Guinée: l’État des kakistocraties ou le pouvoir des pires.

À l’entame la kakistocratie se définit comme une forme de gouvernement dans laquelle les pires personnes sont au pouvoir.

C’est-à-dire que c’est l’oligarchie, les médiocres ou seulement quelques privilégiés de l’État qui ont le droit de prendre les rênes du pays. 

Ces gens ont sans doute des relents autoritaires extrêmes qui impliquent des éléments de totalitarisme. 

Cependant, leur pouvoir reste le reflet de l’incompétence, de la médiocrité, le management des pires. 

Pourquoi alors dans ce contexte, l’instabilité politique que traverse la Guinée, de l’indépendance à nos jours, doit-elle surprendre. 

Du moment où l’État guinéen de 1958 à nos jours est dans les mains des kakistocraties. 

On doit plutôt légitimement poser la question sur comment ils ou elles ont pu gravir les échelons alors qu’il est évident qu’ils ne sont pas à la hauteur et ne l’ont peut être jamais été ? 

L’autre question est de savoir comment ces gens arrivent t-ils à occuper la tête de l’État guinéen, à se faire recycler par le peuple, à infester la société civile, les organisations syndicales, les partis politiques alors que leurs décisions, leurs attitudes, leur gestion mettent ou a mis de par le passé potentiellement le pays en danger ? 

À l’évidence, il faut retenir que qui parle de kakistocratie, parle du pouvoir des pires, des médiocres des incompétents. C’est un pouvoir où la promotion de l’incompétence est la règle. 

Ce sont donc des dirigeants mauvais, népotistes, égoïstes qui ont la chance d’évoluer dans une société qui valorise et récompense les gens en fonction de leur degré d’idiotie et leur manque d’intelligence. 

Ce genre de dirigeant aime s’entourer de piètres serviteurs, inconscients, irresponsables. 

C’est-à-dire de personnes qui souffrent de l’ignorance cruelle  qui n’ont reçue au cours de leur parcours, ni une formation adéquate ni encore moins une expérience professionnelle liée à l’exercice de hautes fonctions. 

Ce sont des gens qui ne sont pas à leur place et ils ignorent tout. Et ils ne sont là, que pour s’enrichir sur le dos du peuple. 

Malheureusement le ciel guinéen n’a confié la gestion de l’État qu’à de tels dirigeants, qui ont choisi la kakistocratie comme mode de gouvernance. 

Un fait qui met en relief le déficit de leadership auquel la Guinée est confrontée depuis six décennies d’indépendances, manquant de responsables politiques intègres, capables de surpasser leur ego, afin de sortir le pays de cette situation de cul de sac sans fin. 

Apparemment c’est leur choix et le peuple les accompagne puisqu’il valorise les pires, les incompétents, les mauvais. Dans ce pays la négativité ne fait plus peur, elle séduit plutôt. 

La Guinée est par essence un État mafieux composé d’entrepreneurs politiques, de kakistocrates qui ne méritent pas de porter un costume de politiciens, ni de dirigeants . 

Car être leader, c’est d’abord être prêt à sacrifier sa vie pour ses idéaux et c’est être prêt à couler à pic, avec ses principes: sa dignité, sa moralité, autour du cou. On ne peut pas devenir leader par procuration.

Mais comme les guinéens préfèrent donner du pouvoir au mauvais, ce pays restera pour longtemps dans les mains des pires. 

Car ce genre de système ayant des méthodes similaires à celles de la mafia, mélangé au néopatrimonialisme, à l’ethnisme politique a la vie dure. 

En effet, les dirigeants de ce genre de Système tels que Mamady Doumbouya évitent de récompenser un bon, car en le promouvant, il estime que c’est juste une reconnaissance de ses talents et ne sera nullement enclin à la loyauté ou à la reconnaissance vis à vis du président. 

Mais par contre lorsque Mamady Doumbouya récompense un mauvais, médiocre, sans qualité individuelle et professionnelle comme c’est le cas d’ailleurs avec beaucoup de ses nominations, il crée une dette, qui lui garantit un ascendant sur le long terme. Ils placent ses poulains au sein de la fonction publique, créant ainsi la dette, les transformant en champion de lèche botte. 

Et de fil à aiguille, la contagion gagne et s’installe dans l’esprit et est devenue une règle, puisque de Sékou Touré à Mamady Doumbouya, nous avons eu que des adeptes du pouvoir des pires, de la promotion de l’incompétence à la tête de la Guinée. 

Les partis politiques, la société civile guinéenne ne font malheureusement pas exception. Et dans les partis politiques le chef ne nomme aussi que ses poulains donc pas de congrès, pas d’élections pour renouveler les postes. Les militants qui dénoncent le despotisme idiot du pouvoir n’en font pas cas. 

On ferme les yeux sur ces dérives antidémocratiques, et même sur la gestion opaque financière des partis politiques. 

Pour une personne comme Mamady Doumbouya qui a obtenu une promotion grâce à la valorisation de l’incompétence par Alpha Condé, promouvoir par l’incompétence est la démonstration qu’on ne peut rien sans le système. 

Il n’a pas besoin de prendre en compte les qualités individuelles des personnes promues. Et il fait ses choix, au profit des relations, des services rendus et surtout des services à rendre.

C’est un système qui tient alors par la dette, par le népotisme, le clientélisme. Le critère n’est pas d’être bon, excellent, patriote mais bien d’être loyal. 

Les kakistocraties nient les qualités individuelles au profit de dispositifs collectifs, de l’intérêt du clan mafieux. 

Ce qui est important est que l’ensemble tienne et se perpétue, même si c’est au détriment de la performance globale et du développement du pays. 

Voilà pourquoi cette autre absurde transition politique sera un échec. 

Nous avons en face un système en proie à la corruption, au blanchiment d’argent, au népotisme. 

Et c’est une énième dictature militaire qui ne sera ni progressiste, ni éclairée. Car elle est par essence caractérisée par la promotion de l’incompétence et non par la modernisation et la redistribution des richesses, des soins de santé idéaux et la sécurité nationale. 

En  somme, dans un pays où le taux de scolarisation est très faible, avec une population très jeune, en manque  de culture politique, citoyenne, pris au piège par l’esclavage mental et l’ethnicité, ce sera toujours très facile pour les kakistocraties, de s’accaparer de tous les leviers de commandes d’un pays pour brimer et escroquer la population. 

Et c’est le cas en Guinée. 

Aissatou Cherif Balde 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *