Guinée-Sénégal: deux États intimement liés et pourtant différents comme le jour et la nuit.

Macky Sall  Sall subit un revers inédit lors d’une élection nationale sans violence.

Selon les premières tendances issues des urnes dévoilées, dimanche, en début de soirée, dans les médias sénégalais, l’opposition politique réunie autour de Ousmane Sonko parlait de la percée de l’opposition dans plusieurs communes importantes. 

En effet, au-delà des villes de Dakar, Guédiawaye, Keur Massar, Rufisque, et Ziguinchor déjà contrôlées, d’autres grandes circonscriptions comme Saint-Louis, Louga, Mbour et Diourbel avaient été annoncées avoir « définitivement » basculé dans l’escarcelle de l’inter-coalition Yewwi-Wallu. 

Toujours selon les médias de la place, cette tendance semble se renverser : Louga, M’bour et Diourbel ont finalement résisté pour donner du souffle à la mouvance. 

Ainsi, selon les résultats obtenus, c’est le vote urbain qui a penché en faveur de l’opposition. Et le vote rural a sauvé Macky Sall, comme c’était le cas lors des dernières élections Locales. 

Le président sénégalais est sauvé donc d’un débâcle total  par le vote rural. 

Toutefois, il sera difficile pour le parti au pouvoir d’avoir une majorité absolue à l’hémicycle du Sénégal. 

Car tout se jouera sur le partage des 52 sièges issus du scrutin proportionnel. Et là, Yewwi-Wallu, la coalition autour de Ousmane Sonko a un avantage pour avoir gagné dans les plus grandes villes et parfois avec de grands écarts.

L’un des faits marquants de ces élections, c’est la rentrée de Guy Marius Sagna le leader de Frapp-France dégage, militant anti-impérialiste habitué aux séjours en cellule au parlement sénégalais. 

Récemment nommé à sa sortie de prison conseiller technique par le maire de Dakar, Barthélémy Dias, ilvient d’être élu député à l’assemblée nationale sénégalaise.

C’est un leader intrépide, meneur d’homme qui avance, armé de son seul courage, portant sans gémir, ni pleurer, les doléances de millions de ses concitoyens, atterrés dans leur souffre-douleur.

Guy incarne cette voix du peuple opprimé ou qui subit toutes les formes d’injustices. Un condensé de leur mal-vivre et leur mal-être.

L’autre fait marquant des élections législatives au Sénégal et qui doit par exemple servir de leçon à la Guinée voisine est le fait que la société sénégalaise a prouvé à travers ces élections sa maturité politique. 

Les sénégalais ont compris que les élections qui sont en temps réel la pierre angulaire de la démocratie, puisque c’est à travers elles que le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple se manifeste aisément, ne doit pas être source de conflit.

Macky Sall tout comme l’opposition politique sénégalaise prouvent donc que dans une sous-région ouest-africaine peu regardante sur ce que la démocratie veut dire que les élections ne doivent pas être source de conflit et de violence.

Pourquoi en Guinée la classe politique tarde-t-elle à adopter une telle attitude ? 

En Guinée depuis l’avènement du multipartisme en 1990, les élections entraînent souvent des affrontements meurtriers avec un spectacle très triste mettant à mal l’évolution démocratique. 

La tenue des élections est toujours synonyme de conflit, d’affrontement meurtrier.

Donc un fait cauchemardesque pour les populations guinéennes et surtout celles qui militent pour l’opposition politique. 

En Guinée, il est clair que les ambitions personnelles l’emportent sur le souci d’édifier un État stable, démocratique, progressiste, juste dans la continuité et de répondre aux besoins de la population.

Or, dans ce pays fort de plusieurs peuples différents, où l’identité ethnique prime encore sur l’identité nationale, tout incident peut déboucher sur des violences interethniques. 

Mais la classe dirigeante tout comme celle de l’opposition n’y prêtent pas attention. Ils pratiquent en bon entrepreneur politique, la politique du ventre pour instaurer un système de patronage entre eux et leurs militants, qui par manque de culture politique, d’identité nationale commune forte et d’éducation, n’a d’autre choix que de suivre une classe politique inefficace et irresponsable.

Le coup d’État militaire du 05 septembre 2021, ne peut en aucun cas changer cette situation.

Acclamé par le peuple le 05 septembre 2021, Mamady Doumbouya eu égard aux événements de ces derniers jours et entourés aussi par des criminels serials-menteurs qui pillent les biens de l’État tiennent le haut du pavé en Guinée. 

Les violences survenues ces derniers jours à Conakry suite à l’appel à manifester lancé par le mouvement social le FNDC et l’opposition politique guinéenne le jeudi 28 juillet 22 prouvent que le coup d’État militaire du 05 septembre n’est qu’un changement dans la continuité. 

Sans doute, le président au service Mamady Doumbouya ne fait que dévoiler aux guinéens sa vraie face, celle d’un personnage antidémocratique. 

Ces violences de ces derniers jours ne sont pas un haut fait, encore moins une mansuétude louable. Mais l’humiliation de la nation guinéenne. 

C’est juste une énième manière de prouver à la face du monde que désormais il est l’homme fort, propriétaire de tous les dossiers en Guinée, de toutes les vies et libertés. 

C’est-à-dire sous le ciel guinéen, tout part de lui et mène à lui. 

C’est le centre de l’État, le cœur de la nation. Chacun lui doit son souffle. 

C’est à croire que les guinéens ont à faire à des aliénés dépossédés de toute capacité de réfléchir, d’affronter leur âme et conscience et d’agir en hommes libres. 

Sinon pourquoi doit-on être obligé de faire recours à des méthodes de répressions excessives, à de l’ethnisme politique, au divisionnisme, à la démagogie pour garder le pouvoir? 

Comme de coutume, le pouvoir de Conakry est dans son art habituel, l’art d’apporter de problèmes à des solutions. 

Et c’est pourquoi ce pouvoir est juste aussi devenu le reflet de l’idiotie. Il ne peut par conséquent que briller par l’excès, l’iniquité, la cruauté, l’oppression, la servilité. 

Le libérateur du 05 septembre 2021 est sur le point de devenir un oppresseur galvanisé par ses sbires sans foi ni loi. 

En face de lui, un peuple pris au piège par l’esclavage mental, l’épidémie de la violence, la fièvre de la division, la culture de l’assistanat, le dirigisme, l’élitisme, l’auto-infantilisation. 

Un tel peuple va continuer de considérer son destin comme une maigrichonne fatalité, pour continuer à être transformé comme une carcasse obsolète

Car seul un peuple capable d’inventer l’oracle politique pour  savoir que si les hommes et femmes politiques qui veulent prendre les destinées du pays sont vertueux et valeureux, avec des attitudes démocratiques, et capables de faire taire les sirènes de la haine et de la division, capables de construire un État respectueux des droits de l’homme, un État progressiste basé sur les principes fondamentaux de la démocratie peut mettre fin à ce système mafieux ethniciste opposé au changement systémique du pays. 

Aissatou Cherif Balde 

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