Présence d’une forte délégation du gouvernement de transition du Mali en Guinée: Mamady Doumbouya cherche t-il à faire taire les soupçons sur une éventuelle proximité avec le système d’asservissement françafrique?

Solidaire d’Assimi Goïta et des autorités de transition maliennes, sous le coup de l’embargo de la Cedeao cette année, la junte guinéenne de Mamadi Doumbouya a gardé ses frontières avec le Mali ouvertes et a voulu en profiter pour réhabiliter le corridor entre les deux pays ou encore booster leur relation. 

Pour l’heure tout porte à croire que les deux hommes sont sur cette lancée. 

Et c’est ce qui ressort d’un conseil des ministres spécial de la République de Guinée auquel une forte délégation malienne composée de cinq ministres a pris part jeudi 05 août à Conakry. 

Arrivée le 3 août à Conakry, la délégation malienne pilotée par son ministre des affaires étrangères M Abdoulaye Diop a porté un message du président de la Transition du Mali, le colonel Assimi Goïta, à son homologue de la Guinée, le colonel Mamady Doumbouya.

Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop s’est exprimé en ces termes : «Nous avons été agréablement surpris par cette initiative du président de la Transition guinéenne de nous convier à cette session spéciale du conseil des ministres de la République de Guinée. Ce geste est le témoignage de l’engagement panafricain du Président Doumbouya comme du Président Goïta. C’est un geste d’union, d’unité et de solidarité. Nous sommes convaincus que les peuples malien et guinéen comprennent exactement la portée de cet événement ».

A la sortie de ce conseil des ministres, les deux pays ont décidé de matérialiser certains projets liés aux infrastructures routières et ferroviaires en vue d’augmenter les volumes commerciaux des deux pays. 

Et le président de la transition guinéenne Mamady Doumbouya aurait demandé aux ministres guinéens et maliens de travailler ensemble sur le plan économique, social et politique pour renforcer le bien-être des citoyens des deux pays. 

Les deux parties ont mis en avant la nécessité de se mettre ensemble pour trouver les voies et moyens en matière d’infrastructures routières et ferroviaires. 

En outre, Abdoulaye Diop, chef de la diplomatie malienne et de la délégation a transmis un message du colonel Assimi Goïta du Mali au colonel Mamady Doumbouya de la Guinée. Il s’est exprimé en ces termes « Nous sommes ici, porteurs d’un message de son Excellence le Président Assimi Goïta qui nous a dépêché auprès de son frère son Excellence le colonel Mamady Doumbouya pour exprimer un message de profonde gratitude, du Président malien, du gouvernement de transition malienne mais aussi de l’ensemble du peuple malien pour la solidarité infaillible dont le Mali a bénéficié suite aux sanctions illégales, illégitimes et inhumaines qui ont été imposées par la CEDEAO à notre pays ». 

Et Abdoulaye Diop d’ajouter : «La Guinée a fait preuve d’une solidarité remarquable à notre endroit. Donc c’est un message d’espoir à l’endroit de nos populations que nous devons continuer à travailler pour renforcer notre coopération et pour renforcer l’intégration entre nos deux pays ».

Le colonel Mamady Doumbouya sous le feu des critiques du public malien et guinéen ces derniers mois, le soupçonnant de vouloir être le prochain laquais du système criminel françafrique cherche t-il à travers ce geste à rassurer les deux peuples qui compte tenu de leur passé historique commun sont intimement liés? 

La participation de la délégation malienne au conseil des ministres en Guinée est inédite et c’est certainement une façon de faire taire les soupçons et les doutes quant à son rapprochement avec le système criminel françafrique. 

À la tête du pays depuis le renversement d’Alpha Condé en septembre dernier, le CNRD, dirigé par le colonel Mamadi Doumbouya, doit éviter de jouer le laquais du pouvoir français ou servir de base arrière aux puissances néocolonialistes pour lesquelles la déclaration universelle des droits de l’homme existant depuis plus de 60 ans n’est valable que pour eux  les « civilisés » qui évitent la guerre chez eux et se serrent les coudes dans la mise au pas des « barbares“ que nous sommes. 

Le gouvernement français qui ne rate aucune occasion pour s’attaquer au gouvernement malien, dont la seule erreur à ses yeux est d’avoir en tant qu’État souverain pensé à élargir sa coopération militaire avec la Russie, n’a jamais rien fait contre les conflits, la défiguration de la démocratie, les  tensions sociales, les violences de tout genre et les pertes de revenus en Afrique. 

Et il n’existe tout simplement pas de préalables qui conduisent les africains à croire au messianisme de la France sur le destin de l’Afrique !

Si les maliens, les guinéens sont des victimes, ils sont désormais les seuls responsables de leur salut. Ils ont juste besoin de générer en leur sein des lumières, ces intellectuels qui vont éclairer le peuple. 

Sur ce chemin périlleux, l’autodétermination des peuples africains est non négociable. Et c’est la voie possible pour le peuple africain d’atteindre la maturité nécessaire, tout en évitant de traîner son aliénation.

Aïssatou Chérif Baldé 

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