Après le point de presse très factuel de la CRIEF hier 15 juillet à Conakry portant sur les dossiers des détournements présumés, qui impliquent les anciens dignitaires du régime déchu en Guinée, l’on se demande comment peut-on encore soutenir ces criminels financiers.
Dans cette affaire de détournement de deniers publics, blanchiment de capitaux, corruption et complicité présumés des anciens dignitaires du gouvernement de M Alpha Condé, la CRIEF a voulu éclairer la lanterne du public guinéen.
Selon le procureur général Ali Touré, « l’ancien Premier ministre Kassory Fofana aurait lui seul effectué un détournement de plus de 46 millions dollars et plus de 81 milliards de francs guinéens ».
Toujours selon le procureur «Ce sont des montants qui ont été sortis des caisses de l’État, entièrement décaissés sur ordonnance de M. Ibrahima Kassory Fofana. A date, nous n’avons aucune justification de l’utilisation de ce montant par rapport à sa gestion au niveau de la Primature » . 7
Face à ce point de presse factuel, on a point besoin de démontrer le bien fondé de ces poursuites.
D’où l’incompréhension face à ceux qui depuis hier montent au créneau pour défendre des criminels financiers, des voyous, serials-menteurs qui pillent ce pays depuis six décennies.
En temps réel, chaque guinéen devrait plutôt se réjouir et supporter ces poursuites judiciaires et quelques soient les griefs que l’on peut avoir à l’encontre du CNRD par rapport à ses dérives liés à sa gestion de la transition politique en cours.
Les responsables des crimes financiers et des tueries en Guinée ne méritent ni soutien ni compassion.
Car si ces accusations de détournement présumés se confirment , même l’enfer ne suffira pas pour sanctionner les coupables de ces forfaitures.
Et c’est surtout effarant de savoir que dans ce pays ce sont les victimes de ces criminels financiers, c’est-à-dire des pauvres hommes et femmes dont la survie est consubstantiel à la pauvreté anachronique, à l’indignité par le fait que la classe dirigeante a érigé la corruption, la violence, la pauvreté en norme qui montent au créneau pour défendre ces serials-menteurs.
À travers ces révélations de la CRIEF, on voit aussi que l’école guinéenne ne forme que des criminels financiers, violents, cyniques.
Et cela révèle à quel point les guinéens sont complaisants et flatteurs vis-à-vis d’une élite politique pour laquelle le développement économique du pays n’a jamais été à l’ordre du jour.
Ceci démontre l’urgence d’un débat franc sur la protection des biens et fonds publics par le pouvoir judiciaire, gardien des libertés fondamentales et des institutions publiques, la seule garantie contre la corruption du gouvernement.
Et c’est pourquoi d’ailleurs, il est inadmissible que l’actuel premier ministre Mohamed Beavogui et tout comme les membres de son gouvernement refusent de déclarer leurs biens.
Pour l’heure personne n’est au courant à combien s’élève le montant alloué à la gestion de la Primature et de la Présidence guinéenne et comment ces sommes sont décaissées et gérées.
Une chose est certaine en Guinée, c’est toujours les honnêtes personnes qui peinent à manger trois fois par jour, qui sont pauvres, tuées ou forcées à l’exil.
Le peuple veut continuer de se rassembler qu’autour d’une classe politique qui refuse de faire abstraction de ses intérêts personnels, qui refuse de l’honorer, de lui donner sa dignité et son aisance.
Dans ce pays, on déteste les hommes politiques de conviction prêts à couler à pic, avec leurs principes, dignité, moralité autour du cou pour la patrie.
On admet aisément que plus le politicien met avant ses attitudes antidémocratiques, mafieuses, claniques et ethnicistes en bon serials-menteurs, plus il est adulé.
Alors pourquoi s’indigner, lorsque l’obtention d’un passeport devient une opération plus complexe que le nettoyage de l’anus d’une hyène?
Aïssatou Chérif Baldé