Guinée: huit mois de transition, et quel bilan possible pour la période post-transition ?

Huit mois, de transition, des bras-de-fer diplomatiques, surdité politique, dialogue social non inclusif, des déclarations tonitruantes, sanctions peu importantes, des arrestations d’anciens dignitaires, récupération des biens de l’État, lutte contre la corruption organisée au sein la fonction publique, mise à la retraite des fonctionnaires, la question de la durée de la transition, décret de nomination sans fin: en 8 mois, l’actualité aura été particulièrement dense en Guinée. 

Suffisamment pour faire passer au second plan la feuille de route politique du gouvernement du premier ministre Mohamed Beavogui et aussi la problématique de la déclaration de patrimoine des membres de son gouvernement. 

Pour l’heure personne ne connaît réellement sur quel plan est fondé les axes et actions du gouvernement de transition. 

Et 8 mois après le coup d’État militaire, suivi de la formation d’un gouvernement de transition, de la mise en place du conseil national de la transition (CNT) le premier ministre tarde à décliner sa politique gouvernementale. 

Or nous voulons à la fin de cette énième transition politique, un bilan solide qui permettra à ce pays de mettre fin à ce cycle d’instabilité politique et de déséquilibre économique, de violence,  d’impunité et d’injustice. 

Nous savons que les efforts à faire et les sacrifices à consentir  pour une période de transition peuvent paraître abyssaux, mais comme vous tenez à imposer aux Guinéens une transition aux allures de mandat; c’est avec une ferme détermination à la mesure de ce périmètre que l’on peut déjà circonscrire par la déclinaison des divers supports  qui en constituent l’ossature. 

Pour ce faire, il faudra par exemple commencer pendant votre transition aux allures de mandat par:

1- Relever les défis et préoccupations majeurs qui n’ont pas encore trouvé de réponses satisfaisantes aux yeux de nos compatriotes. Il s’agit ici entre autres du domaine de la santé, l’éducation, l’énergie, l’eau, l’environnement… 

2-  Ouvrir la perspective d’un avenir plus prometteur à notre jeunesse, à la femme, à l’entreprise, au paysan, à l’ouvrier, à l’artisan, aux personnes âgées et à notre gouvernance politique et juridique. 

3 – Redonner espoir à notre jeunesse qui sera plus forte pour multiplier ses succès sur l’échiquier des grandes nations et porter plus haut la voix de la Guinée. 

4  -Accroître les capacités de création de richesses afin de lutter efficacement contre la pauvreté et les exclusions ; le pari d’améliorer la qualité de vie des populations et d’assurer la protection de notre modèle social contre les multiples agressions culturelles.

Vous ne pouvez certes pas relever pendant une période de transition politique tous ces défis, mais vous pouvez choisir parmi eux, quelques axes sur lesquels devront se baser votre politique gouvernementale. 

En tout état de cause, votre souci majeur dans la situation actuelle doit être beaucoup plus axé sur le bilan que vous allez laisser aux Guinéens à la fin de votre transition politique aux allures de mandat. 

Car ce pays ne doit plus se présenter sous une physionomie inquiétante. 

Si Alpha Condé et ces prédécesseurs ont raté l’occasion, manqué la volonté et l’engagement de laisser aux guinéens par exemple un bilan :

  • qui se voulait orienté vers un modèle de développement élargi à tous les guinéens, vers la construction d’une société démocratique et d’une économie, à la fois productive et inclusive, où chaque guinéen disposera d’un accès à la richesse et à son bien-être. 
  • avec lequel la Guinée de demain devrait  construire  «une économie moderne, prospère, résiliente et solidaire», sur la base d’une stratégie de développement comprenant des objectifs à moyen et long termes qui seront soumis au débat parlementaire et avec la société civile.
  • Et un bilan avec un engagement politique qui est surtout en faveur du développement humain durable, avec une stratégie comprenant une série d’indicateurs permettant de mesurer les performances réalisées et de rendre compte des avancées du processus du développement humain.
  • Un bilan avec  une gouvernance vertueuse permettant une prise en charge efficace de la lutte contre la précarité, l’impunité, les vulnérabilités et les injustices sociales. 
  • Un bilan avec un impérieux devoir de citoyen  acté sur  les principes directeurs susceptibles de permettre à la Guinée  de rester debout pour préserver  dans l’épanouissement le présent  de ses populations d’aujourd’hui et le futur  des générations à venir.
  • Enfin, un bilan d’une Guinée de demain axé sur la prospérité et la solidarité, suivi d’une transformation sociale, économique et structurelle qui s’articule autour de l’unité nationale, la démocratie et la bonne gouvernance pour une économie durable et dynamique. 

Ces échecs de vos prédécesseurs doivent vous servir alors de leçon et vous motivez pour que ce pays puisse impérativement retrouver le chemin d’un tel bilan pour empêcher la répétition des erreurs du passé. 

Alors il est temps de dévoiler les axes de votre politique gouvernementale, pour qu’on puisse cerner au mieux vos actions et mesurer la portée de votre bilan post-transition. 

Aissatou Chérif Balde

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *