ce sont les caciques du gouvernement de transition guinéen tels que le porte-parole du gouvernement de transition Ousmane Gaoual Diallo, le président du conseil national de la transition Dansa Kourouma tout comme Bakary Sylla directeur général de la caisse nationale de sécurité sociale qui se trouvent au cœur de cet affairisme médiatique.
Toujours selon les courriers relayés sur les réseaux sociaux, l’objectif de ce business corruption est de mettre entre autres en avant les bonnes relations tant sur le plan économique, que diplomatique entre la France et la Guinée.
Peut-on en toute objectivité parler de refondation de l’État, de panafricanisme et revenir faire recours aux méthodes du système mafieux françafrique?
Une chose est certaine, la junte militaire guinéenne à travers cet affairisme médiatique envoie le message selon lequel l’avenir de la Guinée se dessine en France.
Donc le président Mamady Doumbouya se trouve aujourd’hui beaucoup plus préoccupé à convaincre les français sur ses ambitions pour le développement économique de la Guinée pendant cette période de transition politique.
Normalement le président de la transition devrait plutôt s’activer pour convaincre le peuple de Guinée sur sa feuille de route, où il fait face à une colère grandissante d’une grande majorité du peuple contre lui.
Et beaucoup de guinéens n’arrivent plus à cerner les objectifs réels de la junte militaire guinéenne pendant cette période de transition politique. Ils souffrent d’ailleurs depuis la prise du pouvoir d’une incommunicabilité notoire.
Une situation peu surprenante car la Guinée ressemble à un fromage dans lequel des rats civils et militaires se font leur trou.
Cependant, la Guinée regorge de nos jours d’assez de médias, tout genre confondu capable de faire ce travail sans être dans l’obligation de leur verser un pot-de-vin .
Les putschistes tout comme les civils qui sont avec eux prouvent encore ici qu’ils n’ont pas la maîtrise de la notion du pouvoir politique.
Pourtant le pouvoir politique détenu par une personne est le pouvoir d’intervention sur les décisions politiques, les règles qui régissent une société. En effet, c’est la notion de souveraineté nationale, le pouvoir est donc au peuple car en démocratie c’est lui qui décide du représentant de l’autorité.
Donc président Mamady Doumbouya, il revient au peuple de Guinée de croire à votre persuasion, à votre caractère, à vos ambitions et non au peuple français.
Le fait que le peuple de Guinée soit aussi majoritairement analphabète et surtout dans l’impossibilité de pouvoir se procurer de ce magazine français, démontre à quel point votre action est inutile et futile.
Vous faites donc recours aux méthodes affairistes du système mafieux françafrique pour acheter à travers du “journalisme à l’enveloppe brune” qui implique le plus souvent des pots-de-vin comme c’est le cas ici pour influencer les journalistes de ce magazine français apparemment réceptif à ces méthodes éhontées pour qu’ils produisent des reportages positifs sur votre gouvernance. Même s’il s’avère que vous trimballer que des casseroles.
Cette méthode est donc une façon mafieuse d’étouffer le côté négatif de votre mode de gouvernance.
On voit à travers cette action que l’éthique n’est pas une valeur essentielle pour les journalistes de ce magazine français.
Par contre, lorsqu’il s’agit de dénoncer l’affairisme en Afrique ou encore la corruption organisée, ces médias français sont les premiers à le faire.
Or l’exemple de ce magazine français le point ayant obtenu 67 800 euros des mains des autorités guinéennes pour un publireportage prouve que ces médias français ne sont pas différents.
Ils sont d’ailleurs pires puisque agissant pour la plupart en Afrique sur fond d’une idéologie impérialiste avec des reportages et documentaires sur fond de manipulation de l’opinion publique africaine, de stéréotypes et préjugés racistes.
Pourtant un journaliste doit avoir le devoir envers son public d’appliquer une certaine éthique et d’être responsable, non seulement dans ses reportages, mais aussi dans la manière dont il obtient ses sujets.
Car le public lui fait confiance pour lui dire la vérité. En tant que journaliste, on est dans le domaine de l’influence, et si cette confiance est brisée, les médias s’écrouleront.
Quant à Mamady Doumbouya, il devrait en temps réel s’engager dans le cadre de sa refondation de l’État annoncée à lutter contre le syndrome de l’enveloppe brune présent depuis un certain temps déjà en Guinée. Et il ne se gêne d’ailleurs d’y faire appel aussi en Guinée, car beaucoup de médias guinéens roulent pour lui.
Un fait qui résulte des mauvaises performances de l’économie de ce pays. Les journalistes ne sont pas bien payés, et les conditions de travail sont très mauvaises.
Par conséquent, ils sont tentés d’accepter quelque chose qui peut améliorer leur niveau de vie.
Et voilà un chantier énorme qui mérite d’être au cœur de la refondation de l’État guinéen pour un Président d’un gouvernement de transition qui n’arrête pas de prétendre soutenir le Mali sur fond d’une idéologie panafricaniste.
Car tout africain éclairé sait pertinemment que les médias internationaux sont les premiers à affecter la perception de l’écosystème de l’environnement africain des affaires. Ils évoquent plus souvent la ruée des puissances étrangères, néocolonialistes vers le continent, la technologie et son impact que la créativité locale.
Ces médias occultent sciemment des composantes importantes comme le rôle des jeunes et des femmes dans l’entrepreneuriat par exemple.
Pire, les médias internationaux réduisent souvent le continent à des maladies, des guerres, des catastrophes, la pauvreté, l’immigration clandestine, récemment le terrorisme.
En dépit de tout le continent africain abrite pourtant plusieurs des économies affichant les plus importants progrès de ces 20 dernières années.
Mais tout doit tourner autour du storytelling négatif sur l’écosystème des affaires, sur la négation de tout ce qui proviendrait de l’Afrique en général.
Mais comment peut-on changer le discours sur l’Afrique dans le monde, si nous avons à la tête de nos États des chefs d’États comme Mamady Doumbouya qui peinent à se libérer de l’emprise spectrale du maître, qui croient que le destin de l’Afrique se dessine ailleurs?
Et comment ne pas avoir des « Mamady Doumbouya » à la tête de nos États, si L’école et notre système éducatif ne mettent pas l’africain au centre de son histoire en lui réenseignant ses valeurs ?
Alors applaudissons ces africains qui croient depuis plus de 400 ans qu’une fatalité pesait sur eux ; qu’il n’avait pas puissance sur leur propre destin.
Tuons, denigrons, isolons tous ceux qui comme Thomas Sankara, Assimi Goita croient que nous ne sommes pas des victimes, nous sommes désormais les seuls responsables de notre salut. Et qu’on a pour ce faire juste besoin de générer en notre sein des lumières, ces intellectuels qui vont éclairer le peuple.
Aïssatou Chérif Baldé
Vous êtes mme une bonne journaliste pleine de bon sens et d’objectivité courage