M le ministre Guillaume Hawing, les murs et les programmes scolaires ne font pas l’éducation.

C’est le contenu de ces programmes qui la fait.

À l’entame ci-dessous les sujets du Baccalauréat unique en Guinée session 2022, Profil SS, Épreuve Économie:

Quelles sont les contributions des institutions financières internationales pour le développement des pays en développement ? 

Comment expliquer les effets bénéfiques de la création  CNUCED en faveur des pays sous-développés ? 

Mes impressions et constats

L’aide publique au développement est fatale pour les pays africains. 

Qui parle de sous-développement parle de la fausse aide internationale. 

Ceux qui sont aujourd’hui qualifiés de sous-développés sont ceux qui ont les matières premières, donc moteurs du développement des pays industrialisés. 

Et qui en temps réel devraient être ceux qui dictent les règles du fonctionnement des institutions financières mondiales et de son marché économique. 

Il faut rappeler que l’aide internationale fait d’abord vivre des dizaines de milliers de fonctionnaires étrangers et nationaux et une myriade de consultants. 

Donc c’est une institution mafieuse qui ne profite en grande partie qu’aux donateurs. 

L’efficacité de l’aide publique au développement a fait l’objet de nombreux ouvrages et études sans que jamais la question de la fin de l’aide ne soit posée. 

Et étudiante à la faculté des sciences politiques de l’université de Hambourg, j’avais du plaisir à discuter avec mes professeurs le docteur professeur Cord Jacobeit ou encore le docteur professeur Rainer Tetzlaff sur l’inutilité de l’aide internationale que je dénonçais et qualifiait d’aide à la dépendance et à l’infantilisation de l’africain. 

L’ouvrage qui m’a de plus marqué et renforcé au fil du temps ma position sur les questions d’aide au développement est celui intitulé “la grande désillusion” de 

Joseph E. Stiglitz qui est l’un des économistes les plus influents et les plus écoutés au monde. 

Il est l’un des rares à nous mettre en garde, depuis plusieurs années, contre le fanatisme du marché et la financiarisation de l’économie. 

Prix Nobel en 2001, il est notamment l’auteur de La Grande Désillusion (Fayard, 2002). 

Il acquiert sa notoriété populaire à la suite de ses violentes critiques envers le FMI et la Banque mondiale, émises peu après son départ de la Banque mondiale en 2000, alors qu’il y est économiste en chef de la Banque mondiale. 

Son ouvrage “la grande désillusion” étant inscrit au programme dans ma faculté des sciences politiques à l’université de Hambourg, je devrais le lire. Et heureusement d’ailleurs. 

Car il a en bon économiste pointé du doigt l’inefficacité de l’aide internationale vis-à-vis des pays dits sous-développés et les mécanismes de dépendances mis en place pour empêcher l’émancipation financière et économique des pays africains par exemple. 

Son message était clair : l’Afrique peut soutenir son propre développement sans être assistée. Pour cela, il faudra changer les mentalités et ce ne sera pas une mince affaire. 

Une position que j’ai d’ailleurs toujours eu, car les cours que j’ai eu en  Guinée au lycée dans les années 1994 sur le sous-développement, les coopérations nord-sud m’ont permis de comprendre très tôt que l’aide au développement était fatale pour le développement du continent africain. 

Avec le temps j’ai compris que l’aide publique au développement est d’abord un business qui fait vivre des dizaines de milliers de fonctionnaires internationaux et nationaux mais aussi une myriade de consultants. Ils ont tous en commun un objectif : ne pas scier la branche sur laquelle ils sont assis et sur laquelle ils vivent grassement. 

Et c’est pourquoi j’ai refusé de travailler pour toutes ces institutions internationales qui poussent les jeunes africains à rester dans la culture de l’assistanat, de l’élitisme, du dirigisme avec une irresponsabilité généralisée. 

Parmi ces institutions qui encouragent cette irresponsabilité généralisée en  Afrique on peut citer L’Union Européenne qui finance tout et n’importe quoi en Afrique avec pour seul objectif le maintien de leurs pantins au  pouvoir. 

Plus les autorités faillissent, plus l’argent coule à flot. 

L’efficacité ? Peu importe. Le seul critère qui compte c’est le taux de décaissement.

Pour le reste, l’Union européenne ne s’occupe pas, car il faut entretenir, nourrir les gros enfants africains pour empêcher leur indépendance économique et financière. 

Car le continent africain doit continuer de jouer son rôle de fournisseur de matières premières pour assurer le développement des puissances néocolonialistes. 

L’esprit d’assistanat est tellement ancré dans la cervelle de certains responsables des gouvernements africains. Il y a même des ministres qui réclament leur per diem pour inaugurer tel ou tel équipement financé par l’aide internationale. 

Alors M le ministre de l’éducation nationale guinéenne Guillaume Hawing, comment peut-on  soumettre ce genre de sujets mal formulés, dépourvus de sens aux élèves guinéens qui encouragent l’esprit d’assistanat? 

N’auriez vous pas pu poser des questions suivantes:

L’Afrique ne mérite-t-elle pas un objectif plus ambitieux, à savoir la fin de l’aide? 

Pourquoi l’effet le plus pervers de l’aide publique au développement concerne la classe politique des pays bénéficiaires ? 

Pourquoi les institutions financières d’aides au développement promptes à intervenir en  Afrique sur fond de l’alibi démocratique, les droits de l’homme volent toujours au secours des faux présidents anti-peuples, ces despotes cyniques qui ne  s’efforcent pas d’établir des politiques publiques fiables et assainir les finances publiques? 

Voilà tant de questions qui méritent d’être posées à nos élèves. 

M le ministre, en mon temps on enseignait à la jeunesse à être fière du continent auquel elle appartient. On la poussait à aspirer à un discours de responsabilité. Et pour qu’elle apprenne à ne pas douter de sa valeur et c’était la meilleure solution. 

Car en  Allemagne c’est exactement de la même façon qu’on apprend à l’enfant allemand à être très tôt indépendant, fier de son pays et comprendre surtout que seulement en travaillant de façon disciplinée qu’il peut faire de son pays le meilleur, le plus fort et prospère.

Je  sais que c’est pas facile pour vous, car le programme scolaire fut changé par Lansana Kouyaté, source entre autres du désordre du programme scolaire actuel. 

Mais pour autant, nous devons commencer par apprendre à nos enfants de « Commencer par faire avec ce que nous avons plutôt que de commencer par tendre la main.»

Or vos sujets et enseignements formatent les jeunes guinéens à la culture de l’assistanat, du dirigisme, à la dépendance anachronique, au complexe d’infériorité. 

Et comme le disait l’ancien président malien Amadou Toumani Touré « la main qui reçoit est toujours en dessous de celle qui donne. La principale ressource en Afrique n’est pas dans le sous-sol, elle est sur son sol, ce sont ses hommes et ses femmes qui méritent bien mieux que le discours ambiant sur le « toujours plus d’aide » et qui méritent surtout bien plus de considération et d’attention de la part de leurs propres dirigeants». 

Ne faites pas de nos enfants des aliénés mentaux qui croient que les anciens colonisateurs sont et seront des puissances tutélaires éternelles dont l’opinion sur ce que nous sommes, ce que nous faisons et où nous allons est vitale. 

Nos enfants ne sont pas des victimes, ils sont désormais les seuls responsables de leur salut.

L’école guinéenne doit générer des lumières, ces intellectuels capables de guider, d’éclairer la société

Mais elle génère depuis le passage de Lansana Kouyaté à la Primature guinéenne, une société aliénée, sans pensée propre, sans identité, sans éducation. 

Les murs et les programmes scolaires ne font pas l’éducation. C’est le contenu de ces programmes qui la fait. 

L’intellectuel doit créer ce contenu, former le peuple, le libérer de l’aliénation pour rompre avec la culture de l’assistanat. 

Aïssatou Chérif Baldé. 

Un commentaire

  1. Merci beaucoup pour ces conseils. Il est temps qu’on apprenne à nos enfants l’indépendance et la créativité, garanties d’épanouissement certain. Il est temps de s’assumer et de choisir sa propre direction. Ainsi sortirait-on de la léthargie pour se faire respecter.

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